Où est en ce moment le rover Curiosity ? Devant le mont Mercou… sur Mars. Pas celui qui est sur Terre, dans le sud-ouest de la France. Le robot a passé beaucoup de temps sur ce site et en a profité pour prendre l’un de ses plus beaux autoportraits depuis son site d'exploration.
au sommaire
Curiosity, illustre prédécesseur de Perseverance, poursuit ses activités sur les pentes du mont Sharp (5.000 mètres d'altitude). Ces derniers jours, il a transmis au JPLJPL, sa maison-mère (sur Terre), un bel assortiment d'images de son environnement prises les 16 et 26 mars derniers, au pied d'un monticule de six mètres de haut, qui a été surnommé le Mont Mercou. À la Nasa, on s'est empressé d'assembler les quelque 71 pièces du puzzle-mosaïque pour obtenir ce beau selfieselfie du rover-explorateur devant ce site exceptionnel. Il se compose exactement de 60 images prises le 26 mars avec la caméra Mahli (Mars Hand Lens Imager)), et de 11 autres, capturées 10 jours plus tôt, du haut de la Mastcam.
Un double du mont Mercou sur Mars
Cela fait plusieurs semaines que le robotrobot tourne autour de ce relief. Il intéresse beaucoup les géologuesgéologues sur Terre en effet pour tout ce qu'il a raconté sur le passé de Mars. Son aspect feuilleté est comme un livre que les scientifiques veulent ouvrir. Comme vous pouvez le voir, Curiosity a procédé à un forage sur le site. C'était le 30e de son expédition qui a débuté il y a bientôt neuf ans. L'endroit a été nommé « Nontron », en référence au village éponyme situé en Dordogne, où de la nontronite a été découverte en 1822.
Tout indique que la région en contient comme l'ont montré les observations réalisées depuis l'orbite martienne. Et devinez ce que l'on trouve sur Terre, en France, à proximité de cette commune du sud-ouest ? Le mont Mercou. La colline de 316 mètres se retrouve donc désormais sur les cartes de deux planètes différentes.
Sur Mars, Curiosity se prend en selfie sur un site exceptionnel riche en argile
Article de Xavier DemeersmanXavier Demeersman publié le 25 octobre 2019
Cinquante-sept images composent ce superbe selfie de Curiosity et de son environnement martien réalisé il y a quelques jours. Le site de « Glen Etive », où le rover vient de faire deux forages, s'avère très précieux et retient toute l'attention des chercheurs de la Nasa.
Seul sur Mars, en tout cas seul robot au sol en service actuellement, l'infatigable Curiosity poursuit ses activités de géochimiste sur les flancs du mont Sharp. Le 11 octobre dernier, lors de son 2.553e jour martien, le rover a profité d'une pause dans son travail pour réaliser un nouvel autoportrait.
Les 57 images individuelles prises patiemment avec la caméra Mahli (Mars Hand Lens Imager) qui équipe son bras robotiquerobotique ont été « cousues » ensemble pour composer ce sublime tableau dans lequel on peut admirer l'astromobile d'une tonne - c'est l'occasion de voir dans quel état il est et d'ailleurs, on notera que Curiosity est barbouillé de poussière des pieds à la tête ; il se fond de plus en plus dans le paysage - et son environnement. Et quelle beauté tout autour de lui. Une beauté aride, certes, mais fascinante.
Ainsi, au loin, sur l'horizon, peut-on voir les remparts nord du cratère Gale (au passage, rappelons que le rover s'est posé au pied du mont Sharp, au centre de ce cratère de 155 kilomètres de diamètre, il y a déjà sept ans maintenant). En haut à droite de l'image, on aperçoit un morceau des niveaux supérieurs de l'édifice qu'arpente méticuleusement le rover. Dans le prolongement de cette pente, à l'arrière-plan, et à quelque 300 mètres de Curiosity, on distingue la masse sombre de la crête Vera Rubin qu'il explorait un an plus tôt. À ses pieds enfin, à gauche, à mi-chemin quasiment entre ses deux roues avant, deux petites piqûres dans le sol : les forages opérés par l'astromobile il y a un peu plus d'un mois.
Un site particulièrement intéressant
Nommés « Glen Etive 1 » et « Glen Etive 2 », les deux trous, et surtout la matière récoltée, ont une saveur toute particulière pour les chercheurs de la mission. Il y a un mois en effet, le 24 septembre, c'était la deuxième fois seulement depuis le début de son séjour sur Mars que le petit laboratoire sur roues tout-terrain, de son vrai nom MSL (Mars Science LaboratoryMars Science Laboratory), se livre à une expérience de chimiechimie par voie humidevoie humide (en anglais, wet-chemistry). Sur les 74 gobelets disposés au sein de l'instrument SAM (Sample Analysis at Mars), neuf sont dotés de solvantssolvants qui offrent la possibilité de détecter la présence de matière organique.
