L’Homme n’a plus un, mais bien deux cousins particulièrement proches sur base de critères génétiques : le chimpanzé commun et le bonobo. Ces deux espèces sœurs possèdent en effet 98,7 % de leur ADN en commun avec le nôtre. C’est ce que révèle le premier séquençage complet du génome de Pan paniscus.

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    Le terme « chimpanzé » regroupe deux espèces : le chimpanzé commun Pan troglodytes et le bonobo Pan paniscusPan paniscus. Ce dernier vit en République démocratique du Congo, au sud du fleuve Congo, au sein d'un habitat relativement petit et reculé. P. troglodytes occupe quant à lui le reste de l'Afrique équatoriale. Bien que proches en apparence, ces deux espèces présentent de nombreuses différences, notamment dans leurs comportements sociaux. Les groupes de Pan troglodytes sont par exemple dirigés par des mâles s'étant imposés par la force. À l'inverse, chez les Pan paniscus, ce sont les femelles qui prennent le dessus. 

    Le génome des chimpanzés communs a été totalement séquencé et publié en 2005, révélant que cet animal serait bien notre plus proche cousin. Nos ADNADN ont un taux de ressemblance d'environ 99 %. Cependant, une nouvelle étude dirigée par des scientifiques du Max PlanckMax Planck Institute for Evolutionary Anthropology (MPI-EVA) à Leipzig (en Allemagne) modifie légèrement la donne. Les bonobos et les chimpanzés communschimpanzés communs seraient en effet à égalité lorsqu'il s'agit de trouver celui qui nous est le plus proche. Ce résultat est publié dans la revue Nature.

    Carte de répartition des chimpanzés communs <em>Pan troglodytes</em> (différentes couleurs en fonctions des sous-espèces) et des bonobos <em>Pan paniscus</em> (en rouge) en Afrique. © Cody.pope, <em>Wikimedia common</em>, DP

    Carte de répartition des chimpanzés communs Pan troglodytes (différentes couleurs en fonctions des sous-espèces) et des bonobos Pan paniscus (en rouge) en Afrique. © Cody.pope, Wikimedia common, DP

    Hommes et grands singes : tant de choses en commun

    Le séquençageséquençage de l'ADN des bonobos a été réalisé à partir d'échantillons prélevés sur Ulindi, une femelle vivant au zoo de Liepzig. Les deux espèces de chimpanzé posséderaient près de 99,6 % de leurs séquences de nucléotidesnucléotides en commun. Ce résultat justifie ainsi leur grande ressemblance, même si leurs lignées respectives se sont séparées voici 1 million d'années. La formation du fleuve Congo a probablement divisé la population de leurs ancêtres (estimée à 27.000 individus selon l'étude) en deux. Cette barrière naturelle jouerait toujours son rôle à l'heure actuelle puisque aucune hybridationhybridation entre les deux espèces n'a été observée à ce jour.

    Malgré nos 98,7 % d'ADN en commun avec nos cousins du genre Pan, près de 3,2 % de notre patrimoine génétiquegénétique ne se rencontre que chez Pan paniscus (1,6 %) ou Pan troglodytes (1,6 %), mais pas chez les deux en même temps. Ce résultat justifierait des comportements ou propriétés biologiques que nous partageons exclusivement avec l'une ou l'autre espèce. Les bonobos et l'Homme possèdent par exemple une protéineprotéine odorante dans leur urine que le chimpanzé commun n'a pas.

    Les fonctions des gènes qui diffèrent ne sont pas connues à l'heure actuelle, mais elles vont faire l'objet d'études approfondies. Plusieurs indices laissent penser qu'ils pourraient être impliqués dans des réponses immunitairesréponses immunitaires (les chimpanzés ont un gènegène pouvant lutter contre des rétrovirusrétrovirus tels que le VIHVIH), la suppression de tumeurtumeur ou l'expression de différents comportements sociaux, à l'image de la dominance des groupes.

    Les divergences observées entre les trois génomesgénomes vont également permettre aux chercheurs de mieux comprendre notre histoire évolutive. Cette étude date par exemple la séparationséparation de la lignée humaine à 4,5 millions d'années, soit plus tard que de nombreuses autres estimations. Par ailleurs, la population de nos ancêtres communs africains aurait été estimée à environ 45.000 individus.