Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le café et le thé sont des produits importés très coûteux, considérés comme produits de luxe réservés à la noblesse et la haute bourgeoisie. Progressivement, leur consommation entrera dans le quotidien des Français.


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    Denrées exotiquesexotiques de luxe aux XVIIe et XVIIIe siècles, la démocratisation de leur consommation va permettre la diffusion de lieux de dégustation - les cafés - et de nouvelles pratiques de table dans nos maisons, à l'heure du petit déjeuner et du goûter. Mais, d'où et comment sont arrivés en France le café et le thé ?

    La diffusion du café en Occident

    Il est originaire de la péninsulepéninsule arabique et plus précisément du Yémen pour la culture. Le « qawah » est exporté par le port de Moka à partir du XVe siècle. Les pèlerinages à la Mecque vont être l'occasion d'une diffusion du café en Perse, dans l'Empire ottoman et en Afrique du Nord. En 1614, les Hollandais (et leur Compagnie des Indes orientales) sont les premiers à étudier les possibilités d'exploitation et de culture du café en Indonésie.

    Dès le milieu du XVIIe siècle, son usage s'étend à l'Italie et à la France méridionale. Le café de Moka est devenu l'objet d'un négoce très important : les premières cargaisons arrivent à Londres en 1664. La France est approvisionnée par les négociants marseillais à partir du Levant (Proche-Orient) jusqu'au début du XVIIIe siècle. Une ambassade ottomane présente l'art de déguster le café à la Cour de Versailles en 1669 : la mode du café « à la turque »  est lancée à Paris et à Lyon. En 1714, un plant de caféier est offert à Louis XIV par la ville d'Amsterdam ; il est cultivé avec succès dans les serres du jardin du Roi et sera à l'origine de tous les caféiers des Antilles françaises (Martinique d'abord puis Saint-Domingue et Guadeloupe). L'implantation des caféiers aux Mascareignes a suivi une autre voie : les plants viennent de la région de Moka et sont envoyés à l'île Bourbon (la Réunion) par la Compagnie des Indes dès 1717. Après une décennie de fortes pressions de la part de la Compagnie, les planteurs réunionnais se décident enfin à cultiver le café à grande échelle.

    Dans les années 1750, le succès du café gagne la Cour de Louis XV et permet également la création d'établissements spécialisés que l'on appelle des « cafés » ; on en compte environ deux mille à Paris avant la Révolution.

    Un marchand de café à Paris en 1746, par Bouchardon © Metropolitan Museum of Art, New York. 
    Un marchand de café à Paris en 1746, par Bouchardon © Metropolitan Museum of Art, New York. 

    Le thé : un succès immédiat en Angleterre

    D'usage très ancien, le thé fait partie du commerce traditionnel en Chine et en Asie du Sud-Est. À la Renaissance, l'Occident entend parler du thé à travers les écrits des voyageurs portugais. Le thé est importé depuis le Japon (à Nagasaki) dès 1543 puis par le comptoir de Macao en Chine, dès 1556 ; la Compagnie hollandaise des Indes va prendre le relais des Portugais à partir de 1606 mais il faut encore attendre trente ans avant le début de sa consommation en Hollande.

    En France, le thé apparaît vers 1640. On lui prête des vertus médicinales : le cardinal Mazarin ou madame de Sévigné en consomment régulièrement. Il reste une boisson beaucoup plus chère que le café et sans lieux de sociabilité. De fait, à Paris la mode est au café, pas au thé. En Angleterre, le succès est foudroyant : en 1663, le thé apparaît dans les cargaisons de la Compagnie anglaise des Indes orientales, en provenance de l'île de JavaJava. Les boutiques de thé ouvrent au début du XVIIIe siècle grâce à Thomas Twining et deviennent rapidement des lieux de sociabilité où les femmes sont admises. Le thé reste la boisson des élites jusque dans les années 1750 puis il atteint progressivement toutes les couches de la société. Sa consommation s'étend aux colonies anglaises d'Amérique : les « Tea Parties » sont devenues le symbole de la réussite sociale. Dans les années 1780, l'Angleterre consomme annuellement 9.000 tonnes de thé (un kilogramme par personne et par an) contre 95 tonnes pour la France.