Le site de « Glen Etive », au cœur de l'« unité d'argileargile » (identifiée depuis l'espace) lequel site n'a bien sûr pas été choisi au hasard, est tout indiqué pour ces recherches car, si ça se trouve, ces roches ont conservé des traces de vie passée. Que disent les résultats ? Rien, pour l'instant. Il va en effet falloir être patient : « les données de SAM sont extrêmement complexes et prennent du temps à interpréter » a rappelé Paul Mahaffy, en charge de l'instrument à la Nasa. Aussi, rendez-vous début 2020 pour découvrir les secrets que renferment ces échantillons réduits en poudre. Voilà qui aiguise notre curiosité.
Sur Mars, Curiosity explore un nouveau site riche en argile et nous offre un selfie
Article de Xavier Demeersman publié le 31 mai 2019
Quand il ne travaille pas, le rover Curiosity regarde les nuagesnuages défiler dans le ciel et se prend en photo. Voici son dernier autoportrait, réalisé dans une région riche en argile sur les pentes du mont Sharp.
Le 6 août prochain, cela fera sept ans déjà que Curiosity a débarqué sur Mars, dans le cratère Gale. Sa mission d'exploration, loin d'être achevée, se poursuit toujours sur les flancs du mont Sharp, point culminant (5.500 mètres) constitué d'un empilement de couches sédimentaires. L'astromobile, qui ne prend jamais de vacances, a récemment réalisé ses vingtième et vingt et unième forages : « Aberlady » et « Kilmarie », dans le sol d'une région qui était apparue très riche en argile aux yeux des sondes en orbite il y a plusieurs années, bien avant l'arrivée de Curiosity. C'est entre autres pour cette raison que ce site a été choisi. Et ça se confirme : l'argile abonde. Le scénario le plus probable pour l'expliquer est qu'il y avait bien un lac à cet endroit, il y a environ 3,7 milliards d'années, et que les argiles s'y sont formées au fond, en interaction avec l'eau.
Curiosity observe des nuages noctulescents
Sur ce tout nouveau selfie de Curiosity, les deux trous « Aberlady » et « Kilmarie » sont visibles à ses pieds. L'image prise le 12 mai - lors de son 2.405e jour sur Mars - se compose de 57 photos individuelles capturées par Mahli (Mars Hand Lens Imager), la caméra qu'il tient au bout de son bras robotique.
Bien que l'essentiel de son activité soit de regarder le sol de Mars pour le caractériser - et comprendre son évolution, son habitabilité -, il arrive aussi que le rover ait le neznez en l'airair, parfois sur un coucher de soleilsoleil à l'horizon et parfois pour deviser le temps qu'il fait. Et il y a quelques jours, le 17 mai, le rover a aperçu des nuages défiler au-dessus de lui. Des nuages noctulescents, haut perchés (à une altitude estimée de 31 kilomètres), qu'il a pu photographier avec sa caméra de navigation NavCam. Et d'ailleurs, histoire de mieux inférer leur altitude, la Nasa en a profité pour tourner les yeux du robot InSightInSight (à 600 kilomètres de là) sur ces nuages de glace, au même moment.
Curiosity nous offre son dernier selfie et un superbe panorama de Mars
Article de Xavier Demeersman publié le 5 février 2019
Curiosity nous a envoyé un nouveau selfie. Il vient d'être réalisé sur le flanc nord de la montagne qu'il escalade. Depuis ces hauteurs, le rover en a profité aussi pour capturer un splendide panorama. C'est la première fois que le robot se retourne pour contempler ce paysage. Au loin, les remparts du cratère où il se trouve et, dans la plaine, on peut voir tous les sites qu'il a visités depuis son arrivée sur Mars, il y a cinq ans et demi.
Sur Mars, à une centaine de millions de kilomètres de la Terre, l'infatigable OpportunityOpportunity a fêté, le 25 janvier dernier, son quatorzième anniversaire d'exploration dans la région de TerraTerra Meridiani -- 45 kilomètres ont déjà été parcourus en 4.836 jours martiens. Une prouesse ! Presque à la même latitudelatitude, mais à 8.400 kilomètres de là, Curiosity poursuit de son côté l'ascension du mont Sharp, édifice de 5.500 mètres de haut qui campe au centre du cratère Gale (154 kilomètres de diamètre) où le rover d'une tonne a atterri voilà maintenant cinq ans et demi. Les deux astromobiles se portent bien et, chemin faisant, prolongent leurs missions d'investigations des roches martiennes.
