Nouvel espoir dans le traitement des cancers du sein : des chercheurs ont découvert des vaisseaux sanguins capables de favoriser le passage dans les cellules cancéreuses de lymphocytes tueurs. Ces lymphocytes, dont le mode d'action était jusque-là mystérieux, peuvent alors détruire la tumeur plus facilement. 

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    Visualisation en microscopie d'une coupe de tumeur du sein montrant un vaisseau sanguin HEV (en vert) entouré de lymphocytes (en rouge). La flèche blanche indique un lymphocyte en train de se faufiler à travers le vaisseau HEV. © Jean-Philippe Girard - IPBS (CNRS/université Toulouse III – Paul Sabatier)

    Visualisation en microscopie d'une coupe de tumeur du sein montrant un vaisseau sanguin HEV (en vert) entouré de lymphocytes (en rouge). La flèche blanche indique un lymphocyte en train de se faufiler à travers le vaisseau HEV. © Jean-Philippe Girard - IPBS (CNRS/université Toulouse III – Paul Sabatier)

    Cancer du sein : pour la première fois, des vaisseaux sanguins très spécifiques ont été découverts dans les tumeurs. Ces vaisseaux facilitent l'accès vers les cellules cancéreuses de certains globules blancs : les lymphocytes tueurs, et entraînent ainsi une destruction efficace des tumeurs. Menée par l'équipe de Jean-Philippe Girard, directeur de recherche Inserm à l'Institut de pharmacologie et de biologie structurale (CNRS/Université Toulouse III - Paul Sabatier), en collaboration avec l'Institut Claudius Regaud, ces travaux font l'objet d'une publication dans Cancer Research (Août 2011).

    Une catégorie de globules blancs, les « lymphocytes tueurs », sont chargés de reconnaître et de détruire les cellules cancéreuses dans l'organisme. Cependant, l'éradication de la maladie requiert la présence d'un grand nombre de cellules tueuses au contact des tumeurs. Comment ces lymphocytes parviennent-ils à pénétrer dans les tumeurs pour les détruire ? Si ce mécanisme demeurait mystérieux jusqu'à présent, l'équipe de Jean-Philippe Girard à l'Institut de pharmacologie et de biologie structurale (CNRS/université Toulouse III - Paul Sabatier), en collaboration avec des chercheurs de l'Institut Claudius Regaud (Centre de lutte contre le cancer de Toulouse)1 lève le voile sur l'infiltration des lymphocytes dans les tumeurs.

    Les globules blancs appelés « lymphocytes tueurs » attaquent les tumeurs et les détruisent. La découverte du fonctionnement des vaisseaux HEV va permettre d'améliorer la lutte contre le cancer du sein. © Anna Strumillo, Fotopedia CC

    Les globules blancs appelés « lymphocytes tueurs » attaquent les tumeurs et les détruisent. La découverte du fonctionnement des vaisseaux HEV va permettre d'améliorer la lutte contre le cancer du sein. © Anna Strumillo, Fotopedia CC

    En menant une étude cliniqueétude clinique sur près de 150 patientes souffrant d'un cancer du sein, les scientifiques ont découvert la présence d'un type particulier de vaisseaux sanguins, appelés HEVHEV, dans les tumeurs. En temps normal, ces vaisseaux HEV - pour High Endothelial Veinule - sont présents dans les ganglions lymphatiques2 où ils constituent la porteporte d'entrée pour les lymphocytes arrivant par le sang. Les cellules qui tapissent la paroi de ces vaisseaux HEV sont bombées, arrondies, et cette morphologiemorphologie très caractéristique facilite le passage des lymphocytes du sang vers le tissu.

    Les vaisseaux HEV ouvrent la porte aux lymphocytes tueurs

    L'équipe toulousaine a constaté que la présence d'un grand nombre de lymphocytes tueurs dans les tumeurs du sein était liée à la présence d'un grand nombre de vaisseaux HEV dans ces tumeurs. Cela suggère que, comme dans les ganglions, les HEV constituent la porte d'entrée des lymphocytes dans les tumeurs. De plus, les chercheurs ont observé qu'avec beaucoup de vaisseaux HEV dans une tumeur, la probabilité de guérisonguérison des patientes était augmentée. La présence de ces vaisseaux HEV dans une tumeur serait donc un facteur de bon pronosticpronostic.

    Prochaines étapes pour les chercheurs : confirmer ces résultats sur de plus grands groupes de patientes et étudier l'influence des vaisseaux HEV sur la réponse aux thérapeutiques (chimiothérapie et radiothérapieradiothérapie) couramment utilisées dans le traitement du cancer du sein. Des travaux sont également en cours pour examiner le rôle des vaisseaux HEV dans les mélanomes, les cancers des ovairesovaires et du côloncôlon. À plus long terme, l'objectif vise à augmenter la quantité de vaisseaux HEV dans les tumeurs ou les faire apparaître dans les tumeurs qui n'en n'ont pas, afin de permettre un recrutement massif de lymphocytes tueurs pour éradiquer les cellules cancéreuses.

    Notes :

    1. Ces travaux ont bénéficié du soutien financier de la Ligue nationale contre le cancer (équipe Labellisée Ligue 2009), de la Fondation RITC (Recherche et innovation thérapeutique en cancérologiecancérologie) et de la région Midi-Pyrénées.
    2. Les ganglions lymphatiques sont le lieu de prolifération et de différenciation des cellules immunitaires. Les vaisseaux lymphatiques amènent un antigèneantigène (souvent issus d'un pathogènepathogène), du tissu jusqu'aux ganglions, permettant ainsi d'entraîner une réponse immunitaireréponse immunitaire spécifique en activant les lymphocytes T et B.

    Références

    "Human solid tumors contain high endothelial venules (HEVs): association with T and B lymphocyte infiltration and favourable prognosis in breast cancer", Ludovic Martinet, Ignacio Garrido, Thomas Filleron, Sophie Le Guellec, Elisabeth Bellard, Jean-Jacques Fournie, Philippe Rochaix et Jean-Philippe Girard, Cancer Research, 16 Août 2011.