Avant 1990, les scientifiques ne disposaient pas encore des satellites altimétriques et les mesures de la vitesse moyenne d’accroissement du niveau de la mer étaient donc moins précises qu'aujourd'hui. Une étude suggère que cette hausse aurait été surestimée à cette époque. Résultat : le niveau des mers pourrait avoir crû plus rapidement que prévu depuis les années 1990.

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    Une équipe de chercheurs européens s'est intéressée à la vitesse de l’accroissement du niveau des mers entre 1902 et 1990. Selon les résultats de l'étude, cette vitessevitesse aurait été moins élevée que ce que suggéraient jusqu'alors les modèles. Preuve pour les chercheurs que depuis environ 30 ans, les niveaux des océans montent encore plus rapidement que prévu.

    Rappelons qu'avant 1990, les chercheurs évaluaient le niveau de la mer à l'aide de marégraphes. Les mesures étaient alors sujettes à caution, compte tenu des différents facteurs (élévation ou affaissement des terres, vents, etc.) susceptibles de les impacter. Depuis le début des années 1990, les satellites altimétriques réalisent des mesures remarquablement précises.

    Grâce aux satellites altimétriques, les mesures du niveau de la mer ont été largement améliorées. © Nasa, Wikipédia, DP

    Grâce aux satellites altimétriques, les mesures du niveau de la mer ont été largement améliorées. © Nasa, Wikipédia, DP

    Une hausse du niveau des océans surestimée avant 1990

    Dans leur nouvelle étude, les chercheurs européens ont croisé diverses données (maréesmarées, variations climatiques locales, fontefonte des glaciers, etc.). De quoi construire un modèle décrivant les variations du niveau de la mer au cours du XXe siècle.

    Depuis 1990, ce nouveau modèle montre une hausse du niveau des océans cohérente avec les données enregistrées par les satellites. En revanche, ce modèle montre qu'avant 1990, la vitesse moyenne d'accroissement du niveau de la mer ne dépassait pas 1,1 millimètre par an. Une valeur nettement inférieure à celles données par les modèles traditionnels. Ces chiffres suggèrent que le niveau des océans a augmenté beaucoup plus rapidement que précédemment prévu ces deux -- presque trois -- dernières décennies.

    Par ailleurs, fin avril 2017, un groupe de chercheurs a montré qu'entre 2004 et 2015, le niveau des océans s'est accru au moins 25 % plus vite qu'entre 1993 et 2004.


    La fonte des glaces accélère la montée du niveau des mers

    Article de Jean-Luc GoudetJean-Luc Goudet, paru le 04/05/2011

    Le Giec a été trop prudent dans ses conclusions, affirme l'Amap, qui surveille le climat des régions arctiquesarctiques. La fonte des glaces, banquisebanquise et inlandsisinlandsis, est plus rapide que ce que l'on pensait et pourrait induire une montée du niveau des océans de 0,90 à 1,60 mètre en 2100.

    À la manière du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) qui conseille les pays membres de l'ONU, l'Amap (Arctic Monitoring and Assessment Programme, programme de surveillance de l'Arctique) travaille pour les voisins de l'océan Arctique : Canada, Danemark, États-Unis, Finlande, Islande, Norvège, Russie et Suède. L'organisme vient de réaliser un rapport, élaboré sur la base d'études de climatologuesclimatologues, qui sera remis cette semaine à Hillary Clinton lors d'une réunion des représentants de ces pays le 12 mai prochain.

    Ce rapport est déjà disponible (Snow, Water, Ice and Permafrost in the Arctic (SWIPA) 2011 - Executive Summary, au format PDF et en anglais, voir d'autres liens au bas de cet article). Il aboutit à des conclusions assez alarmistes. Selon lui, il faut s'attendre à la fin du siècle à une hausse du niveau des océans comprise entre 90 centimètres et 1,60 mètre. L'estimation est nettement supérieure à celle du Giec publiée en 2007 et qui indiquait entre 20 et 60 centimètres en 2100. Rappelons que le réchauffement du climat induit une hausse du niveau des mers par deux mécanismes : l'augmentation de volumevolume des eaux superficielles due à l'élévation de température de l'eau (sa densité diminue) et fonte des grands réservoirs d'eau douce actuels, en particulier les inlandsis du Groenland et de l'AntarctiqueAntarctique. D'après l'Amap, la régression des glaciers du Groenland aurait été quatre fois plus forte entre 2004 et 2009 que lors de la période 1995-2000.

    Les régions polaires, et en particulier l'Arctique, vivent un réchauffement plus rapide que les faibles latitudes. © Amap (image extraite du rapport)

    Les régions polaires, et en particulier l'Arctique, vivent un réchauffement plus rapide que les faibles latitudes. © Amap (image extraite du rapport)

    Marée haute en 2100

    Toujours selon le rapport, le Giec aurait été trop prudent dans ses estimations. Actuellement, la régression estivale de la banquise arctique (de l'eau de mer, dont la fonte ne provoque pas d'élévation du niveau de la mer) bat régulièrement des records et il est probable que l'océan Arctique sera libre de glace en été dans trente ou quarante ans, affirme le rapport. L'évolution dans les régions arctiques, où le réchauffement est plus important qu'aux latitudeslatitudes plus basses, est rapide, souligne le rapport, comme on le remarque sur l'inlandsis groenlandais. La réduction annuelleannuelle de la couverture glaciaire est passée de 50 gigatonnes entre 1995 et 2000 à plus de 200 gigatonnes entre 2004 et 2008.

    Ce n'est pas la première étude qui conduit à une prévision de hausse du niveau de la mer plus élevée que les pronosticspronostics du Giec. En 2009, plusieurs articles prédisaient entre 0,75 et 1,90 mètre à la fin du siècle. Très récemment, James Hansen et Makiko Sato concluent à une hausse qui pourrait aller jusqu'à 5 mètres ! Les mécanismes à l'œuvre sont en effet complexes, avec de nombreuses rétroactionsrétroactions, positives et négatives. Par exemple, la fonte de la neige ou de la glace accélère le réchauffement du sol qu'elle recouvrait puisqu'elle fait disparaître cette couche qui réfléchissait la lumièrelumière solaire. Ce phénomène vaut également pour la banquise, qui, par son pouvoir réflecteurpouvoir réflecteur, réduit l'échauffement de l'eau sous-jacente. La diminution de surface de cette banquise conduit donc à une élévation de la température de l'eau, surtout en été, ce qui, finalement, aboutit à une hausse du niveau.

    Les hausses annoncées par ce rapport auraient à l'évidence des conséquences très lourdes sur la vie des populations côtières actuelles. La conférence réunissant les pays concernés aura donc un bon sujet de discussion...