Un bon tiers nord de la France souffre depuis quelques jours d’un pic de pollution atmosphérique qui se poursuit encore aujourd’hui et pourrait décliner à partir de demain. Quelques consignes et précautions s’imposent.

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    Une vague de ciel bleu et de températures anormalement douce sévit en France depuis une semaine. Une sensation agréable qui nous rappelle que le printemps approche et qui tranche nettement avec les épisodes pluvieux et tempétueux qui ont durement frappé le nord-ouest de la France durant l'hiver. Mais cette météométéo souriante n'est pas exempte d'effets indésirables. Car depuis mardi, un nuage de pollution aux particules fines (PM10) se répand dans un bon tiers nord de l'Hexagone.

    Ce vendredi, le seuil d'alerte de 80 µg/m3 est dépassé dans une bonne trentaine de départements, en Bretagne, en Haute et Basse-Normandie, en Poitou-Charentes, dans la région Centre, l'Île-de-France, le Nord-Pas-de-Calais, en Picardie, dans le Rhône-Alpes, dans la Marne ou encore dans le Vaucluse. Les grandes villes de ces régions sont en état d'alerte. L’Express cite par exemple les propos de Christophe Legrand, directeur d'AirAir com, annonçant que la ville de Caen, dans le Calvados, atteint des niveaux moyens de plus de 110 µg/m3 depuis deux jours, des chiffres jamais observés dans la capitale bas-normande depuis le début des mesures, en 2008.

     Cette carte proposée par Prev’air fait état des niveaux maximaux de pollution en PM10 à l’échelle de la France ce vendredi 14 mars. Le jaune correspond au seuil à ne pas dépasser, et les tons plus chauds indiquent un état d’alerte. Une bonne moitié de la France le surpasse au plus fort de la journée. © Prev’air, www.prevair.org

    Cette carte proposée par Prev’air fait état des niveaux maximaux de pollution en PM10 à l’échelle de la France ce vendredi 14 mars. Le jaune correspond au seuil à ne pas dépasser, et les tons plus chauds indiquent un état d’alerte. Une bonne moitié de la France le surpasse au plus fort de la journée. © Prev’air, www.prevair.org

    Caen, et de nombreuses autres villes concernées, ont pris des mesures pour limiter les émissionsémissions de ces particules de moins de 10 µm, en rendant gratuits leurs réseaux de transports en commun le temps de l'épisode de pollution ou en limitant les vitessesvitesses de circulation. Cependant, le trafic routier n'est responsable que de 15 % des rejets de PM10, soit deux fois moins que l'industrie ou les activités domestiques. Des efforts seraient donc à faire à tous les niveaux.

    Les particules fines dangereuses pour la santé

    Ce phénomène de pollution atmosphérique est dû à une couche d'inversion. En temps normal, dans la troposphère (la base de l'atmosphère, où nous vivons), la température de l'air diminue avec l'altitude. Les particules, produites depuis le sol, s'élèvent en même temps que l'air chaud monte puis se dispersent. Ici, la situation est inverse : du fait des différences thermiques dans la journée, l'air au niveau du sol devient plus froid, surtout une fois la nuit tombée. Ainsi, un couvercle d'air chauffé par le soleil se forme en altitude (la fameuse couche d'inversion) : les PM10 ne peuvent s'élever et deviennent prisonnières d'une sorte de cloche. L'absence de ventvent et de précipitationsprécipitations les empêche de se répandre dans les stratesstrates plus hautes : le nuage de pollution reste cloué au niveau des villes, formant un smogsmog.

    Au-delà des menaces de condamnation de la France par l'Europe du fait des dépassements trop fréquents du seuil de pollution atmosphérique, ces particules se révèlent surtout dangereuses pour la santé. En octobre dernier, le Centre international de recherche sur le cancercancer (Circ), branche de l'OMSOMS, a intégré les PM10 parmi les produits cancérogènescancérogènes avérés pour l'Homme, entraînant 223.000 décès par an dans le monde. Les particules les plus fines, de moins de 2,5 µm (PM2,5) pénètrent profondément dans le système respiratoire, jusqu'au niveau des alvéoles pulmonairesalvéoles pulmonaires, où elles peuvent interférer avec la respiration. Cette pollution favorise également les troubles cardiovasculaires.

     Cette infographie souligne les villes françaises les plus concernées par la pollution atmosphérique, selon l’indice Atmo, qui évalue la qualité de l’air de 1 (très bon) à 10 (très mauvais). Ici, la taille et la couleur des cercles définissent le nombre de jours moyen par an où l’indice est supérieur ou égal à 6. © Idé, Ademe

    Cette infographie souligne les villes françaises les plus concernées par la pollution atmosphérique, selon l’indice Atmo, qui évalue la qualité de l’air de 1 (très bon) à 10 (très mauvais). Ici, la taille et la couleur des cercles définissent le nombre de jours moyen par an où l’indice est supérieur ou égal à 6. © Idé, Ademe

    Ainsi, tant que le seuil est dépassé, il y a quelques recommandations qu'il est préférable de suivre. Chez soi, il est préférable d'aérer tôt le matin ou tard le soir, mais de laisser les vitresvitres fermées dans la journée. Le chauffage au boisbois ou au fioulfioul est à proscrire autant que possible. Dehors, la pratique sportive est fortement déconseillée, du fait de la quantité d'air plus importante brassée lors de l'exercice.

    Mieux vaut éviter également de marcher près d'une route fréquentée. De plus, les personnes vulnérables, regroupant seniors, bébés, femmes enceintes, asthmatiques, allergiques ou cardiaques, sont invitées à ne pas mettre le neznez dehors. Cet épisode de pic de particules finesparticules fines, qui frappe aussi le Benelux et l'Allemagne, devrait s'atténuer demain et l'air devrait de nouveau redevenir respirable ce dimanche, d'après les prévisions.