Aux États-Unis, la société Dronecopter expérimente des drones pour aider la pollinisation d'exploitations produisant des amandes, des cerises et des pommiers. Infatigable et précis, le drone fait mieux que les abeilles, qui connaissent un déclin important ces dernières années.

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    Début juin en France, les apiculteurs se rassemblaient à Paris et plusieurs autres villes de France pour tirer la sonnettesonnette d'alarme et sensibiliser les politiques et la population à l'hécatombe que subissent les abeilles et les autres insectesinsectes pollinisateurs. Les professionnels du secteur pointent du doigt les néonicotinoïdes, qui détruisent le système nerveux des abeilles. par endroits, les pertes dans les ruches atteindraient, rapportent-ils, 80 %. Or, la bonne santé des abeilles reste l'un des meilleurs indicateurs de celle de l'écosystèmeécosystème. En attendant, l'hypothétique applicationapplication de nouvelles réglementations en Europe et dans le monde, c'est la technique qui sert de béquille.

    Outre-Atlantique, plutôt que d'agir à l'origine du problème et retrouver un environnement naturel sain, de gros pulvérisateurs de liquideliquide pollinisateur sont montés sur véhicule agricole. Leur efficacité est toute relative. En revanche, le meilleur vecteur de pollinisation semble être le drone. En renfortrenfort des insectes pollinisateurs, il permettrait même d'augmenter considérablement les rendements des exploitations agricoles. Ce type d'aéronefsaéronefs avait déjà fait l'objet d'expérimentations par des chercheurs japonais il y a plus d'un an pour polliniser des fleurs. Il s'agissait alors de mini-drones à vocation autonome. En dehors des labos, la start-up californienne Drocopter est devenue la première véritable entreprise à polliniser de cette manière des amandesamandes, des cerisescerises et des pommiers. La société a mis au point un brevet qui permet à son drone de pulvériser avec précision la quantité nécessaire de pollenpollen.

    La start-up américaine Dronecopter a déposé un brevet pour son pulvérisateur de pollen. Il permet de doser la quantité de pollen à pulvériser sur la canopée. © Dronecopter

    La start-up américaine Dronecopter a déposé un brevet pour son pulvérisateur de pollen. Il permet de doser la quantité de pollen à pulvériser sur la canopée. © Dronecopter

    Des drones pour faire grossir les pommes

    La mission du drone est préalablement programmée et sa vitessevitesse de déplacement est adaptée automatiquement pour optimiser la quantité de pollens pulvérisée. Un drone peut ainsi couvrir 16 hectares par heure. Après trois ans d'expérimentations, Dronecopter prétend aujourd'hui que ce type de procédé augmente la pollinisation de 25 à 60 % pour ce qui est des cerises et des amandes.

    De plus, contrairement à une abeille, le quadricoptère peut poursuivre son travail la nuit sans broncher, si les fleurs restent ouvertes. Le drone vient également se substituer aux abeilles lorsqu'elles viennent à manquer ou quand le froid est trop important pour elles.

    C'est du côté des vergers que l'étude de Dronecopter révèle la puissance du drone en matièrematière de pollinisation. Le rendement des pommiers reste effectivement plus compliqué à maîtriser et nécessite beaucoup de main-d'œuvre. Il faut souvent gérer chaque pommier de façon manuelle. Par exemple, ceux qui disposent de petites fleurs en abondance produiront de petits fruits valant moins cher sur le marché. Au contraire, des grandes fleurs produiront de grosses pommes plus faciles à commercialiser. Il faut donc ajuster cette pollinisation manuellement.

    Avec le drone, l'étude de Dropcopter vient montrer que la pollinisation est plus efficace et les fleurs d'emblée de tailles plus conséquentes. Les drones peuvent effet vaporiser une quantité importante de pollen dès que la fleur s'ouvre pour favoriser leur croissance. Le rendement serait donc excellent.


    Des drones pour remplacer les abeilles ?

    Article de Marc ZaffagniMarc Zaffagni publié le 13/02/2017

    Une équipe de chercheurs japonais a réussi à se servir d'un drone miniature pour polliniser des fleurs. Une fois rendu autonome, un tel engin pourrait travailler aux côtés des abeilles et des autres insectes pollinisateurs, dont les populations sont en déclin.

    Les abeilles, qu'elles soient sauvages ou domestiques, meurent massivement depuis plusieurs années. Une situation alarmante eu égard au rôle crucial de pollinisateur que jouent ces insectes et les conséquences potentiellement désastreuses sur la production agricole et la biodiversitébiodiversité. On évoque notamment le rôle des pesticides néonicotinoïdes dans la surmortalité des abeilles sauvages. Cependant, les causes exactes de ce phénomène sont toujours sujettes à études et débats.

    Face à cette situation, certains chercheurs ont choisi d'explorer des solutions technologiques susceptibles de pallier ce problème, à défaut de le résoudre. Ainsi, une équipe du National Institute of Advanced Industrial Science (AIST) de Tsukuba (Japon) a conçu un drone pollinisateur qu'elle a testé avec un certain succès. Il s'agit d'un quadricoptère télécommandé miniature acheté dans le commerce pour une centaine de dollars.


    Le drone pollinisateur développé par les chercheurs du National Institute of Advanced Industrial Science a démontré sa capacité à collecter du pollen sur la partie mâle d’une fleur de lys puis à le déposer sur la partie femelle. © New Scientist

    Du crin de cheval et un gel ionique pour collecter le pollen

    Sous le ventre de l'appareil, les scientifiques ont collé une bande recouverte de crin de cheval afin de reproduire les poils minuscules qui recouvrent les pattes des abeilles et leur servent à collecter le pollen. Cette surface a été enduite d'un gelgel ionique offrant une propriété adhésive comparable à celle d'une colle repositionnable. Ensuite, l'équipe de l'AIST a fait voler son drone de sorte à ce qu'il vienne effleurer la partie mâle puis la partie femelle de fleurs de lys japonais rose et blanc afin de collecter et redéposer le pollen.

    Selon le professeur Eijiro Miyako, auteur de cette étude publiée dans la revue Chem, cette démonstration pourrait mener à la création de pollinisateurs artificiels qui viendraient non pas remplacer mais épauler les insectes. Ce procédé reste tout de même très loin de l'efficacité de ces animaux, et même de celle d'humains qui pratiquent la pollinisation manuelle à l'aide de pinceaux comme cela se fait notamment en Chine. Pour le moment, les chercheurs de l'AIST vont s'employer à rendre leur drone autonome de telle sorte qu'il puisse accomplir cette tâche en se basant sur de la géolocalisation et de l'intelligence artificielle.