Alors qu’approche la COP 21, convention mondiale sur le climat qui se tiendra à la fin de l’année à Paris, des tables rondes ont été organisées le 2 avril dernier entre experts de différents domaines par le Fonds AXA pour la Recherche. Au menu des discussions : comment mieux faire interagir la science et la société sur le thème des risques associés au changement climatique ? Les scientifiques doivent communiquer davantage, s’est-il dit en substance. Il faut valoriser leur contribution au débat.

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    En Europe comme aux États-Unis, les sondages indiquent une forme de lassitude du public vis-à-vis des débats sur l'évolution du climat et la question de la responsabilité des activités humaines. Pendant ce temps, politiques et scientifiques préparent COP 21, 21e convention mondiale sur ce sujet, qui se tiendra à Paris à partir de fin novembre. Directement concernée, puisqu'elle doit gérer les risques climatiques, une société d'assurances, AXA en l'occurrence, a organisé plusieurs tables rondes sur ces thèmes. Savoir quel sera le rythme d'élévation du niveau des océans dans les décennies à venir ou si la fréquence d'événements extrêmes, les cyclones par exemple, augmentera ou non intéresse en effet une telle entreprise.

    « L'un des objectifs sur lesquels nous nous retrouvons tous porteporte sur l'accès à des connaissances librement partagées permettant de prendre de meilleures décisions dans la prévention, l'atténuation ou la protection par rapport aux risques », souligne Godefroy Beauvallet, directeur (jusqu'à ce mois de juin) du Fonds AXA pour la Recherche, qui soutient financièrement des institutions académiques et distribue des bourses de recherche concernant les risques (santé, environnement et socio-économie). Je pense que ces tables rondes ont renforcé la communauté de chercheurs soutenus, et c'est là la vraie valeur du Fonds AXA pour la Recherche. »


    Un extrait des tables rondes sur le rôle de la science dans le débat sur le changement climatique. © AXA RF

    Consolider le lien entre scientifiques et population

    L'une des tables rondes était dédiée au « recentrage du débat sur le climat ». Les participants, venus de plusieurs pays, ont exprimé des opinions voisines mais aux tonalités diverses. Sandrine Meguieng-Sidze, qui travaille au Cameroun, dénonce « une faillite des stratégies de communications publiques » quand elles traitent des problèmes majeurs. Répéter à l'envi l'expression « changement climatiquechangement climatique » sans en expliquer les conséquences et sans tenir compte du fait que la majeure partie de la population n'a pas accès à une éducation de bon niveau ne peut qu'aboutir à l'incompréhension, explique-t-elle.

    Depuis la France, Valérie Masson-DelmotteValérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue et contributrice des rapports du Giec, estime que la solution passe, en effet, par l'éducation mais aussi par la vulgarisation par les médias. Pour Adam Sobel, de l'université ColumbiaColumbia, aux États-Unis, le problème ne vient pas de la communication par les scientifiques mais de l'activisme des « non-scientifiques », qui deviennent « des marchands de doute ». « Nous avons grandi dans une culture qui n'admet pas de limites, conclut Valérie Masson-Delmotte, et avec l'idée que nous pouvons maîtriser l'environnement. C'est difficile de changer cela... »

    Une bonne évolution serait manifestement un meilleur lien entre le public et les scientifiques. Pendant la table ronde sur la fiabilité des données exploitées pour l'étude du climat, présent et passé, les scientifiques présents ont souligné l'importance d'une plus grande participation citoyenne. « Il y a une vraie frustration en Europe, rapporte Godefroy Beauvallet. Les chercheurs n'ont pas assez de données, notamment locales et anciennes. La collecte citoyenne serait aussi pour chacun d'entre nous la possibilité de se sentir contributeur de ces travaux. »