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Plusieurs explications concernent Louis XIV. Selon une première version, le Roi-Soleil ne supportait pas l'idée de quitter la soixantaine pour devenir septuagénaire. Sa mégalomaniemégalomanie lui aurait fait décider que l'on dirait dorénavant soixante-dix et non septante. Dans une autre version, le roi déclinant aurait perdu tant de batailles dans les années septante, octante et nonante qu'il aurait banni ces mots du vocabulaire...
Date d’apparition de soixante-dix
Ces histoires peuvent séduire, mais leur authenticité est douteuse. La seule certitude est que soixante-dix, quatre-vingts et quatre-vingt-dix sont apparus au cours du XVIIe siècle, celui de Louis XIV. Claude Favre de Vaugelas en donne la preuve quand, dans Remarques sur la langue françoise utiles à ceux qui veulent bien parler et escrire, il écrit :
Septante, n'est Français qu'en un certain lieu où il est consacré, qui est quand on dit la traduction des Septantes [...]. Hors de là il faut toujours dire soixante-dix, tout de même que l'on dit quatre-vingts et non pas octante ou quatre-vingt-dix et non pas nonante.
© Hervé Lehning, Futura.
Vaugelas cite ici la traduction de la Bible hébraïque en grec, dont la lecture du livre XII des Antiquités judaïques de Flavius Josèphe explique le nom de Septante. Selon cet auteur, PtoléméePtolémée II Philadelphe, roi d'Égypte, aurait demandé à Éléazar, grand prêtre des Juifs (à Alexandrie), d'envoyer six anciens de chaque tribu traduire les textes hébraïques. Il conclut étrangement par :
Je ne crois pas nécessaire de donner les noms des septante anciens envoyés par Éléazar.
Pourtant, les tribus d'Israël étant au nombre de 12, les traducteurs auraient dû être 72 (6 x 12). Volonté d'arrondir un nombre qui n'est sans doute qu'un mythe ? Erreur de calcul ? Nous ne saurons jamais, mais nous devons sans doute à Flavius Josèphe l'appellation de Septante donnée à la traduction grecque de l'Ancien Testament. Dans tous les cas, l'article de Vaugelas montre qu'avant lui, 70 se disait communément septante.
Hervé Lehning
En savoir plus sur Hervé Lehning
Normalien et agrégé de mathématiques, Hervé Lehning a enseigné sa discipline une bonne quarantaine d'années. Fou de cryptographie, membre de l'Association des réservistes du chiffre et de la sécurité de l'information, il a en particulier percé les secrets de la boîte à chiffrer d'Henri II.
- Son blog MATH'MONDE sur Futura
- Le dernier livre d'Hervé Lehning :
À découvrir également : L'univers des codes secrets de l'Antiquité à Internet paru en 2012 chez Ixelles.