Vous pensiez voter pour des idées ? Eh bien pas seulement ! Des études viennent de montrer qu’on accorde plus facilement notre confiance à des leaders dotés d’une voix grave, qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes. Cela se vérifie même pour des choix à des postes à responsabilités souvent associés à la gent féminine.

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    En politique, on ne vote pas uniquement pour des idées. Mais aussi pour un homme ou une femme. Or, certaines de ses caractéristiques biologiques peuvent nous pousser à préférer un candidat plutôt qu'un autre. Parmi celles-ci : la voix. Plus elle est grave et plus nous sommes enclins à lui faire confiance. Les femmes n'échappent pas à cette règle.

    En tant qu'animal social, l'être humain a besoin de connaître son interlocuteur. Il est cependant difficile de se faire une idée précise d'une personne rencontrée brièvement ou connue uniquement par les médias. Pourtant, notre instinct nous pousse à nous représenter le caractère, les qualités et les défauts de l'autre, et il se base sur des critères parfois purement biologiques.

    Le contexte : la voix en dit plus long que les mots

    Or, chez l'Homme, la communication passe beaucoup par la voix. Elle constitue donc un canal riche en informations que nous analysons inconsciemment. La preuve en est donnée avec certaines études qui démontrent par exemple qu'une femme à la voix aiguë est jugée attirante, tandis qu'une voix grave est associée à la domination.

    En effet, on associerait les sonorités les plus basses à des compétences de leadership, et cela vaut pour les deux sexes, comme en atteste une étude parue en mars dernier dans Proceedings of the Royal Society B. Neuf mois plus tard, ces mêmes auteurs ont poursuivi leur enquête pour voir si le poste prisé avait de l'influence. Leur réponse est fournie dans Plos One.

    Les politiciens vont-ils désormais se forcer à changer le timbre de leur voix pour gagner quelques voix de plus dans les urnes ? © Jean-Alain Dorange, Wikipédia, cc by 3.0

    Les politiciens vont-ils désormais se forcer à changer le timbre de leur voix pour gagner quelques voix de plus dans les urnes ? © Jean-Alain Dorange, Wikipédia, cc by 3.0

    L’étude : la voix grave rapporte des voix dans les urnes

    Dans un premier temps, ces scientifiques de l'université Duke et de l'université de Miami ont fait écouter à 83 volontaires (37 hommes et 46 femmes) une même voix déclinée en deux versions (l'une grave et l'autre aiguë) qui les invitait à voter pour elle lors d'un prochain scrutin. Le panel de faux électeurs était prêt à accorder sa confiance aux versions les plus viriles, aussi bien pour les hommes que chez les femmes (20 % de plus dans les sondages). Selon 210 autres participants, les voix graves étaient associées à la compétence, à la force et à l'honnêteté.

    Le même principe a été repris dans une seconde étude. Cette fois, l'hypothèse était différente. Les scientifiques ont voulu associer l'organe de la parole avec le contexte social. Certains postes à responsabilités, tournant notamment autour de l'éducation des enfants, sont majoritairement occupés par des femmes. C'est le cas par exemple des membres des conseils scolaires, des structures communales visant à superviser les écoles de la ville, ou des associations de parents d'élèves.

    Si ces fonctions sont culturellement associées à la gent féminine, les auteurs ont émis l'hypothèse que ce serait les voix les plus aiguës qui auraient la faveur des électeurs. Mais non, une fois encore, les femmes avec les voix les plus graves étaient préférées par les deux sexes. En revanche, pour les candidats masculins, le résultat est moins marqué. Si les autres hommes sont sensibles aux voix graves, les votantes sont bien plus partagées.

    L’œil extérieur : faut-il se fier à notre instinct ?

    De cette étude, les auteurs retiennent ce qui semble être une généralité : peu importe le contexte social, le timbre de la voix influe de la même façon sur la perception que l'on peut avoir des aptitudes d'une personne pour le leadership.

    Bien évidemment, ce détail ne suffit pas à lui seul pour gagner une élection. Les votants accordent une part importante au programme, aux valeurs et à d'autres informations qu'ils peuvent recueillir sur un candidat ou une candidate. Mais cette expérience révèle quand même certains mécanismes sous-jacents qui nous poussent à attribuer des qualités (ou des défauts) à quelqu'un alors même qu'on ignore quasiment tout de lui. C'est une façon pour nous de distinguer les gens dignes de confiance des autres. Mais notre intuition est-elle toujours bonne ?