Il y a quelques jours, Curiosity a transmis aux équipes qui le pilotent et prennent soin de lui, un nouvel autoportrait. Le tableau se compose de dizaines de photos indépendantes assemblées qui ont été prises durant la journée du 23 janvier avec la caméra Mahli (Mars Hand Lens Imager) sur son bras articulé. On peut admirer le rover poser sur la crête Vera Rubin où il séjourne depuis plusieurs semaines. Juste derrière lui, un terrain en pente riche en argile que les « scientifiques sont impatients de commencer à explorer », écrit la Nasa. Il est prévu qu'il s'y rende au cours des prochaines semaines. Tout au fond, derrière le rover, on reconnaît le sommet du mont Sharp qu'il atteindra, qui sait, peut-être un jour.
Un fantastique panorama où l’on retrouve le parcours de Curiosity sur Mars
Depuis les hauteurs de la montagne qu'il arpente (sur le flanc nord), Curiosity jouit d'un point de vue unique sur les paysages qui l'entourent, sur des dizaines de kilomètres à la ronde. Les équipes du rover ont tenu à partager la vue saisissante qui s'étalait devant lui en octobre dernier. Le robot a pris quelques heures pour réaliser ce magnifique panorama avec l'œilœil gauche de la caméra de son mât (voir ci-dessus). C'était peu avant le solstice d'hiversolstice d'hiver dans l'hémisphère nordhémisphère nord martien. Le temps était au beau fixe, offrant de beaux détails sur les collines lointaines, à plus de 80 kilomètres.
« Même si Curiosity grimpe régulièrement depuis cinq ans, c'est la première fois que nous regardons en arrière et voyons toute la mission en dessous de nous », a commenté Ashwin Vasavada, chercheur de la mission au JPL.
Panorama créé à partir de 16 images prises par la caméra du mât (MastCam) de Curiosity le 25 octobre 2017, depuis le site Vera Rubin, sur le flanc nord du mont Sharp. Le rover balaie la frontière sud-ouest (à gauche) aux bords nord-est (à droite) du cratère Gale où il a atterri en août 2012. Depuis ce point de vue, le rover embrasse tous les sites qu’il a visités dans la plaine et sur les premiers contreforts de cette montagne. © Nasa, JPL-Caltech, MSSS
Tout au fond, à l'arrière-plan, on aperçoit dans des tons éthérés, les remparts nord de l'immense cratère d'impact formé il y a plus de 3,6 milliards d'années. Plus près, dans la plaine -- les recherches de Curiosity ont révélé qu'il s'agit d'un ancien lac --, on aperçoit les principaux sites que le rover a visités depuis son arrivée le 6 août 2012. 18 kilomètres ont été parcourus depuis le site d'atterrissage et l'astromobile s'est élevé de 327 mètres. Sur ces images, la balance des blancs a été travaillée de façon à obtenir un rendu des roches comme elles nous apparaîtraient de jour, sur Terre (ce qui facilite le travail des géologues).
Un panorama exquis que vous pouvez retrouver ici en haute résolutionrésolution et avec un luxe de détails. On a littéralement l'impression d'y être, de sentir les rayons du Soleil d'hiver et une légère brise martienne... Des paysages transformés depuis des milliards d'années par les alizésalizés et aussi, dans la jeunesse de la planète, par l'eau. Vous pouvez également télécharger une version avec tous les sites visités par le rover annotés ici.
Curiosity : un étonnant selfie sur un sol très hydraté
Article de Xavier Demeersman publié le 26 août 2015
Curiosity s'est offert un nouvel autoportrait qui combine une mosaïque d'images prises la veille du troisième anniversaire de son arrivée sur Mars, dans le cratère Gale. Le site de Marias Pass, où il était ces dernières semaines, sur les flancs du mont Sharp, témoigne d'un taux d'hydrogènehydrogène et de silicesilice plus élevé que dans les autres endroits visités par le rover. Il s'agit de précieux indices de matériaux hydratés témoignant de l'histoire passée de Mars et que les planétologues espèrent bien déchiffrer.
Le 6 août 2015 marquait le premier anniversaire de la sonde européenne Rosetta autour du noyau de la comètecomète Tchouri, une semaine tout juste avant son passage au périhélie. À quelques millions de kilomètres de là, Curiosity fêtait seul sur Mars le troisième anniversaire de son débarquement à l'intérieur du cratère Gale. La veille, lors du sol 1.065 (1.065e jour martien), le rover américain s'est livré à un méticuleux autoportrait ou selfie.
