Si l'origine cosmique de l'eau des océans a fait son chemin dans les esprits depuis quelques années, les chercheurs en attribuaient jusqu'à présent la responsabilité aux astéroïdes. Mais voilà que de nouveaux résultats concernant l'étude de la comète Hartley 2 redonnent aux astres chevelus la paternité des océans terrestres.

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    On a très longtemps cru que le dégazagedégazage du manteau terrestremanteau terrestre suffisait à expliquer la présence des océans, tant les gaz volcaniques sont riches en eau. Mais cette certitude a été très fortement ébranlée ces dernières années. En 2008 une équipe internationale de chercheurs, dont des géologuesgéologues de l'Institut de physique du Globe de Paris, avait révélé les résultats d'une étude conduite au niveau des dorsales océaniquesdorsales océaniques. En analysant des échantillons de basaltebasalte, ces chercheurs avaient découvert des compositions isotopiques trop différentes entre le manteau terrestre et l'océan, sous-entendant que ce dernier avait plus de chances d'avoir été formé à partir de matériel extraterrestre. L'an dernier l'étude de 24 Thémis par le télescope IRTF (InfraRed Telescope Facility) avait permis de révéler pour la première fois la présence de glace d'eau à la surface d'un astéroïde, confirmation de ce que soupçonnaient déjà les astronomesastronomes.

    Pour savoir si l'eau extraterrestre est identique à celle de nos océans, les scientifiques traquent la proportion de deutérium, un isotope naturel de l'hydrogènehydrogène. Jusqu'à présent c'est dans les astéroïdes que l'on observait la bonne proportion de deutérium et on en était parvenu à la conclusion qu'ils avaient été les grands pourvoyeurs de nos océans. C'était sans compter sur la comètecomète Hartley 2...

    Une vue détaillée de la comète 103P/Hartley 2, obtenue par la sonde Epoxi en novembre 2009. Les plus petits détails visibles font moins de 10 mètres. © Nasa

    Une vue détaillée de la comète 103P/Hartley 2, obtenue par la sonde Epoxi en novembre 2009. Les plus petits détails visibles font moins de 10 mètres. © Nasa

    Une comète très étudiée

    L'automneautomne dernier a été marqué par le passage d'un nouvel astreastre chevelu, la comète Hartley 2. Découverte en 1986 depuis l'observatoire anglo-australien de Siding Spring par l'astronome britannique Malcom Hartley, la comète Hartley 2comète Hartley 2 passa le 20 octobre 2010 à 18 millions de kilomètres de la Terre. Sa magnitudemagnitude de 5 permit aux astrophotographes de réaliser de magnifiques images de cette belle comète verte. De nombreux télescopes la scrutèrent, dont les observatoires spatiaux Wise et Hubble. Mais c'est surtout la rencontre entre la comète et la sonde Epoxi à 700 kilomètres de distance le 4 novembre qui suscita l'enthousiasme. Ce survolsurvol révéla que la comète avait une forme bilobée rappelant étrangement l'aspect de l'astéroïde Itokawa.

    Depuis un an, les astronomes s'emploient à dépouiller les multiples données recueillies pendant la campagne d'observation de cette comète. C'est le télescope spatialtélescope spatial infrarougeinfrarouge Herschel qui a fait une découverte des plus inattendues, selon une étude publiée le 5 octobre dans la revue Nature. Alors que jusqu'à présent les comètes observées présentaient une proportion de deutérium inappropriée pour avoir pu jouer un rôle dans l'apport d'eau sur Terre, Hartley 2 a montré qu'elle contenait de l'eau avec la même signature chimique que celle des océans terrestres.

    On estimait ces dernières années que l'eau d'origine cométaire représentait moins de 10 % du volumevolume de nos océans ; la découverte du télescope Herschel signifie que les comètes ont sans doute joué un rôle bien plus important que prévu.