La superbe paire de galaxies dite des Antennes est la première scène scientifique dévoilée par Alma, le réseau de 66 radiotélescopes en cours de construction au Chili. Alors qu’il n’est que partiellement opérationnel, il est déjà considéré comme le meilleur instrument du genre, comme en témoigne le nombre d'équipes qui a demandé du temps d'observation.

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    Le consortium scientifique en charge d'Alma (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array), le réseau d'antennes en millimétrique et submillimétrique en cours d'installation dans le désertdésert d'Atacama, au Chili, vient de rendre publique la première image acquise par ce radiotélescope. Il s'agit des galaxies des Antennes, décrites par Willliam Herschel en 1785 et bien connues des astronomesastronomes amateurs. Voisines l'une de l'autre, ces deux galaxies, très déformées par leurs interactions mutuelles, arborent deux longs filaments évoquant des antennes.

    La qualité de cette image confirme les énormes potentialités de ce nouveau radiotélescope, qui comprendra 66 antennes paraboliques (de 7 m et de 12 m) fonctionnant ensemble, par interférométrie, dont 25 sont réalisées par Thales Alenia Space. « Nous sommes en train de vivre un moment historique pour la science et plus particulièrement pour l'astronomie, et peut-être aussi pour l'évolution de l'humanité, car nous commençons à utiliser le plus grand observatoire en constructionconstruction actuellement » a déclaré Thijs de Graauw, directeur d'Alma.

    Les galaxies des Antennes vues par Alma. Lorsqu'il sera pleinement opérationnel, Alma nous dévoilera un univers encore jamais vu. © Alma (ESO/NAOJ/NRAO)

    Les galaxies des Antennes vues par Alma. Lorsqu'il sera pleinement opérationnel, Alma nous dévoilera un univers encore jamais vu. © Alma (ESO/NAOJ/NRAO)

    De beaux résultats avec un instrument en modèle réduit

    Pour comprendre l'enthousiasme de Thijs de Graauw, il faut observer cette vue des galaxies des Antennes, la meilleure jamais réalisée dans les longueurs d'onde submillimétriques. Elle montre un niveau de détail qu'aucun autre télescope, qu'il soit sur Terre ou dans l'espace, serait en mesure d'atteindre. En lumière visible, les observations révèlent les étoilesétoiles qu'abritent ces galaxies. Dans le domaine submillimétrique, Alma dévoile les nuagesnuages de gazgaz froid très denses à partir desquels se forment de nouvelles étoiles.

    Or, cette image des galaxies des Antennes a été réalisée grâce à seulement douze antennes, contre 66 en configuration finale ! Dans sa configuration actuelle, seul un tiers de ces 66 antennes fonctionnent ensemble. Le réseau forme, par interférométrie, l'équivalent d'un instrument bien plus grand. Alma n'est donc encore qu'un modèle réduit de ce qu'il sera une fois terminé, en 2013. Ses images seront alors comparables à celles que l'on obtiendrait avec une antenne de 14 kilomètres de diamètre. Pour celle de ces deux galaxies, les antennes étaient au plus distantes de 125 mètres...