La réponse immunitaire déclenchée par un vaccin serait moins importante lorsque le sang contient beaucoup de composés perfluorés, des polluants fréquemment rencontrés, par exemple dans le Teflon des poêles antiadhésives.

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    La pollution s'immisce partout. Jusque dans notre sang. Les composés perfluoréscomposés perfluorés (PFC) n'auraient par exemple aucune raison de se retrouver au plus profond de nous-mêmes. Ils rentrent dans la composition des emballages alimentaires, des tissus imperméables ou dans les surfaces antiadhésives des poêles de cuisson. Pourtant, on en détecte chez la plupart des hommes et des animaux.

    De précédentes études avaient montré qu'ils n'étaient pas exempts de tout impact sur l'organisme. Par exemple, des femmes présentant de hauts niveaux de PFC contractent une ménopause plus précoce et une fertilité réduite. Ces produits se dégradent très lentement et restent incrustés dans les tissus organiques durant de longues années.

    Désormais, c'est à un tout autre niveau que les chercheurs soupçonnent une implication néfaste des PFC. Les résultats de scientifiques de l'université d’Harvard, publiés dans The Lancet, semblent assez évocateurs.

    Des PCF en hausse, l’efficacité des vaccins en baisse

    L'étude a été menée auprès d'enfants des îles Féroé, un archipelarchipel de 50.000 habitants situé au nord de l'Écosse, à mi-chemin entre la Norvège et l'Islande. Entre 1999 et 2001, les chercheurs ont prélevé le sang de femmes enceintes pour estimer les taux de PFC prénataux. Quand les 587 enfants nés à l'hôpital de Tòrshavn ont atteint l'âge de 5 ans, un échantillon sanguin leur a également été prélevé, pour obtenir les données postnatales. Ensuite, ils ont comparé les réponses immunitaires de ces enfants aux vaccins du tétanos et de la diphtérie à 5 et 7 ans.

    Les composés perfluorés sont des molécules riches en atomes de fluor. Ici, l'acide perfluoro-octanesulfonique est représenté en 3D. En vert, ce sont les atomes de fluor, en jaune le soufre et en rouge l'oxygène. © DR

    Les composés perfluorés sont des molécules riches en atomes de fluor. Ici, l'acide perfluoro-octanesulfonique est représenté en 3D. En vert, ce sont les atomes de fluor, en jaune le soufre et en rouge l'oxygène. © DR

    Constat : ceux qui présentaient des taux deux fois plus élevés de PFC comptaient également deux fois moins d'anticorps spécifiques aux maladies contre lesquelles ils étaient censés être immunisés. Cela ne veut pas dire pour autant qu'ils ne sont pas tous protégés contre ces infections, mais qu'ils le sont moins, voire peu. Tout de même, 43 sujets (environ 7 %) présentaient une réponse immunitaire étaient sérieusement concernés.

    Lorsqu'on regarde un peu plus précisément les détails des taux de deux composés perfluorés particuliers (acideacide perfluoro-octanesulfonique et acide perfluorooctanoïque) on constate qu'un doublement des concentrations sanguines multiplie par trois les risques de présenter une réponse immunitaire insuffisante pour les enfants de 7 ans.

    Les PCF, déjà coupables chez la souris

    Chez des souris, la pollution aux PFC avait déjà révélé une baisse du système immunitaire, mais cette étude est la première à s'intéresser à ce sujet pour l'Homme. Les mêmes auteurs avaient en revanche mené des investigations pour mesurer l'impact des PCB (polycholorobiphényles), d'autres polluants courants de notre environnement, sur la réponse immunitaire. Les conclusions allaient dans le même sens mais la corrélation se révélait moins forte.

    Maintenant que le lien entre PFC et fragilisation du système immunitaire a été établi, les chercheurs d'Harvard vont donc chercher à en comprendre les mécanismes. Les PFC jouent-ils un rôle direct ou indirect ? Comment les cellules immunitaires sont-elles affectées ? Toutes les populations réagissent-elles de la même manière ? Chaque découverte amène souvent de nouvelles questions.