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    Malgré leur diversité, les droguesdrogues partagent toutes une caractéristique commune : elles jouent sur le circuit de la récompensecircuit de la récompense et stimulent la libération de dopaminedopamine.

    Système neuronal. © Sashkin, Shutterstock

    Système neuronal. © Sashkin, Shutterstock

    Les vertus récompensantes des drogues ont été établies dès la fin des années 1960 en démontrant que les animaux s'administraient eux-mêmes du produit si on leur en donnait la possibilité. Ces expériences d'auto-administration, permettant d'observer la motivation de l'animal pour la drogue, reproduisent en fait les expériences d'Olds et Milner (voir page précédente) en reliant une action de l'animal à l'injection d'une dose de drogue. L'animal, en cas de propriété récompensante de la drogue, associe les deux stimuli et réitère de plus en plus souvent l'action entraînant l'injection.

    Cet effet récompensant sur le cerveaucerveau, que les drogues partagent artificiellement avec de nombreuses expériences comme un bon repas, une relation sexuelle, un film de qualité, etc., laissait penser que les drogues agissaient sur l'organisme en modifiant de quelque manière que ce soit le fonctionnement normal du circuit de la récompense. Malgré le fait que les drogues dont abuse l'Homme soient de nature et de classe très différentes - des stimulants aux narcotiquesnarcotiques entre autres - une cible biologique commune dans le cerveau semblait donc exister. Les connaissances de l'époque pointaient alors du doigt la voie dite "mésolimbique" reliant l'aire tegmentale ventrale et le noyau accumbensnoyau accumbens, à la base du circuit de récompense, et plus particulièrement un neurotransmetteurneurotransmetteur, la dopamine.

    Image du site Futura Sciences

    L’organisation fonctionnelle du cerveau.

    Toutes les drogues agissent sur le circuit de la récompense  et provoquent la libération de dopamine. Mais comment expliquer le mode d'action propre à chacune ? Le but des neurobiologistes depuis plusieurs dizaines d'années est de comprendre les mécanismes cérébraux qui sous-tendent les effets aigus et chroniques des drogues, ainsi que la mise en place des phénomènes de dépendance. Le mode d'action de ces substances chimiques sur les différentes structures cérébrales est donc la clef des avancées thérapeutiques éventuelles. La mise au jour de toutes les étapes de l'entrée de la drogue dans le corps jusqu'au comportement induit est primordial pour mener ce projet à bien (© Cerveau et Psycho, mai-juin 2006).

    L'hypothèse d'une action directe ou indirecte de chaque drogue sur le circuit dopaminergique et plus précisément d'une augmentation probable de la libération de ce neurotransmetteur dans certaines structures cérébrales après la prise de drogue a défié les chercheurs pendant près de vingt ans.

    Les expériences réalisées en lésant chez l'animal certaines structures cérébrales ou en injectant des produits pharmacologiques ont ainsi donné des résultats contrastés pendant deux décennies. Le manque de mesures directes et fiables des taux de dopamine in vivoin vivo a freiné les scientifiques jusqu'à ce que Gaetano Di Chiara et Assunta Imperato, deux neurobiologistes, développent un système de "dialysedialyse cérébral"  leur permettant de suivre les variations des quantités de neurotransmetteurs présentes dans différentes structures chez l'animal éveillé. Cette avancée technique, couplée à l'injection de drogue, leur a permis en 1988 de démontrer que toutes les drogues partageaient la propriété d'entraîner l'augmentation de la libération de dopamine dans le noyau accumbens. L'action des drogues sur le circuit de la récompense devint alors le point d'intérêt principal des neurobiologistes pour comprendre les phénomènes de dépendance.

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    Effet des drogues sur la libération de dopamine dans le noyau accumbens.

    Les psychostimulants (amphétamine et cocaïne), comme les opiacées (morphine) ou l'alcool entraînent une augmentation transitoire, de l'ordre de quelques heures, des taux de dopamine dans le noyau accumbens. Cet effet, observé ici chez le rat, est dépendant de la dose et sa cinétique est différente suivant la drogue injectée. DOPAC et HVA : produits de dégradation de la dopamine. (D'après Di Chiara et Imperato, PNAS, 1988.)