Grand spécialistes des étoiles, l’académicien Evry Schatzman est décédé ce 25 avril 2010. Considéré comme le père de l’astrophysique théorique dans la France de l’après-guerre, il avait formé une génération d’astrophysiciens et écrit plusieurs ouvrages dont un célèbre traité d’astrophysique générale avec un autre académicien, Jean-Claude Pecker.


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    Evry Schatzman expliquant un point d'astrophysique. © CNRS 
    Evry Schatzman expliquant un point d'astrophysique. © CNRS 

    Evry Schatzman est né le 16 septembre 1920. Brillamment sorti de l'ENS, il a commencé sa carrière scientifique dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale alors qu'il dut se cacher en raison de ses origines juives. Cela ne l'empêcha pas de se faire connaître par des travaux sur les naines blanches qui l'orientèrent vers la théorie de la structure stellaire et, plus tard, les problèmes de la magnétohydrodynamique de l'atmosphèreatmosphère solaire. Il s'attaqua d'ailleurs à l'énigme du chauffage de la couronne solaire.


    Une présentation en 2011 du Solar Dynamics Observatory - SDO - de la Nasa. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Nasa Goddard

    On lui reconnaît un rôle majeur dans le développement de l'astrophysique théorique en France. Pendant longtemps, la communauté des chercheurs français, stérilisée par l'héritage du positivisme d'Auguste ComteAuguste Comte, était restée fermée et ignorante des développements de la physique moderne. Il était alors difficile d'entendre parler de physique quantique ou de relativité avant de démarrer une thèse. L'astronomie ne faisait pas exception et se réduisait presque à de la mécanique céleste développée par des mathématiciensmathématiciens pour des mathématiciens et à la pure accumulation de données d'astrométrie ou de spectroscopie.

    Tout comme les cours de mécanique quantique d'Albert Messiah, ceux d'Evry Schatzman allaient permettre à la jeune génération de chercheurs de l'après-guerre en France de combler le retard du pays notamment en publiant un traité d'astrophysique avec Jean-Claude Pecker. Soulignant l'importance de la démarche du physicienphysicien, il ne cessa de rappeler que « l'on fait de l'astrophysique pour comprendre ce qui se passe ».


    En février 2020, le Solar Dynamics Observatory - SDO - de la Nasa a fêté ses 10 ans dans l'espace. Au cours de la dernière décennie, SDO a gardé un œil constant sur le Soleil, étudiant comment il crée l'activité solaire et détermine la météo spatiale - les conditions dynamiques dans l'espace qui ont un impact sur l'ensemble du système solaire, y compris la Terre. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Nasa Goddard

    Marqué par la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle son père avait trouvé la mort en déportation, il s'impliqua beaucoup pour la défense des Droits de l'Homme et les combats contre les totalitarismes. Membre de l'Union rationaliste, il fut un pourfendeur de l'astrologie, de l'ufologie et de la parapsychologie mais fut étonnement hostile à la philosophie de Karl Popper. Il défendit la place des femmes dans la société et en science et on lui doit d'ailleurs un remarquable ouvrage sur les étoiles avec Françoise Praderie.

    Il n'aura malheureusement pas l'opportunité de suivre la moisson de résultats et d'images superbes du SoleilSoleil qu'est en train de fournir le satellite Solar Dynamics ObservatorySolar Dynamics Observatory (SDO).


    Evry Schatzman, astrophysicien, évoque ses débuts à l'IAP, à l'occasion de la journée des célébrations du Cinquantenaire de l'IAP, le jeudi 26 mai 1988. Ces rares images ont été tournées en vidéo 8 mm par Jean-François Dars, alors réalisateur au CNRS. © Institut d'Astrophysique de Paris