Celle qui a battu plusieurs records de vitesse, la vedette du raid Paris-Saïgon, la voltigeuse surdouée, l'aviatrice à la carrière éclair, la femme admirée de tous, morte en 1934 après un crash à l'atterrissage, serait centenaire aujourd'hui. Comme une étoile filante, elle a brillé peu de temps mais l'éclat dure toujours...

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    Hélène Boucher devant son Caudron Rafale. (Auteur anonyme)

    Hélène Boucher devant son Caudron Rafale. (Auteur anonyme)

    Vite. C'est le mot qui résume le mieux le destin fulgurant de Hélène Boucher, née le 23 mai 1908 à Paris. Son père Léon Boucher, est architectearchitecte. On l'appelle Léno, sans doute parce que c'est l'anagramme du prénom de son père et de son frère (Noël). La famille est riche mais Hélène se sent désœuvrée. Elle cherche sa voie longtemps, et n'apprécie guère la couture, à laquelle on la prédestinait. Elle est douée pour la musique et le dessin mais ces activités ne la tentent pas beaucoup. En revanche, cette gracieuse jeune fille aime la mécanique et passe son permis de conduire à 16 ans.

    Elle croise son destin à 22 ans. En juillet 1930, le 4 précisent tous ses biographes, elle est à Orly (petit aérodrome campagnard à l'époque) et grimpe dans un De Havilland Gipsy Moth, un biplan à deux places, idéal pour un baptême de l'air (sa version la plus célèbre, le Tiger Moth, vole encore sur de nombreux terrains dans le monde entier). Hélène Boucher ne quittera plus l'aviation et la jeune fille s'y lance immédiatement, à corps perdu et à toute vapeur.

    Elle veut passer son brevet. Mais le coût est trop élevé. Elle revient tout de même souvent à Orly et parvient à voler plusieurs fois, notamment avec Le Focalvez, le pilote de son baptême de l'air. Parce qu'elle a de la chance, mais surtout parce que les pilotes qui la croisent l'apprécient, elle et son désir de voler, elle se voit proposer une bourse spécialement destinée aux femmes par un aéroclub de Mont-de-Marsan. En un an, elle obtient son brevet, sur un Gipsy Moth, le 20 mars 1931. Bien sûr cela ne lui suffit pas et elle s'engage dans une formation pour devenir pilote professionnel. Bien sûr, elle va vite... Léno obtient son « brevet de transport public » en juin 1932. Entre-temps, elle s'est offert un tour de France aérien.

    Hélène Boucher en 1933. Auteur anonyme

    Hélène Boucher en 1933. Auteur anonyme

    Records pulvérisés

    Elle enchaîne ensuite les compétitions et les raids, à un rythme étourdissant. Dans la seule année 1933, Hélène Boucher participe au raid Paris-Saïgon (qui se termine pour elle à Bagdad, sur avarie mécanique), finit treizième aux 12 heures d'Angers (parcourant 1.645,864, sur un Zodiac-Maubussin de 60 chevaux) et bat, le 2 août, le record d'altitude féminin sur avion léger. Mais elle n'est nullement rassasiée et commence à apprendre la voltige (l'acrobatie aérienne, comme on disait alors). Elle apprend... vite. Son instructeur, il est vrai, est un maître, c'est Michel Détroyat, un des champions de l'époque. En quelques semaines, Léno atteint un niveau suffisant pour s'engager dans une rencontre internationale à Villacoublay (près de Paris), le 8 octobre 1933. Les évolutions de Hélène Boucher et de la virtuose allemande Vera von Bissing subjuguent la foule, qui porteporte l'aviatrice française en triomphe.

    C'est le début de la célébrité pour Léno, qui a conquis le public. Hélène Boucher vient rejoindre les Amélia Earhart, Maryse Bastié, Maryse Hilsz ou Adrienne Bolland. Embauchée chez Caudron-Renault, l'aviatrice se spécialise dans les records de vitesse, qu'elle pulvérise méthodiquement : 412 km/h sur un circuit de 100 kilomètres, 409 km/h sur mille kilomètres, sans oublier le record féminin, avec 442 km/h (jusque-là détenu par Amélia Earhart).

    Mais tout s'arrête le 30 novembre 1934. Lors d'un vol d'essai sur le puissant et nerveux Caudron Rafale C450, de 320 chevaux, elle se trouve trop long (l'avion est trop rapide ou trop haut) lors de l'atterrissage sur la piste de Guyancourt (dans les Yvelines) et remet les gaz. Elle se présente à nouveau. Cette fois, elle est  trop court. Elle augmente brutalement la puissance... et l'appareil passe sur le dosdos, tout près du sol. L'avion s'écrase. Les pilotes présents s'élancent au secours de Léno, gravement touchée et inanimée. Elle décède dans l'ambulance qui l'emporte vers l'hôpital de Versailles.

    Ses funérailles sont nationales. Hélène Boucher vient d'entrer dans la postérité...