Dans quelques jours commencera la mission Mars Science Laboratory dont l'objectif principal est de déterminer si la Planète rouge a été habitable par le passé. En revanche, la Nasa n’a pas jugé utile de doter le rover Curiosity d’instruments capables de débusquer des traces de vie actuelles. À moins qu'un organisme de quelques centimètres ne vienne gambader devant une caméra...

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    Curiosity succède aux rovers Spirit et Opportunity de la mission MER que la Nasa a fait atterrir en 2004. En révélant l'existence d'environnements humides dans le passé de la planète, ils ont ouvert la voie à la mission Mars Science LaboratoryMars Science Laboratory (MSL). Avec les données fournies par les sondes en activité autour de la planète, de nombreux scientifiques ont acquis la certitude que cette planète a très vraisemblablement pu être propice à la vie à une certaine époque.

    Cette nouvelle mission, dont le lancement est prévu le 29 novembre, vise à déterminer si la vie a pu exister sur la planète Mars, à caractériser son climatclimat, mieux connaître les processus géologiques et préparer l'exploration humaine de Mars. L'hypothèse d'une vie actuelle est d'emblée négligée, voire rejetée par la Nasa. Le seul objectif en liaison avec l'exobiologie est donc la recherche de conditions passées ayant pu permettre l'existence de la vie, et non de la recherche de la vie elle-même.

    Comme l'explique la Nasa, Curiosity doit « déterminer la nature et l'inventaire des composés carbonés organiques et identifier les éléments qui peuvent enregistrer les actions de processus relevant de la biologie ». Le rover n'embarque cependant aucune expérience visant à détecter une forme de vie actuelle, comme la mission Viking en son temps.

    Le parti pris de la mission est de considérer que même si cette vie a existé, elle a disparu ou est indétectable directement. Ainsi, la camera en champ proche (Mahli) est, par exemple, inapte à déceler une trace microbienne ou des microfossilesmicrofossiles. Sa résolutionrésolution maximale est de l'ordre de 15 microns, soit 0,015 mm. Pourtant, en raison du site choisi (le cratère Gale, autrefois inondé assez longuement pour que des dépôts sédimentaires s'y soient sans doute produits), on ne peut négliger le fait que des fossilesfossiles macroscopiques puissent être découverts par les cameras du rover. Si tant est qu'ils existent car rares sont les scientifiques à penser que la vie sur Mars ait pu aller jusqu'à de telles formes macroscopiques...

    Le cratère Gale à l'intérieur duquel doit se poser Curiosity pour une mission qui devrait durer plus de deux années terrestres. © Nasa/JPL/Esa/DLR/FU Berlin/MSSS

    Le cratère Gale à l'intérieur duquel doit se poser Curiosity pour une mission qui devrait durer plus de deux années terrestres. © Nasa/JPL/Esa/DLR/FU Berlin/MSSS

    Reste que ce parti pris n'est pas non plus dénué de bon sens. La vie en surface sur Mars est très vraisemblablement impossible. Dans une atmosphèreatmosphère à très faible pressionpression (un millième de celle régnant à la surface de la Terre), avec une stérilisation permanente par les radiations solaires et spatiales et un environnement acideacide, aucune forme de vie terrestre connue ne pourrait y survivre.

    Enfin, parmi les instruments embarqués, c'est Sam (Sample Analysis at Mars, un ensemble d'instruments et d'outils de manipulation d'échantillons) qui est le plus susceptible de détecter des déséquilibres isotopiques de certains atomesatomes, par exemple le carbonecarbone du CO2 ou du méthane martien (dont l'origine reste mystérieuse), et qui pourraient témoigner d'une activité biologique.

    En conclusion, si la vie ancienne a existé à foison sur Mars, Curiosity devrait la trouver. Mais si elle s'est réfugiée actuellement dans les profondeurs du sol ou bien si les traces d'une vie passée ont été balayées de la surface par l'érosion et les radiations, nous ne verrons rien...