La culture de canne à sucre, en plein essor au Brésil, aurait tendance à lutter contre le réchauffement climatique. C’est donc une double victoire écologique pour cette plante, déjà cultivée pour produire un carburant vert très utilisé dans ce pays.

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    La canne à sucresucre serait-elle la plante de l'avenir d'un point de vue écologique ? Les auteurs d'un article paru dans la revue Nature Climate Change en semblent convaincus, d'après les résultats d'une étude menée au Brésil. La canne à sucre serait même doublement verte, premièrement en servant de biocarburant pour les automobilesautomobiles, et deuxièmement... en refroidissant la température autour des champs !

    C'est une très bonne nouvelle, puisque depuis 1973 et la première crise de l'organisation des pays exportateurs de pétroleorganisation des pays exportateurs de pétrole, les Brésiliens sont devenus des gros consommateurs de canne à sucre pour leur parc automobile : près d'un quart des voitures utilisent ce biocarburant. Si cela a pour conséquence de réduire significativement l'émissionémission de dioxyde de carbone (CO2) liée aux transports, la canne à sucre nécessite toutefois un espace de culture conséquent, qui a été trouvé sur des terres autrefois cultivées pour produire des produits alimentaires, ou qui est malheureusement prélevé sur des terres vierges de la forêt amazonienne.

    Mesure de l’impact environnemental

    L'impact environnemental de ces nouvelles cultures se devait d'être mesuré pour s'assurer que le geste écologique promis par les producteurs de cette énergie verte était réellement profitable à la planète. Les scientifiques ont alors voulu étudier les conditions environnementales locales au niveau des zones cultivées, avant et après le passage à la culture de la canne à sucre.

    Plutôt que d'appliquer des modélisationsmodélisations mathématiques, les scientifiques du Département d'écologie globale au Carnegie Institution ont analysé en détails des centaines de données satellites relevées régulièrement, incluant la température locale, la réflectivité de la lumièrelumière par les plantes (aussi appelé albedo, qui correspond au rapport de l'énergieénergie solaire réfléchie par une surface à l'énergie solaire incidente) et l'évapotranspiration (l'eau évacuée par les feuilles des plantes et par le sol), au niveau de la région du Cerrado. 

    Le Cerrado brésilien (zone colorée) s'étend sur 2 millions de kilomètres carrés mais perd peu à peu son côté sauvage. a) Situation en 2008 : le vert correspond aux régions préservées et les points rouges aux zones défrichées après 2002. b) Le vert correspond aux champs de canne à sucre en 2005/2006 et les points rouges aux nouveaux champs de canne en 2008/2009. © <em>Nature Climate Change</em>

    Le Cerrado brésilien (zone colorée) s'étend sur 2 millions de kilomètres carrés mais perd peu à peu son côté sauvage. a) Situation en 2008 : le vert correspond aux régions préservées et les points rouges aux zones défrichées après 2002. b) Le vert correspond aux champs de canne à sucre en 2005/2006 et les points rouges aux nouveaux champs de canne en 2008/2009. © Nature Climate Change

    La savane brésilienne régresse

    S'étendant sur 2 millions de kilomètres carrés, le Cerrado est une savane brésilienne constituée de végétations forestières et herbacées, actuellement menacées par la surexploitation des terres par l'Homme. Ainsi, en 2002, 43,7 % de la végétation était encore sauvage, contre moins de 40 % en 2008, grignotée petit à petit pour laisser place aux cultures.

    Selon les données du terrain découpé et analysé case par case, les conditions environnementales locales sont favorisées par la présence de canne à sucre. « Nous avons découvert que passer d'une végétation naturelle à des champs ou des pâturages résulte en un réchauffement local parce que les plantes émettent moins d'eau. Mais la canne à sucre, semblable au bambou, est plus réfléchissante et émet davantage d'eau, comme la végétation naturelle », explique Scott Loarie, l'un des auteurs de l'article.

    Une situation doublement gagnante

    En effet, le remplacement des végétations naturelles par des champs de culture provoque une augmentation moyenne de la température de 1,55° C, une diminution de l'évapotranspiration de 0,60 millimètre par jour et un albédo augmenté de 1,73 %, alors que leur remplacement consécutif par des cultures de cannes à sucre abaisse la température de 0,93° C, augmente l'évapotranspiration de 0,43 millimètre par jour et augmente l'albédo de 0,20 %.

    « C'est une situation gagnant-gagnant potentielle pour le climatclimat - utiliser la canne à sucre pour faire marcher les véhicules réduit les émissions de carbone, tandis que la faire pousser abaisse la température de l'airair local » conclut-il. Il est donc important de continuer à utiliser des champs déjà en place pour la culture de la canne à sucre, plutôt que de réquisitionner de nouvelles terres, encore sauvages.