Des scientifiques suisses affirment avoir trouvé un élément clé toujours impliqué dans l'établissement des métastases : la périostine. Après l'inhibition de cette protéine de la matrice extracellulaire chez des souris, les cellules cancéreuses n’ont jamais pu coloniser un nouvel organe. Une nouvelle piste à explorer au plus vite !

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    Vue d'artiste d'une production d'anticorps anticancer. L'inhibition de la périostine par des anticorps spécifiques pourrait éviter le développement de métastases. © PNNL, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Vue d'artiste d'une production d'anticorps anticancer. L'inhibition de la périostine par des anticorps spécifiques pourrait éviter le développement de métastases. © PNNL, Flickr, cc by nc sa 2.0

    • À lire, notre dossier complet sur le cancer 

    Les métastases pourraient-elles être vaincues ? Ces cellules tumorales secondaires sont largement impliquées dans les décès imputables au cancer et souvent, lorsqu'elles sont détectées, les perspectives de rémission sont bien minces. À leur origine, on trouve toujours des cellules souches cancéreuses issues de la tumeur primaire. Celles-ci ne sont pas majoritaires parmi les cellules tumorales circulantes et ne peuvent cibler que des organes précis, ce que les cancérologuescancérologues appellent des niches. Des chercheurs suisses entretiennent l'espoir de les faire disparaître en révélant leurs travaux dans la revue Nature.

    Cette étude, menée conjointement par l'Institut suisse de recherche expérimentale sur le cancer (Isrec) et l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), s'est centrée sur le rôle de la périostine dans l'apparition de métastases. Il s'agit d'une protéine de la matrice extracellulairematrice extracellulaire impliquée dans la croissance osseuse et la liaison musculotendineuse. On la retrouve également dans le tissu de soutien des tumeurs primaires. Désormais, avec les résultats qui viennent d'être démontrés, on sait qu'elle joue un rôle indispensable dans l'établissement des métastases chez les souris.

    La périostine servirait de soutien aux tumeurs secondaires

    Dans cette expérience, les scientifiques ont injecté chez des rongeursrongeurs atteints d'un cancer un anticorpsanticorps qui fixe spécifiquement la périostine, inhibant ainsi son action. Les cellules souchescellules souches cancéreuses n'ont alors pas pu bénéficier du soutien structurel que procure la périostine et n'ont pas colonisé l'organe cible, qui dans cette expérience était le poumon. Résultat : soit les cellules ont disparu, soit elles sont restées à l'état dormantdormant.

    Les cancers (ici des cellules tumorales pulmonaires) représentent la première cause de mortalité à l'échelle de la planète avec 7,6 millions de victimes chaque année. © Wellcome Images, Flickr, CC by-nc-nd 2.0

    Les cancers (ici des cellules tumorales pulmonaires) représentent la première cause de mortalité à l'échelle de la planète avec 7,6 millions de victimes chaque année. © Wellcome Images, Flickr, CC by-nc-nd 2.0

    Joerg Huelsken, l'un des auteurs de l'étude, en conclut donc que la périostine est indispensable à l'établissement des métastases. Si ces résultats sont encourageants chez les souris, il semble cependant qu'une transposition à l'Homme ne soit pas encore si évidente. Et Huelsken le reconnaît : « Nous ne sommes pas sûrs de trouver un anticorps équivalent qui fonctionnera chez les humains ».

    C'est effectivement un premier problème. Le second porteporte sur les risques d'effets secondaires, surtout à long terme. Les souris testées semblent ne pas avoir connu beaucoup de séquellesséquelles et s'en sont même bien sorties. Mais quid de l'Homme, qui rappelons-le, a une duréedurée de vie environ quarante fois plus importante que les rongeurs testés ? Si la piste proposée par ces chercheurs suisses est à prendre au sérieux, il reste une fois de plus de nombreuses étapes à franchir avant l'éventuelle mise en place d'un traitement efficace. Le plus vite sera évidemment le mieux puisque l'OMSOMS rappelle que le cancer tue chaque année 7,6 millions de personnes sur la planète, et représente à lui seul 13 % de la mortalité mondiale.