Pour faire face aux obligations imposées par l’Union européenne à l’horizon 2020, la France commercialisera à partir du premier avril un nouveau carburant, le SP95-E10, contenant 90% d’essence et 10% d’éthanol.

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    Même les grands s'y mettent ! Cette Bentley Continental Supersports de 630 chevaux consent à rouler au bioéthanol, ce qui réduit de 70% ses émissions de gaz carbonique. Crédit Bentley

    Même les grands s'y mettent ! Cette Bentley Continental Supersports de 630 chevaux consent à rouler au bioéthanol, ce qui réduit de 70% ses émissions de gaz carbonique. Crédit Bentley

    Alors que Bruxelles veut porter à 10% la part des énergies renouvelables dans les transports, la France souhaite prendre de l'avance dans ce domaine en poursuivant un double objectif : accroître l'indépendance énergétique du pays et lutter contre l'effet de serre. Alors que les carburants utilisés dans les véhicules comportent déjà, en moyenne, 5,75% de biocarburants, ils devront contenir 7% d'éthanol en 2010, et 10% en 2015. Pour le gazole, l'éthanol est remplacé par de l'huile. Cette recommandation devenue intention se base sur le constat que voituresvoitures, camions et avions produisent un tiers du CO2 rejeté en Europe, et que cette part est appelée à croître dans les prochaines années.

    La France, mais aussi le reste de l'Europe, ont ainsi choisi les biocarburants distillés à partir de blé, de maïsmaïs ou de betterave sucrière, au grand dam des écologistes qui y voient une cannibalisation de terresterres autrefois destinées à la culture de produits alimentaires. L'argument des autorités est une réduction significative (60% selon les experts) de l'empreinte carbonecarbone accumulée tout au long de la chaîne de production, si l'on soustrait le CO2 lui-même absorbé par les cultures des plantes utilisées.

    Quelques obstacles restent à surmonter rapidement

    Un double bémol cependant. Seuls les véhicules produits depuis l'an 2000 pourront utiliser le SP95-E10, soit environ 60% du parc actuellement en circulation. Ensuite, alors que le nouveau carburant aurait dû être meilleur marché que l'essence traditionnelle, la réduction du prix du baril face à la crise a inversé la donne.

    Or, si le consommateur se déclare soucieux de préserver l'environnement en changeant ses habitudes, l'expérience démontre qu'en pratique, il faut un incitant financier. Pour cela, l'éthanol est donc défiscalisé à raison de 21 centimes par litre, ce qui le rend à nouveau concurrentiel par rapport à l'essence... à condition, toutefois, que le prix du baril ne descende pas sous les 70 euros.

    Du côté des distributeurs, on se déclare également prêt à faire l'effort. Et pour cause, car si le taux de 7% de biocarburant exigé pour 2010 n'est pas atteint, les distributeurs s'exposent à des amendes de plusieurs centimes par litre, alors que leur marge bénéficiaire avoisinent le centime par litre.

    Les trois quarts des stations devraient proposer le nouveau carburant en France d'ici la fin de l'année, à un prix qui n'a pas encore été déterminé, mais qui devrait être inférieur de 1 à 3 centimes au prix de la super traditionnelle. Reste à savoir si cette faible différence suffira à provoquer l'engouement escompté.