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Arnold Migus, nouveau directeur général du CNRS(Crédits : CNRS/C. Lebedinski)
Par ailleurs, on a appris aujourd'hui la nomination de Arnold Migus au poste de directeur général du CNRS. Arnold Migus, qui présidait déjà l'ILP (Institut Lasers et Plasmas) a été désigné lors du Conseil des Ministres.
A l'occasion d'une conférence de presse,
Bernard Larrouturou a tenu à s'exprimer sur la crise qui touche le CNRS
( Crédits : Max Planck Society, Munich)
Le conflit entre Bernard Meunier et moi a été voulu et organisé
« Une décision indigne et brutale me frappe et frappe le CNRS en plein élanélan.
» C'est en ces termes que Bernard Larrouturou a choisi de débuter sa lettre adressée au personnel du Centre National de la Recherche Scientifique.
Si l'ancien directeur général reconnaît qu'aux yeuxyeux de certains, il frôlera l'infraction au devoir de réserve, il n'hésite pas à dénoncer les « forces
» qui « ont été à l'œuvre
» dans son limogeage et dans la crise qui touche actuellement le CNRS.
Tout d'abord, il s'étonne qu'aucun reproche ne lui ait été adressé par le ministre de la Recherche : « mon éviction non motivée, au moment où je conduis la mise en œuvre de changements profonds, approuvés par le conseil d'administration avec une très large majorité et avec le soutien explicite de l'Etat, est très grave.
» Et d'ajouter que « cette décision s'appuie très clairement sur une réunion de conservatismes divers
» et qu'elle est « réactionnaire
».
Bernard Larrouturou ne s'arrête pas en si bon chemin. Il évoque également son vécu personnel au sein de l'organisme de recherche, et ses relations tendues avec l'Etat : « Depuis deux ans
..., certaines personnes de l'appareil de l'Etat ont eu la volonté inexorable de me démettre ou de me pousser à la démission.
... Bernard Meunier a été un instrument de cette volonté. Le conflit entre lui et moi a été voulu et organisé.
».
Bernard Larrouturou a déclaré dans une interview ne pas regretter d'avoir mené la réforme du CNRS, mais dénonce le « pilotage trop précis par l'Etat de la recherche publique
» : « Il existe clairement une volonté de mieux - trop - contrôler depuis l'appareil de l'Etat les principaux leviers de la recherche française.
».
Campus de Jussieu, à Paris
Bernard Larrouturou aspire à davantage d'autonomie pour les universités et les établissements de recherche
Dix messages pour l'avenir
Dans sa lettre, avant de prendre congé du personnel du CNRS, Bernard Larrouturou livre dix messages pour l'avenir. S'il explique ne pas se poser en donneur de leçons, il a « la conviction que la recherche française n'aura pas de bel avenir si ces messages ne sont pas entendus.
»
Selon lui, « consciemment ou non, l'Etat organise la faiblesse des établissements publics du dispositif national de recherche.
» Et de prôner « l'autonomieautonomie des établissements
(NDLRNDLR : en particulier les universités) et la responsabilisation de leurs dirigeants.
». Il souhaiterait également que le CNRS clarifie et recentre ses missions, notamment par l'abandon de son pilotage de la recherche universitaire et de sa fonction d'agence pour la recherche nationale.
Il aimerait également voir la recherche française mieux s'inscrire dans la constructionconstruction de l'Europe de la recherche : « Il faut réaliser que, face à l'Amérique du Nord ou à la Chine, chaque nation européenne ne pourra rester en course que si nous développons davantage l'Europe de la recherche. L'espace européen de la recherche est l'espace ou se joue l'avenir de la recherche française.
».
Bernard Larrouturou vient à peine de délivrer son message que son successeur, Arnold Migus, est nommé au poste de directeur général du CNRS. Arnold Migus est spécialiste des lasers et de leurs applications (astronomie, optique,physique...). Membre du Comité National de la Recherche Scientifique de 1995 à 2005, il a présidé le conseil du département des Sciences pour l'ingénieur de 2000 à 2001, et siège au conseil scientifique de la Défense depuis 1998.
Le ministre délégué à la Recherche, François Goulard, a également fait savoir qu'à l'avenir, le directeur général du CNRS serait nommé sur proposition du président, afin d'éviter de générer des tensions entre l'Etat et le CNRS.