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    Quel que soit notre âge et notre vécu, la jungle enflamme notre imaginaire. Selon les personnalités, elle évoque des mondes bien différents. 

    Racines externes d'un arbre en forêt tropicale. © Hbieser, Pixabay, DP
    Racines externes d'un arbre en forêt tropicale. © Hbieser, Pixabay, DP
    Canopée en forêt amazonienne.  © Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin, DR
    Canopée en forêt amazonienne.  © Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin, DR

    La jungle : territoire hostile ou harmonie avec la nature ?

    Elle peut être un territoire hostile, où les héros qui la traversent sont en proie à une nature agressive : c'est un univers insupportable pour son climatclimat, désagréable pour la multitude d'insectesinsectes qui piquent en permanence et dangereux pour les serpents mortels qui la peuplent. Le décor parfait pour tout bon roman d'aventures.

    Pour d'autres, la forêt tropicale est un havre de paix qui évoque l'harmonie parfaite que l'Homme peut entretenir avec la nature. Derrière la plage de sablesable blanc, de beaux palmiers annoncent une végétation généreuse en formes, couleurs et odeurs exotiquesexotiques. Les colibris virevoltent, les mammifèresmammifères sont des boules de poils qui viennent manger dans vos mains. Le son des cascades y est reposant, enivrant. Le décor parfait pour une publicité d'agence de voyages.

    Canopée tropicale de la forêt de Bilsa, Équateur. © Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin, DR
    Canopée tropicale de la forêt de Bilsa, Équateur. © Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin, DR

    Jungle : sa véritable identité

    Enfer vert pour les explorateurs ou jardin d'Éden pour les biologistes, la jungle est bien un monde de contradictions, de paradoxes, de généralités et d'idées reçues. À commencer par son appellation : au sens strict et naturaliste du terme, la jungle est une formation herbacée, irrégulièrement arborée et typique de l'Inde : c'est le milieu dans lequel Rudyard Kipling plante le décor de son célèbre livre. Rien de comparable à la jungle qui, par abus de langage, nourrit notre imagination !

    Arbre émergent (<em>Phragmateca ecuadoriensis</em>). © Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin, DR
    Arbre émergent (Phragmateca ecuadoriensis). © Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin, DR

    Cette forêt remarquable par sa végétation dense, haute et luxuriante n'est donc pas une jungle, mais une forêt tropicaleforêt tropicale humide, équatoriale, ombrophileombrophile ou pluviale (anglicisme de rainforest). Dans ce type de milieu, les températures sont élevées tout au long de l'année (25-30 °C), les précipitationsprécipitations abondent, plus ou moins régulières selon les mois (1.500 à plus de 3.000 mm/an).

    Un climat qui façonne le paysage végétal

    En général, deux saisonssaisons se distinguent : la saison des pluies et celle où il pleut ! « S'il ne pleut pas, c'est qu'il va pleuvoir », diront les autochtones. Ici, pas d'automneautomne pour voir les arbres jaunirent et dépérir : la saison d'or n'existe pas. La forêt humide est une émeraude biologique inoxydable. Les feuillages sont permanents (ce qui ne veut pas dire que les arbresarbres ne perdent pas leurs feuilles), les plantes fleurissent chacune à leur rythme tout au long de l'année. C'est une forêt caducifoliée « semper virente » (verte en permanence).

    Racines en contrefort d’un kapokier (<em>Ceiba pentandra</em>). © Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin, DR
    Racines en contrefort d’un kapokier (Ceiba pentandra). © Sylvain Lefebvre et Marie-Anne Bertin, DR

    La combinaison de chaleur et d'humidité qui caractérise les forêts pluvialesforêts pluviales est un cocktail idéal à la profusion végétale : fougèresfougères, lianes, moussesmousses, palmiers, arbres titanesques. Dans la représentation populaire, la forêt pluviale n'est pas mise en avant pour sa diversité spécifique (elles sont parmi les plus riches du monde), mais pour la densité de sa végétation... un cliché dénué de sens ! L'explorateur qui traverse la « jungle » à la machette ne se trouve certainement pas dans une forêt vierge (ou primaire, c'est-à-dire inexploitée par l'Homme) : la lumière est si faible dans ce type de sous-boisbois que les plantes peinent à s'y développer.

    Toute personne ayant eu l'occasion de marcher dans une forêt originelle vous le dira : on peut y faire du vélo ! Cependant, une forêt exploitée, dite secondaire, manque de grands arbres : lorsque la végétation reprend ses droits, nourrit par une lumière fortement présente, elle devient si dense que la machette y est, dans ce cas seulement, indispensable...

    Derrière le terme de forêt tropicale se cachent en réalité plusieurs ensembles d'écosystèmesécosystèmes boisés qui se distribuent de part et d'autre de la ligne de l'ÉquateurÉquateur, entre le tropiquetropique du CancerCancer et celui du Capricorne. La forêt tropicale humide, est souvent le premier qui nous vient à l'esprit mais selon l'altitude, le climat et la nature du sol, la forêt tropicale peut montrer des visages totalement différents (forêt sèche, forêt de conifères, savane, mangrovemangrove...). Dans le Nouveau Monde américain, elles sont dites néotropicales. Les forêts humides néotropicales, qui s'étendent du sud du Mexique jusqu'en Argentine, sont celles décrites dans ce dossier.