Le Royaume-Uni lance un vaste programme de recherche pour comprendre les surmortalités chez les insectes pollinisateurs. Parmi les projets : l'installation de puces RFID pour identifier les abeilles entrant et sortant de la ruche.

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    Un bourdon terrestre (Bombus terrestris) équipé d'une puce RFID par l'équipe de Nigel Raine. © Nigel Raine

    Un bourdon terrestre (Bombus terrestris) équipé d'une puce RFID par l'équipe de Nigel Raine. © Nigel Raine

    Dans de nombreux pays du monde, les surmortalités observées chez les abeilles domestiques inquiètent à juste titre et bien au-delà de la communauté des apiculteurs, les premiers à avoir tirer la sonnettesonnette d'alarme. Ces hécatombes touchent aussi les abeilles sauvages et de nombreux autres insectes pollinisateurs, menaçant des pans entiers de l'agriculture mondiale (35% de la production agricole en dépend). La liste des accusés est longue. On y trouve les pesticides bien sûr mais aussi, entre autres, des parasites (surtout le redoutable acarien Varroa destructor ou encore un virus), la destruction des habitats, la pollution et la raréfaction des fleurs due l'agriculture intensive. En tout, plus de 40 causes ont été identifiées.

    Manifestement, différents effets peuvent se cumuler et même se renforcer mutuellement (on parle de cause multifactorielle). Malgré toutes les hypothèses, aussi plausibles les unes que les autres, on ne comprend toujours pas ce phénomène. De nombreuses études actuellement sont consacrées à ce sujet mais la palme revient sans doute au Royaume-Uni, qui vient de consacrer 10 millions de livres sterling (12 millions d'euros) à un vaste programme sur trois années, baptisé Initiative pour les insectesinsectes pollinisateurs (Insect Pollinators Initiative). Piloté par le LWEC (Living With Environmental Change), un large regroupement d'organismes publics et d'apiculteurs financé par différents fonds et par la fondation Welcome Trust, il réunit neuf projets de recherches.

    Pour retrouver sa ruche, il faut un système nerveux en bon état

    Celui de Robert Paxton, par exemple, de la Queen's University à Belfast, s'intéressera aux parasites de plusieurs insectes pollinisateurs. A l'université de Dundee (Ecosse), Chris Connolly s'intéressera à l'effet des pesticides sur le comportement des abeilles domestiques, et même sur leur capacité d'apprentissage. Ces insectes, en effet, doivent mémoriser l'environnement de la ruche pour leurs aller et retour vers les lieux où elles prélèvent le pollenpollen. Les pesticides, qui s'attaquent au système nerveux, peuvent donc beaucoup perturber leur vie quotidienne.

    Sur le même thème, à la Royal Holloway University of London, Nigel Raine et son équipe utilisent une méthode de travail originale : installer des puces RFID sur les abeilles. Ces minuscules circuits (Radio Frequency IdentificationRadio Frequency Identification), de la même nature que les étiquettes électroniques anti-vols utilisés en grandes surfaces, permettent d'identifier les animaux à leur sortie et à leur entrée dans la ruche. Il est ainsi possible de suivre précisément les déplacements de chacun des insectes et donc de réaliser des expériences pour comprendre comment des pesticides ou d'autres perturbations de l'environnement peuvent affecter le comportement des abeilles. Grâce au programme Insect Pollinators Initiative, les biologistes pourront équiper 16.000 insectes avec ces petites puces et donc étudier assez finement comment des pesticides peuvent éventuellement affecter l'activité des insectes pollinisateurs.

    Si des moyens scientifiques conséquents sont ainsi mis en place, on peut espérer comprendre et surtout enrayer le déclin de populations d'insectes pollinisateurs, un phénomène dommageable pour l'agriculture et pour l'environnement en général.