Le tableau final réunit pas moins de 92 images brutes individuelles capturées durant une heure avec la caméra Mahli (Mars Hand Lens Imager), installée au bout de son bras articulé. Elles sont visibles, séparément, au sein de la galerie dédiée du site de la Nasa. Par ailleurs, l'excellent blog d'Emily Lakdawa (journaliste à la Planetary Society) offre de les découvrir toutes ensemble, réunies en une seule image non traitée et non combinée. Une vidéo très intéressante, visible sur YouTube, illustre la méthode employée pour acquérir cette mosaïque d'images - une méthode également employée par le rover au début de son séjour sur Mars. Comme l'explique la Nasa dans son communiqué, avant d'envoyer les instructions, des essais furent réalisés au préalable dans un studio-laboratoire sur Terre, avec la doublure de Curiosity (à voir ici). Bien sûr, le bras robotisé n'apparaît pas mais on voit toutefois son ombre projetée sur le sol poussiéreux de la Planète rouge.
Cet autoportrait du 5 août est le cinquième réalisé sur un site de collecte d'échantillons. Les trous que l'on distingue devant le rover ont été forés dans une roche baptisée « Buckskin ». L'image s'inscrit dans la lignée des selfies des sites « Rocknest », « John Klein », « Mojave » et « Windjana ». Pour celui-ci, le rover faisait face au nord-est. À l'arrière-plan, derrière lui, on aperçoit à gauche, au sud de sa position, la silhouette du mont Sharp (5,5 km d'altitude) - qu'il a commencé de gravir en septembre 2014 - et, à droite, en direction de l'ouest, une partie des parois rocheuses qui entourent ce vaste cratère d'impact de 155 km de diamètre.
Un taux élevé d'hydrogène et de silice
Curiosity a grimpé une petite colline d'environ 6 mètres de hauteur et effectué son septième forage à son sommet le 30 juillet dernier (sol 1.060). Le site nommé « Marias Pass » (« le col de Marias ») a particulièrement attiré l'attention des scientifiques de la mission. En effet, en passant dans les parages le 21 mai, l'instrument Dan (Dynamic Albedo of NeutronsNeutrons) avait détecté en mode passif un taux plus élevé qu'ailleurs d'hydrogène dans le sol. Quant aux tirs laserlaser réalisés avec ChemCamChemCam, ils ont révélé un niveau important de silice. En faisant un détour sur son chemin à travers les contrefortscontreforts de cette montagne échafaudée d'empilements de couches sédimentaires, les chercheurs ont donc eu une nouvelle occasion d'étudier un environnement à la jonction de deux couches. Quelques mois auparavant, le rover avait observé, et même foré, dans cette formation sur le site Pahrump Hills. Pour les planétologues, il est important de comprendre quelles étaient les conditions qui régnaient alors dans cette région pour qu'une modification de la composition des sols ait pu être opérée, marquant ainsi une transition.
Version interactive du dernier selfie de Curiosity sur un site de collecte d’échantillons, pour découvrir les paysages qui entourent le rover, actuellement en train de gravir pas à pas les flancs du mont Sharp. La vue à 360° permet de découvrir son environnement proche ou lointain. © Nasa, JPL-Caltech, MSSS, D. Bouic via Emily Lakdawalla
La silice contient du siliciumsilicium et de l'oxygèneoxygène que l'on retrouve abondamment sur Terre dans plusieurs minérauxminéraux, comme le quartzquartz. L'abondance d'hydrogène est interprétée comme des ionsions hydroxyles (OH-) issus de l'eau et liés aux roches. Autant de marqueurs signalant la présence de matériaux hydratés comme l'ont confirmé les passages de Dan en mode actif. « Jusqu'à un mètre en dessous du rover, le sol présente dans cette région trois ou quatre fois plus d'eau que n'importe quel site sur lequel Curiosity a roulé durant ses trois années sur Mars », souligne à ce propos le responsable de l'instrument, Igor Mitrofanov de l'institut de Recherche spatiale de Moscou.
Enfin, on peut se réjouir que les forages aient pu être exécutés sans problèmes de courts-circuits, à l'inverse de ce qui s'était produit en février dernier, à l'occasion d'un transfert d'échantillons réduits en poudre à Pahrump Hills. Curiosity a repris la route le 12 août après plusieurs semaines passées dans cet environnement inédit et avec un échantillon en cours d'analyse. Le 18 août, il avait déjà parcouru 132 mètres.