La saison des ouragans 2004, saison qui s'étend annuellement du 1er Juin au 30 Novembre, avait déjà vu quatre ouragans toucher la Floride en six semaines et était apparue aux yeux de bien des experts comme particulièrement spectaculaire. Pourtant, la saison 2005, qui doit durer encore six semaines, a déjà égalé le record de 1933 avec 21 tempêtes tropicales et le record de 1969 avec 12 ouragans. Parmi ces derniers, Katrina, Rita et maintenant Wilma sont les trois plus forts jamais mesurés dans l'Atlantique. Si cette étrange série de cyclones relance les discussions sur le réchauffement climatique, elle montre également l'importance du travail des « chasseurs de cyclones », qui n'hésitent pas à traverser des ouragans de force 5 à bord de cargos bourrés de capteurs météorologiques.

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      L'ouragan Wilma progressant dans le golfe du Mexique

      L'ouragan Wilma progressant dans le golfe du Mexique

      « Quand cela va-t-il finir ? ». Dans le golfe du Mexique, la question est sur toutes les lèvres. La pressionpression de 882 millibars mesurée hier au sein du cyclone Wilma par les avions de l'US AirAir Force l'a immédiatement classé comme l'ouragan le plus puissant jamais mesuré dans l'Atlantique depuis Gilbert en 1988, dont la pression au centre était descendue à 888 millibars. En effet, plus la pression atmosphérique est basse dans l'œilœil d'un cyclone, plus le phénomène d'aspiration des masses d'air est intense, et plus les vents gagnent en puissance.

      Si les experts tiennent à signaler que des tempêtestempêtes d'une force comparable pourraient très bien avoir soufflé dans les années 40 et 50, étant donné qu'à l'époque on ne disposait pas de satellites et d'avions de reconnaissance pour réaliser de telles mesures, cette nouvelle pression record souligne l'importance des chasseurs de cyclones dans l'observation et le suivi de ces phénomènes météorologiques.

      Le WC-130, chasseur de cyclones

      Sur le bassin Atlantique, les reconnaissances aériennes dans les cyclones sont organisées par deux agences gouvernementales : la 53ième escadrille de reconnaissance météorologique de l'US Air Force et la NOAANOAA's Aircraft Operations Center. La US Navy, quant à elle, a interrompu ses vols en 1975.

      La 53ième escadrille de reconnaissance météorologique de l'US Air Force est basée à Keesler, dans le Mississipi, et possède une flotte de 10 WC-130. Son rayon d'action comprend le golfe du Mexique, les Caraïbes, ainsi que l'est et le centre de l'Océan pacifique.

      L'appareil WC-130 Hercules est un appareil de grande envergure et de moyenne portée <br />utilisé par l'US Air Force pour la reconnaissance météorologique<br />(Crédit : US Air Force)

      L'appareil WC-130 Hercules est un appareil de grande envergure et de moyenne portée
      utilisé par l'US Air Force pour la reconnaissance météorologique
      (Crédit : US Air Force)

      Une mission moyenne de reconnaissance météorologique peut durer plus de 10 heures, les distances à parcourir peuvent atteindre 6000 kilomètres, et les conditions de vol se révéler très difficiles (en particulier dans le cas de la mesure de la pression dans l'œil d'un cyclone de catégorie 5 comme Wilma). Ainsi le WC-130, une adaptation du C130 de transport, a été spécialement modifié pour pouvoir voler longtemps, et dans des turbulencesturbulences d'extrême intensité. C'est pourquoi il dispose de moteurs renforcés et est équipé de deux réservoirs de carburant externes de 5320 litres et d'un réservoir interne d'une capacité de 6480 litres, lui permettant de voler pendant près d'une quinzaine heures.

      Principales caractéristiques techniques du WC-130

    • Constructeur : Lockeed-Martin Co

    • Propulsion : 4 turbo-propulseurspropulseurs Allison T56-A-15

    • Puissance : 4 x 4000 chevaux

    • VitesseVitesse : 630 Km/h

    • Rayon d'action 7500 Km

    • Les membres d'équipage et l'instrumentation embarquée du WC-130

      L'équipage standard d'un WC-130 compte six personnes : le pilote et le copilote, un navigateurnavigateur, un mécanicien, ainsi qu'un officier de service météométéo et un opérateur de sondage.

      Commandé par l'officier de reconnaissance météorologique depuis le poste de pilotage, l'instrumentation embarquée à bord du WC-130 compte un grand nombre de capteurscapteurs permettant de mesurer la température extérieure, la pression atmosphérique, les turbulences, le nombre et le type de nuagesnuages entourant l'appareil, la force des vents à la surface de l'océan, le point de roséepoint de rosée...

      L'opérateur de sondage a quant à lui la responsabilité de déployer des « drop sonds », sondes larguées depuis l'arrière de l'appareil et qui descendent en parachuteparachute jusqu'au niveau de la mer. Au cours de leur descente, elles délivrent à l'avion les caractéristiques des couches de l'atmosphèreatmosphère qu'elles traversent.

      Les importants moyens de communication présents à bord du WC-130 permettent enfin de transmettre par satellite l'ensemble des données mesurées au National Hurricane Center de Miami, qui peut ainsi élaborer en temps réel de nouvelles prévisions météorologiquesprévisions météorologiques.

      Récit de la mission du 19 Octobre

      C'est l'un des équipages de chasseurs de cyclones de la 53ième escadrille de l'US Air Force qui s'est envolé hier en direction de l'ouragan Wilma , pour ce qui semblait être une banale mission de reconnaissance.

      En s'en approchant à 5000 pieds, l'équipage a vite remarqué que l'ouragan était en phase d'intensification. En effet, le diamètre de l'œil qu'il a pu estimer était de quatre milles, alors que des diamètres de moins de cinq milles sont déjà rares. De plus, le diamètre de l'œil est un indice important puisque plus il rétrécit, plus l'orageorage se renforce. Autant dire que les membres d'équipage s'attendaient à un ouragan puissant ! Mais ils n'imaginaient pas encore à quel point...

      Image radar de l'ouragan Wilma prise à 25 kilomètres de l'oeil le 19 Octobre 2005<br />Crédi

      Image radar de l'ouragan Wilma prise à 25 kilomètres de l'oeil le 19 Octobre 2005
      Crédi