La tendance au réchauffement de ces 15 dernières années est plus importante qu’on le pensait. C’est en tout cas ce que montre une nouvelle étude, dans laquelle la température globale est mieux quantifiée qu'actuellement. L'étude rapporte que l'Arctique joue un rôle dominant dans le réchauffement global.

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    La moitié du réchauffement climatique a été sous-estimée depuis 1997. La température mondiale est calculée avec les jeux de données d'observations de trois principales structures : la NasaNasa, la NOAANOAA et le Met Office. Mais déterminer une température globale à partir des réseaux d'observations pose problème, en raison notamment des données manquantes. Les stations de mesure du Met Office par exemple couvrent 84 % de surface terrestre, mais ne sont pas présentes en Antarctique, en Arctique et dans certaines régions africaines.

    Au Met Office, la température globale est calculée à partir des enregistrements in situ (HadCRUT4), sans combler les données manquantes. Cela ne poserait pas tellement de problèmes si les régions omises se réchauffaient à la même vitessevitesse que les régions voisines. Mais ce n'est pas le cas, l'accroissement de la température de l'airair en Arctique s'est considérablement renforcé au cours des dernières décennies. Ainsi ne pas prendre en compte des changements du thermomètre de cette région peut avoir d'importantes répercussions sur la précision de la température globale.

    Pour combler le manque de données directes en Arctique, une méthode, déjà utilisée par la Nasa, consiste à reconstruire le profil de température de toute la région, en interpolant les données des stations les plus proches. Mais récemment, les chercheurs Kevin Cowtan et Robert Way de l'université de York ont développé une méthode qui utilise les mesures satellitaires pour remplir les zones manquantes. Les résultats avec cette méthode sont édifiants : la tendance au réchauffement est doublée.

    Les données de température du Met Office (courbe au trait fin) par rapport à la reconstruction globale corrigée (courbe au trait épais). Les droites rouges indiquent la tendance au cours des 16 dernières années pour les données respectives. L'image de fond illustre la couverture des données du Met Office, avec des couleurs indiquant l'évolution géographique de la température. L'Arctique se réchauffe beaucoup plus vite que le reste de la planète. © Kevin Cowtan et Robert Way, université de York

    Les données de température du Met Office (courbe au trait fin) par rapport à la reconstruction globale corrigée (courbe au trait épais). Les droites rouges indiquent la tendance au cours des 16 dernières années pour les données respectives. L'image de fond illustre la couverture des données du Met Office, avec des couleurs indiquant l'évolution géographique de la température. L'Arctique se réchauffe beaucoup plus vite que le reste de la planète. © Kevin Cowtan et Robert Way, université de York

    Un réchauffement 2,5 fois plus rapide sur ces 16 dernières années

    Les températures globales recalculées avec cette méthode ne changent pas beaucoup sur une année, mais modifient sensiblement la tendance d'évolution de la température globale sur ces 15 dernières années. Durant la période 1997-2012, les températures du produit HadCRUT4 non modifiées montrent un réchauffement global de 0,05 °C par décennie. En appliquant les corrections satellitaires, l'équipe montre que la tendance double, atteignant 0,12 °C par décennie. Leurs résultats sont publiés dans la revue Quarterly Journal of the Royal Meteorological Society.

    Les satellites ne mesurent pas directement la température de surface, mais fournissent par micro-ondes les températures en plus haute troposphère. Ainsi, Cowtan et Way n'utilisent pas directement ces températures, mais plutôt la différence entre les données fournies par les satellites et celles venant du terrain. Ils appliquent pour cela une méthode d'interpolation, dite de krigeage. Un champ de température hybride est obtenu, où lorsque la température est mesurée sur le terrain, la valeur est gardée. Lorsqu'elle n'existe pas, elle est remplacée par la température mesurée par le satellite, convertie en température de surface, par krigeage.

    En appliquant cette méthode, les données du Met Office affichent une tendance de réchauffement sur la période 1997-2012 légèrement supérieure à celle des données de la Nasa, et très supérieure à celle des données de la NOAA. Deux erreurs intervenant dans les observations peuvent impacter les tendances. Il y a d'une part le manque de données, qui concerne la NOAA et le Met Office, et d'autre part les problèmes liés aux mesures de la température de surface des océans, qui concernent la Nasa et la NOAA.

    Le ralentissement du réchauffement climatique remis en cause ?

    D'après cette étude donc, si les corrections du Met Office sur la température de surface des océans sont appliquées aux données de la Nasa, la tendance de réchauffement est de 0,103 °C par décennie. En utilisant les données du Met Office et une méthode de reconstruction similaire, la tendance est similaire, de 0,108 °C par décennie. En appliquant les corrections comprenant les données satellites, la température a une tendance de 0,119 °C par décennie.

    La correction des températures apporte plus de précisions sur la tendance globale, mais ne remet pas en cause le ralentissement du réchauffement climatiqueréchauffement climatique. Elle rappelle néanmoins une fois de plus que les tendances sur le court terme doivent être traitées avec précaution. L'emballement médiatique autour du ralentissement du réchauffement climatique a incité le Giec à lui consacrer un chapitre entier dans son nouveau rapport. Pourtant, à l'échelle du siècle, il n'y a pas grand-chose d'anormal dans ce palier.