Certaines étoiles voient leur luminosité varier de façon importante en raison d’un mécanisme lié à l’opacité de l’hélium ionisé. Les observations de Kepler prouvent que des variations bien plus faibles chez des étoiles variables de type δ Scuti s’expliquent de la même manière que pour le Soleil : à l’aide d’une couche convective.

au sommaire


    L'Écu de Sobieski est une petite constellation située juste à l'est de la Queue du Serpent. On y trouve une étoile variable particulière, δ Scuti, située à 130 années-lumière. C'est le prototype d'un type d'étoiles variables, de type δ Scuti, qui sont soumises à de petites pulsations sur plusieurs périodes de quelques heures. Ainsi δ Scuti, étoile géante, passe de la magnitude 4,60 à la magnitude 4,70 suivant deux pulsations principales de 4,65 et 4,48 heures, sur lesquelles s'ajoutent de plus petites pulsations de 2,79 ; 2,28 ; 2,89 heures. Elle est 2,2 à 2,4 fois plus massive que le SoleilSoleil et tourne sur elle-même quinze fois plus vite que lui.

    Le mécanisme principal expliquant le comportement des étoiles variables, particulièrement celui des céphéides, a été découvert au début du siècle dernier par le grand astrophysicienastrophysicien Arthur Eddington. Lorsque la température des couches supérieures d'une étoile augmente, les atomesatomes d'héliumhélium s'ionisent en plus grand nombre, ce qui augmente l'opacité de ces couches. La pressionpression du rayonnement devient plus importante et l'étoile gonfle. La température baissant à cause de la dilatationdilatation du gazgaz, des atomes d'hélium se forment à nouveau, ce qui fait baisser l'opacité et donc la pression du rayonnement. L'étoile se contracte et un nouveau cycle d'oscillations peut débuter. Ce mécanisme, qui fait penser à celui d'un moteur de voiturevoiture, ou à l'oscillation d'une massemasse au bout d'un ressort, a été nommé « mécanisme kappa » en référence à la constante kappa du ressort. C'est lui qui cause la variation de luminositéluminosité de l'étoile.


    Dans cette vidéo de la multiplateforme francophone sur la cosmologie contemporaine, l'astrophysicienne Annie Baglin raconte l'évolution des techniques d'observation du Soleil avec finalement l'apparition de l'héliosismologie. © Groupe ECP, www.dubigbangauvivant.com/Youtube

    Notre Soleil peut lui aussi, d'une certaine façon, être considéré comme une étoile variable en raison de faibles variations périodiques de sa luminosité. Bien moins importantes que dans les céphéidescéphéides, ces variations sont expliquées par la propagation d'ondes à l'intérieur du Soleil, faisant vibrer et osciller sa surface à la façon des ondes sismiquesondes sismiques sur Terre. Une partie de ces ondes est produite par les mouvements convectifsmouvements convectifs présents dans 30 % du Soleil, dans ses couches supérieures. Plus en profondeur, c'est un mécanisme de transport radiatif qui dissipe l'énergieénergie générée dans le cœur par les réactions thermonucléaires. On peut ainsi utiliser l'astérosismologie pour étudier la structure interne du Soleil, comme la sismologiesismologie terrestre révèle celle de notre planète.

    Une couche convective bien réelle pour les δ Scuti

    Comme nous l'a appris la théorie de la structure stellaire, développée par des astrophysiciens comme Eddington et Chandrasekhar, en fonction de la masse d'une étoile et de son évolution, la part de la zone convective et celle de la zone radiative ne sont pas les mêmes. Ainsi, pour des étoiles qui sont justement de type δ Scuti, seulement 1 % de l'étoile correspond à une zone convective. On s'attendait donc à ce que de petites variations de la luminosité de l'étoile ne soient pas dues au mécanisme kappa mais à des oscillations provoquées par ces mouvements convectifs, comme pour le Soleil.

    Les chercheurs ont observé avec Kepler (qui ne sert pas qu'à découvrir des exoplanètes)) une étoile de type δ Scuti. Son nom est HD 187547 en référence au catalogue Henry Draper (HD), un catalogue astronomique regroupant des données astrométriques et photométriques sur plus de 225.000 étoiles, nommé en l'honneur de Henry Draper (sa veuve avait financé la réalisation). Les étoiles contenues dans ce catalogue (qui couvre la totalité du ciel) sont de magnitudes allant jusqu'à 9 ou 10, ce qui en fait des étoiles moyennes pour un télescopetélescope amateur et des étoiles brillantes dans un instrument professionnel. 

    Comme les astrophysiciens l'expliquent dans un article publié dans Nature (donné en lien ci-dessous), ils ont finalement réussi à observer les oscillations de type solaire générées par la faible couche convective de l'étoile. C'est une confirmation de plus de la validité de la théorie de la structure stellaire.