Pour enrayer le cancer du col de l'utérus, qui touche 500.000 femmes chaque année dans le monde, le vaccin contre le papillomavirus semble porter ses fruits. C'est du moins ce que conclut une étude australienne après trois ans de programme de vaccination. Les bons résultats ne seraient cependant pas seulement imputables au seul vaccin. 

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    Le vaccin contre le cancer du col de l'utérus est conseillé en France aux jeunes filles de 14 ans. © Phovoir

    Le vaccin contre le cancer du col de l'utérus est conseillé en France aux jeunes filles de 14 ans. © Phovoir

    Est-ce un premier « effet vaccin » anti-HPV (papillomavirus humain) ? Des médecins australiens, qui ont évalué dans leur pays l'impact du programme de vaccination contre le cancer du col de l’utérus, ont noté que trois ans après le début des vaccinations, leurs bénéfices se feraient déjà sentir. En tout cas sur l'incidence des lésions précancéreuses.

    Depuis quelques années, l'introduction de deux vaccins prophylactiques (Cervarix et Gardasil) a offert une opportunité majeure de protéger de larges populations contre le cancer du col de l'utéruscancer du col de l'utérus. Un enjeu majeur, puisque c'est le deuxième cancer féminin en terme de fréquence. Chaque année à l'échelle mondiale, plus 500.000 cas sont recensés. Dont environ 3.000 en France, qui provoquent 1.000 décès.

    Que disent les résultats de l'étude australienne ?

    En avril 2007, le gouvernement australien a été le premier à mettre en place un programme organisé de vaccination HPV. Celui-ci était principalement basé sur : 

    • la vaccination (gratuite) en milieu scolaire des filles de 12 à 18 ans avec le vaccin quadrivalent Gardasil ;
    • une vaccination de rattrapage en cabinet médical proposée jusqu'à 26 ans.  

    Le docteur Julia Brotherton et ses collègues, de Melbourne, ont recueilli en 2010 les données de l'État du Victoria, le second du pays pour la population. Ils les ont ensuite comparées avec celles de la période précédant la mise en place du programme de vaccination. Publiés ce vendredi dans The Lancet, leurs résultats suggèrent une diminution de 38 % de l'incidence des lésions précancéreuses de haut grade parmi les jeunes filles de plus de 18 ans. Un résultat spectaculaire.

    Chaque année en France, 3.000 cancers du col de l'utérus sont dépistés. Les campagnes de vaccination arriveront-elles à faire baisser ce chiffre ? © DR

    Chaque année en France, 3.000 cancers du col de l'utérus sont dépistés. Les campagnes de vaccination arriveront-elles à faire baisser ce chiffre ? © DR

    Le vaccin est-il le seul facteur d'amélioration ?

    Toujours dans ce même numéro du Lancet, les docteurs Mona Saraiya et Susan Hariri des Centers for Disease ControlCenters for Disease Control ans Prevention (CDC) d'Atlanta aux États-Unis, signent un éditorial qui relativise, dans une certaine mesure, la portée de ces constatations.

    Le titre qu'elles ont choisi pour leur intervention dans le débat en dit long sur leur scepticisme : « Effet du vaccin anti-HPV : le verre est-il à moitié vide ou à moitié plein ? » Les auteurs insistent notamment sur la concomitance de ce programme de vaccination avec l'instauration de nouvelles règles de bonnes pratiques en Australie, qui se sont appliquées au dépistagedépistage et à la prise en charge des lésions précancéreuses. Saraiya et Hariri s'interrogent ainsi sur la part de mérite qui reviendrait à chacun de ces facteurs dans le résultat observé. Leur conclusion est que « des études épidémiologiques conduites de façon plus rigoureuses seront nécessaires pour établir avec certitude l'impact de la vaccination sur l'incidence du cancer du col de l'utérus ».

    La concomitance des travaux évoqués dans The Lancet justifie sans doute l'attitude des autorités de santé. Dans la plupart des pays y compris la France, il n'est pas question de s'en remettre au tout-vaccinal et de négliger le dépistage par frottis cervico-vaginalfrottis cervico-vaginal régulier...