L'Institut national du cancer et la direction générale de la santé viennent de publier une brochure stigmatisant certaines pratiques nutritionnelles favorisant l’apparition de cancers. L’alcool y tient une place de choix.

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    Répartition des cancers des voies digestives en 2000 sur le territoire français. Source INCA

    Répartition des cancers des voies digestives en 2000 sur le territoire français. Source INCA

    « Avec les mesures de préventionprévention que nous présentons, nous pouvons sauver des milliers de vie chaque année » affirme Dominique Maraninchi, président de l'INCA (Institut national du cancer) dont le rapport est mis en ligne sur le site de l'organisation.

    Le rôle de l'alimentation en matièrematière de cancer n'est plus à démontrer. Certains aliments accroissent le risque, d'autres le réduisent. Mais l'alcoolalcool l'augmente toujours, quelle que soit la quantité absorbée.

    En 2005, 146.000 personnes mouraient d'un cancer en France tandis que 320.000 nouveaux cas étaient diagnostiqués, et cela malgré les progrès toujours constants en oncologie. Aussi, l'INCA vient-elle de publier ce rapport, mis au point avec l'aide du réseau National Alimentation Cancer Recherche et de l'Institut américain pour la recherche sur le cancer. Ce rapport est rendu public dans une brochure inventoriant, point par point, les habitudes nutritionnelles ou comportementales sur lesquelles il nous est loisible d'agir pour nous protéger - autant que possible - de la terrible maladie.

    Alcool hors-la-loi !

    Ce n'est pas nouveau, et l'INCA avait déjà affirmé début 2008 qu'il était illusoire de vouloir définir un seuil de consommation d’alcool en deçà duquel il n'y a aucun effet sur la santé. La brochure indique aujourd'hui : « l'augmentation de risque est significative dès une consommation moyenne d'un verre par jour. » Elle conclut par cette recommandation : « la consommation d'alcool est déconseillée, quel que soit le type de boisson alcoolisée (vin, bière, spiritueux, etc.). » Il est désormais bien loin le temps où le corps médical tolérait (voire recommandait...) « trois verresverres de vin par jour pour les hommes, deux pour les femmes ».

    Evolution de la consommation d'alcool en France. Source INCA

    Evolution de la consommation d'alcool en France. Source INCA

    Sel et bêta-carotène diabolisés, viande déconseillée...

    L'INCA insiste sur l'impact du sel et des aliments salés sur le risque de cancers de l'estomac. Alors que l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé (OMS) recommande un apport moyen journalier de 5 grammes de sel, le Français en consomme généralement 8,5 grammes.

    Apprécié dans certains aliments (surtout comme colorants...) et souvent utilisé comme facteur de bronzage, le bêtabêta-carotène n'est sont pas aussi inoffensif qu'on pourrait - ou voudrait - nous le faire croire. Ses propriétés antioxydantes sont bien réelles et son utilisation comme complément alimentaire est souvent recommandée. On le trouve dans de nombreux végétaux, comme les poivronspoivrons, les carottescarottes, l'épinardépinard, la laitue, la tomatetomate, la patate doucepatate douce, le brocoli, le cantaloup (un melonmelon), la courgecourge et l'abricotabricot. Mais son utilisation n'est pas sans risque, selon l'INCA, qui dénonce leur absorption totalement inutile comme complément alimentaire puisqu'une alimentation équilibrée suffit amplement à pourvoir au besoin. Par contre, une utilisation à forte dose (20 à 30 mg/jour) non seulement ne présente aucun effet protecteur contre le risque de cancer, mais encore, augmente significativement le risque de cancer du poumoncancer du poumon en potentialisant les effets du tabac chez les fumeurs.

    La consommation de viande reste autorisée, voire conseillée (le manque de ferfer, dont la viande est riche, est la carencecarence la plus fréquente), mais moyennant certaines précautions. Ainsi, l'INCA fixe une limite recommandée à 500 grammes de viande rouge par semaine, mais demande de compléter l'apport de protéinesprotéines avec une alternance de viandes blanches, de poissonspoissons, de légumineuselégumineuse et d'œufs. En revanche, les charcuteries, en particulier grasses ou très salées, sont à proscrire autant que possible.

    Le rapport de l'INCA précise que le risque de cancer colorectalcancer colorectal est accru de 29% par tranche de 100 grammes/jour, et de 21% pour 50 grammes supplémentaires de charcuteries quotidiennes.

    Fruits, légumes et allaitement

    Avec les fruits et les légumes, nous basculons dans la prévention contre le cancer... Le rapport souligne une fois de plus l'effet protecteur d'une consommation quotidienne d'au moins cinq fruits et légumes variés par jour (l'un ou l'autre, sans préférences particulière), au besoin en les lavant ou les pelant afin d'enlever les traces de pesticidespesticides ou divers traitements (la cire étant plus utile pour faire briller les lames de parquetparquet que la peau des pommes...). Bien entendu, les jus de fruits possèdent aussi leurs vertus non négligeables.

    L'INCA insiste une fois de plus sur le rôle préventif contre le cancer de l'allaitementallaitement du nourrisson par sa mère, si possible exclusif jusqu'à l'âge de six mois.

    Surveiller son poids reste un des conseils les plus importants, aussi bien en prévention du cancer que des maladies cardio-vasculaires, toujours en augmentation elles aussi. L'INCA conseille donc de pratiquer un minimum d'une demi-heure d’activité physique modérée cinq jours par semaine (marche rapide) ou trois jours pas semaine d'activité physiquephysique plus intense (jogging), et d'éviter la sédentarité (télévision, ordinateurordinateur...).

    Selon l'INCA, une augmentation de l'indice de masse corporelleindice de masse corporelle (ou IMC, soit le rapport poids/taille au carré) de cinq points entraîne une augmentation du risque de cancer de 8% (sein) à 55% (œsophageœsophage).