Lorsqu’on veut déterminer l’empreinte écologique d’une espèce sur son environnement, il ne faut pas considérer uniquement le nombre de bouches à nourrir… Il faut surtout prendre en compte les besoins énergétiques et se focaliser sur la masse. L’ensemble des adultes humains pèsent 287 millions de tonnes, avec un excédent 18,5 millions de tonnes.

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    De plus en plus nombreux et de plus en lourds. L'humanité ne cesse de croître en nombre et en poids. Nous sommes aujourd'hui plus de 7 milliards d’Hommes sur Terre alors qu'il n'y en avait qu'un milliard il y a encore deux siècles. D'après les estimations, nous devrions atteindre les 8 milliards d'humains vers 2030 et les 9 milliards aux alentours de 2050.

    Depuis les dernières décennies, une épidémie d’obésité se répand à travers le monde, des pays les plus riches vers des pays en développement. L'an passé, la Croix-Rouge affirmait que le surpoids touchait même à l'échelle mondiale davantage de personnes que la malnutrition. En trois mots : l'humanité grossit.

    Ces données ont intéressé des chercheurs de la London School of Hygiene and Tropical Medicine qui ont tenté d'estimer le poids de l'ensemble des 4,6 milliards d'Hommes adultes peuplant la planète. Bilan : 287 millions de tonnes. Dont 15 millions dues au surpoids (IMCIMC compris entre 25 et 30) et 3,5 millions dues à l'obésité (IMC supérieur à 30).

    Le surpoids associé à la consommation d’essence

    Cette étude, publiée dans BMC Public Health, révèle que le poids moyen d'un être humain sur Terre est de 62 kgkg. Mais la disparité est forte. En Amérique du Nord, le continent le plus lourd, la balance annonce en moyenne 80,7 kg, tandis qu'elle s'arrête à 57,7 kg en Asie. Pour poursuivre la comparaison entre ces deux territoires, l'Amérique du Nord représente 6 % de la population mondiale et 34 % du poids dû à l'obésité. L'Asie et ses 2,8 milliards d'adultes (61 % de la population mondiale) ne se retrouve impliquée qu'à hauteur de 13 % dans l'obésité.

    Les auteurs ont également pris la peine de publier le classement des dix pays les plus lourds et les dix plus légers. Les États-Unis figurent tout en haut de cette liste. Si toutes les nations du monde avaient le même IMC, la biomassebiomasse humaine totale s'élèverait de 58 millions de t, soit l'équivalent de 935 millions d'habitants en plus sur la planète. À l'autre extrémité du classement figurent des pays comme l'Érythrée, le Vietnam ou l'Éthiopie.

    Le surpoids et l'obésité représentent 18,5 millions de tonnes. Soit l'équivalent de 200 porte-avions, ou 300 millions d'être humains. © colros, Flickr, cc by sa 2.0

    Le surpoids et l'obésité représentent 18,5 millions de tonnes. Soit l'équivalent de 200 porte-avions, ou 300 millions d'être humains. © colros, Flickr, cc by sa 2.0

    Attention malgré tout à ne pas associer légèreté et pauvreté ou corpulence et opulence. Les Japonais, par exemple, ont un IMC moyen de 22, contre 28,7 pour les Américains et ne se retrouvent pas dans la liste des nations dont les habitants sont les plus lourds. Or, le produit intérieur brutproduit intérieur brut (PIB) nippon, symbolisant la puissance économique, truste la troisième place mondiale. La France, cinquième PIB, n'a pas non plus sa place dans ce triste classement.

    Dans le top 10 figurent des pays plutôt inattendus, comme le Koweït, le Qatar ou encore les Émirats arabes unis. Ian Roberts, l'un des auteurs de ce travail, explique qu'il existe un lien important entre le poids moyen et la consommation d'essence par personne. Or dans ces contrées, les voituresvoitures sont très fréquemment utilisées, du fait notamment d'un pétrole très peu cher, contribuant à davantage de sédentarité.

    Quel impact écologique de l’espèce humaine sur l’environnement ?

    Ce travail révèle finalement plus qu'une liste de poids, il précise l'impact de l'humanité sur son environnement. Chaque être humain a besoin de manger pour vivre, mais les personnes obèses consomment davantage d'énergieénergie pour leur métabolisme, aussi bien pour se mouvoir qu'au repos. La production alimentaire doit donc être adaptée, car ces 18,5 millions de tonnes excédentaires correspondent en réalité à une population mondiale augmentée de 300 millions d'individus.

    Ian Roberts explique dans un article de la BBC que lorsqu'on pense au développement durable, on focalise notre attention sur la population. Or, la question n'est pas tant de savoir combien de bouches il faut nourrir, mais de s'intéresser plutôt à la quantité de chair à pourvoir en énergie.

    Cela change un peu les données du problème. « On reproche toujours aux femmes africaines pauvres d'avoir trop d'enfants. Mais nous devons également penser à cet excès de poids ; cela contribue à dépasser les limites de notre planète. »

    À la veille du sommet Rio+20 sur le développement durabledéveloppement durable, l'éternelle interrogation revient sur le tapis : la Terre pourra-t-elle fournir indéfiniment des ressources alimentaires à l'humanité ? L'économiste Thomas Malthus soulevait la question avec pessimisme en 1798 dans son Essai sur le principe de population. Deux siècles plus tard, la population humaine a grossi ses effectifs de 6 milliards de têtes. Mais jusqu'à quand pourra-t-elle croître ?