L'initiative du MIT (Massachusetts Institute of Technology) est à saluer avec admiration et respect, et toutes les universités du monde devraient s'en inspirer. Il ne s'agit pas moins que de mettre gratuitement en ligne la totalité des cours dispensés par la plus célèbre université privée des Etats-Unis.

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    Page d'accueil du projet OpenCourseWare sur le site internet du MIT.

    Page d'accueil du projet OpenCourseWare sur le site internet du MIT.

    Image du site Futura Sciences

    Le projet OpenCourseWare a démarré en 2001 par une phase "pilote" qui s'est terminée l'année suivante, avec la mise en ligne sur le site du MIT de 50 premiers cours. Cette opération, d'un coût de 11 millions de dollars et qui a nécessité l'intervention d'une équipe de programmeurs de l'université, a été essentiellement financée par la fondation Andrew W. Mellon et la fondation William et Flora Hewlett, le MIT contribuant lui-même à hauteur d'un million de dollars.

    Devant le succès de l'initiative, le MIT et la Sapient Corporation, une société de conseil, ont décidé de développer conjointement OpenCourseWare, élaborant un système de publication et une technologie propres au projet. Celui-ci, d'une très grande complexité, dépasse de très loin la simple publication de syllabus de cours. Il imposait en effet de recenser l'ensemble des documents dont l'université disposait, cours, programmes, contacts de l'établissement, ainsi que toutes les informations éparpillées dans l'énorme structure, puis de les regrouper de manière cohérente afin de recréer l'unité d'un cours complet tel qu'il est dispensé par un enseignant.

    Ces opérations effectuées, un environnement technologique propre a été développé en partenariat avec Akamai Technologies, de Cambridge, afin de mettre l'ensemble des cours à disposition via leur réseau de distribution afin de maximiser la performance du site.

    Actuellement, la participation se fait sur la base du volontariat et la très grande majorité des professeurs de l'université ont accepté de collaborer. Les quelques réticences du début, justifiées par la contrainte de temps et la crainte que le contenu des cours ne puisse échapper à leurs détenteurs, a été rapidement balayée devant l'engouement tant de l'université que du public. Aujourd'hui, la plus grande partie des matièresmatières enseignées se trouve en accès public et gratuit, et le MIT prévoit que la totalité du savoir du prestigieux établissement sera en ligne à la fin de cette année. Ce qui n'est pas loin de représenter la totalité des connaissances humaines...

    Cependant, mise en ligne des cours ne signifie pas enseigner, et le MIT prévient qu'aucun diplôme ni certificat ne sera jamais décerné sur la base de cette forme d'acquisition de savoir, car il manquera toujours ce qui fait la valeur d'un enseignant: sa capacité à transmettre des savoirs dont la compréhension n'est pas liée à une simple lecture mais à un véritable échange de connaissances et une intégration à la matière, autrement dit faire l'expérience d'une relation unique avec les professeurs et les chercheurs.

    Le but du projet n'est pas que d'instruire le public, mais aussi de diffuser, via un accès gratuit, une démarche qui rend l'université plus attrayante. Elle préfigure aussi un profond changement dans les méthodes d'enseignement, car non seulement les professeurs disposeront ainsi de plus d'informations pour préparer leurs cours, mais ils devront aussi réfléchir à la singularité de leur nouvelle situation lorsqu'ils se trouveront face à des étudiants disposant déjà de leur enseignement et dont l'esprit critique aura déjà été aiguisé par leur lecture.

    Un petit nombre d'écoles américaines ont déjà emboîté le pas au MIT, saisissant l'importance de l'enjeu. Ainsi, l'université de Stanford a déjà suivi l'exemple avec quelques cours, et Bryn Mawr College envisage de le faire très bientôt.

    Selon Anne Margulies, responsable du programme internet de l'établissement, le site est fréquenté mensuellement par environ 1,5 million d'internautes dont 60% proviennent de l'extérieur des Etats-Unis, et dont la préférence va aux domaines qui ont fait la réputation du MIT: informatique, physiquephysique et mathématiques, mais sans le moins du monde dédaigner l'ensemble des cours déjà en ligne.

    Enfin, le MIT ne dissimule pas ses ambitions pour l'avenir, qui sont de préserver la gratuité de l'accès aux cours, pierre angulaire de l'initiative permettant le partage des connaissances, et l'installation de moyens technologiques plus élaborés dont un moteur de recherches plus efficace, une nouvelle technique pour une conversion plus aisée des unités sous format numériquenumérique et l'intégration de davantage de vidéos ainsi que de nouvelles technologies pouvant aider à la constitution de communautés d'apprentissage.

    Reste une inconnue: les universités européennes saisiront-elles l'importance de l'enjeu ?