L’Agence spatiale européenne participera au développement du futur véhicule d’exploration spatiale de la Nasa, l'Orion-MPCV. Seule déception : cet engagement ne lui permet pas de bénéficier d’une place à bord d'un vol habité pour un de ses astronautes.

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    Réunis en session extraordinaire à Naples, les ministres en charge des questions spatiales des États membres de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (Esa) ont décidé de participer au développement du véhicule spatial d'exploration de la Nasa connu sous le nom d'Orion-MPCV. L'Esa fournira le module de service de l'engin, qui pourrait envoyer des astronautes autour de la Lune à l'horizon 2020 puis vers un astéroïde et Mars.

    L'idée de s'engager dans le programme OrionOrion-MPCV part du principe que l'Europe se doit de participer à l'aventure du vol habité. Elle était décidée à le faire en partenariat plutôt que seule : depuis plusieurs années, l'enjeu consistait à définir la forme de cette participation.

    Lors du Salon du Bourget de juin 2011, Jean-Jacques Dordain, le directeur général de l'Esa, expliquait vouloir capitaliser sur le programme ATV en développant un module qui pourrait devenir un élément du futur véhicule spatial habité de la Nasa. Le 16 janvier dernier, devant la presse du secteur spatial, il a précisé que cette contribution pourrait prendre la forme du module de service du MPCV.

    Vol d’essai inhabité prévu en 2017

    La décision de l'Europe lui donne l'opportunité d'utiliser au mieux les capacités développées pour l'ATV et Columbus et de rentabiliser ses technologies. Quant à la Nasa, elle pourra raccourcir de façon significative le calendrier de développement de cet engin, dont le premier vol d'essai inhabité est prévu en 2017, et abaisser le coût de ce programme.

    La participation de l’Esa à l’Orion-MPCV se fait dans le cadre du <em>barter element</em>. Il s’agit d’un système de troc mis en place par les partenaires de la Station spatiale internationale : chacun paie son utilisation de l'ISS par la fourniture d’un service. Sur ce schéma on peut voir entre autres la capsule Orion (<em>Orion capsule</em>) et la partie inspirée de l'ATV (<em>ATV derived unit</em>). © Esa

    La participation de l’Esa à l’Orion-MPCV se fait dans le cadre du barter element. Il s’agit d’un système de troc mis en place par les partenaires de la Station spatiale internationale : chacun paie son utilisation de l'ISS par la fourniture d’un service. Sur ce schéma on peut voir entre autres la capsule Orion (Orion capsule) et la partie inspirée de l'ATV (ATV derived unit). © Esa

    Les atouts de l’Europe pour les vols habités

    À brève échéance, la participation européenne pourrait aussi déboucher sur une coopération élargie à beaucoup d'autres domaines liés à l'exploration. En effet, en 2009, Jean-Jacques Dordain envisageait un accord à long terme avec les Américains sur l'exploration, pour que la contribution de l'Esa ne soit pas un acte isolé ni ne débouche sur une impasse pour l'industrie spatiale européenne. Autrement dit, l'objectif de ces partenariats futurs est de permettre à un Européen d'embarquer à bord d'une mission d'exploration de la Nasa.

    Ce ne sera peut-être pas le cas rapidement. Malgré cette participation au développement de l'Orion-MPCV, l'Europe ne pourra pas envoyer un de ses astronautes à bord de cet engin. La contribution européenne est seulement la contrepartie du loyer que l'Esa doit régler auprès de la Nasa pour la période 2017-2020.

    C'est peut-être une surprise pour certains, mais en matièrematière de vol habité, l'Europe est tout à fait capable de développer son propre système de transport spatial. Il n'existe aucune barrière technologique pour empêcher son développement dans des délais raisonnables. Les seuls freins sont le volet financier et la volonté politique. Dans le contexte actuel de réduction des budgets, aucun État ne peut se permettre de mener un programme d'exploration spatiale habitée à lui seul.

    Depuis l'abandon en 1992 de l'avion spatial Hermès, l'Europe n'a mené aucun programme de vols habitésvols habités mais a maintenu des études exploratoires. Certaines ont débouché sur des projets concrets, comme le démonstrateur de rentrée atmosphériquedémonstrateur de rentrée atmosphérique ARD (1998), la participation de l'Esa au programme X-38 de la Nasa (abandonné depuis) ou encore PhoenixPhoenix, qui  a exploré les phases critiques du lancement et le démonstrateur de rentrée atmosphérique IXV (Intermediate eXperimental Vehicle) en 2004. Son vol d'essai est prévu en 2014.