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    Les acteurs de la pollinisation sont variés. Si les insectesinsectes, notamment les abeilles, sont les plus grands acteurs de ce processus, il existe d'autres formes de pollinisation, par le ventvent ou l'eau, par exemple. Découvrons les protagonistes.

    Quels sont les différents acteurs et processus de la pollinisation ? Ici, une espèce de colibris vivant en Équateur. © Ondrej Prosicky, Shutterstock
    Quels sont les différents acteurs et processus de la pollinisation ? Ici, une espèce de colibris vivant en Équateur. © Ondrej Prosicky, Shutterstock

    Les différents protagonistes de la pollinisation et les processus associés sont les suivants :

    • les animaux (la zoogamie) : les plus nombreux sont représentés par les insectes (entomogamie), viennent ensuite les oiseaux (ornithophilie), puis les chauves-souris (cheiroptérophilie) et, en plus faible proportion, les autres mammifèresmammifères (rongeursrongeurs à courte mémoire et herbivoresherbivores par dissémination) ;
    • le vent (anémogamie ou anémophilieanémophilie) ;
    • l'eau (hydrochorie) ;
    • l'autofécondation (autogamie et allogamie).
     L'anémogamie permet la pollinisation par le vent. Ici des aigrettes de pissenlit sont dispersées dans les airs. © Jmdesfilhes, CC by-sa 2.5
    L'anémogamie permet la pollinisation par le vent. Ici des aigrettes de pissenlit sont dispersées dans les airs. © Jmdesfilhes, CC by-sa 2.5

    La pollinisation par les insectes, ou entomogamie

    La survie ou l'évolution de plus de 80 % des espècesespèces végétales dans le monde et la production de 84 % des espèces cultivées en Europe dépendent directement de la pollinisation par les insectes. Ces pollinisateurs sont pour l'essentiel des abeilles sociales ou solitaires, dont il existe plus de 1.000 espèces en France. Les espèces représentatives sont : les osmies, les andrènes, les halictes, les collètes, les mégachiles, les anthophores, les xylocopes et les bourdons.

    Partout sur la planète, et davantage encore dans les pays industrialisés comme le nôtre, les populations de ces abeilles sont en déclin, et de nombreuses espèces sont menacées. En effet, la disparition de leurs sites de nidification pour cause d'urbanisation et de cultures intensives a un impact conséquent : arrachage des haieshaies, remembrementremembrement, diminution des plantes qui leur procurent le pollenpollen et le nectar (monoculturesmonocultures, épandagesépandages abusifs de pesticidespesticides...) sont autant de facteurs, parmi bien d'autres, qui contribuent à réduire dangereusement les pollinisateurs.

    Les abeilles et la pollinisation croisée

    Les premiers végétaux terrestres (fougèresfougères et plantes alliées telles que les prêles ou les calamites arborescents) sont apparus il y a environ 420 millions d'années. Une longue évolution a permis l'émergenceémergence des plantes à fleurs qui constituent aujourd'hui le groupe de végétaux qui entretient avec les insectes des relations riches et diversifiées. La pollinisation n'est efficace que lorsqu'elle est croisée, c'est-à-dire lorsque l'insecte vole de fleur en fleur pour permettre le brassage génétiquebrassage génétique. Cette évolution bénéfique à l'hyménoptère et à la plante est appelée « mutualismemutualisme ». C'est grâce à ce dernier, à cette entente entre abeille et fleur, que la diversité que nous connaissons a pu se développer.

    Le tableau que l'on a pu dresser de cette entente entre fleurs et insectes nous a, de tous temps, paru idyllique, alors qu'en réalité il est trompeur. Ce couple, que l'on croyait uni pour le meilleur, s'avère être en compétition pour le pollen. Selon une étude menée par le laboratoire d'entomologieentomologie appliquée de l'École polytechnique fédérale de Zurich (article paru dans l'excellente revue helvète La Salamandre), le phénomène évolutif qui a vu apparaître l'abeille a failli entraîner un déséquilibre qui aurait pu être fatal pour les plantes à fleurs, si celles-ci ne s'étaient pas adaptées pour lutter contre le pillage dont elles étaient victimes.

    Voir aussi

    L'abeille, sentinelle écologique

    Sur cette image, l’abeille <em>Apis mellifera ssp.</em> a chargé ses corbeilles de pollen. S’agissant d’une abeille sociale, celle-ci se gorge également de nectar avant de regagner le rucher. Habituellement, les abeilles sociales sont spécialisées. © Patrick Straub
    Sur cette image, l’abeille Apis mellifera ssp. a chargé ses corbeilles de pollen. S’agissant d’une abeille sociale, celle-ci se gorge également de nectar avant de regagner le rucher. Habituellement, les abeilles sociales sont spécialisées. © Patrick Straub

    Le déclin des insectes pollinisateurs

    Les abeilles qui rapportent le nectar ne font pas le pollen et inversement. Contrairement à ce que l'on croit, ce n'est pas le pollen transporté dans les corbeilles qui pollinise les autres fleurs, c'est celui qui est recueilli par les poils de l'insecte. En effet, le pollen destiné au couvaincouvain est humidifié à l'aide de nectar ou de salivesalive pour pouvoir se modeler autour des pattes. Il ne peut donc se déposer sur les pistilspistils des autres fleurs.

    En effet, les abeilles se sont tellement spécialisées dans la récolte du pollen, qu'elles mettent littéralement à sac les ressources des fleurs qu'elles butinent. Elles prélèvent tout ce qu'elles peuvent pour nourrir le couvain, au détriment des plantes. Pour survivre, ces dernières ont donc été contraintes d'adopter des stratégies de défense. Cette « course aux armements » s'est étalée sur des millions d'années. L'équilibre qui en a résulté reste néanmoins fragile, car les plantes doivent continuer à attirer les insectes pour assurer leur survie, tout en empêchant la razzia complète, qui aurait pour conséquence leur tragique disparition. Or, un danger menace cette subtile harmonie. J'ai cité l'Homme, qui est en train de contribuer au déclin des insectes pollinisateurs.