au sommaire
À mesure que la technologie des observatoires terrestresobservatoires terrestres et spatiaux progresse, nous sommes capables de recenser toujours plus d'astéroïdes potentiellement dangereux pour la Terre (NEO pour Near Earth Objects en anglais). Cette amélioration de la surveillance du ciel s'accompagne d'une meilleure connaissance statistique du nombre d'astéroïdes qu'il reste à découvrir. Car c'est là que le bât blesse. Les scientifiques de la Nasa estiment que si plus de 90 % des objets proches de la Terre mesurant plus d'un kilomètre sont déjà découverts, 90 % de la population des NEO supérieurs à 140 mètres restent à recenser et il faut aussi correctement affiner leurs paramètres orbitaux. Notons que toutes ces statistiques, et bien d'autres encore sur ces astéroïdes, sont disponibles en ligne et mises à jour quasi en temps réel sur ce site de la Nasa.
La chute de la météorite de l'Oural, en février 2013, a montré à quel point la Terre était vulnérable face à la menace des astéroïdes. Cet objet n'avait pas été détecté à temps pour prévenir les populations concernées par son entrée atmosphérique. Afin de se prémunir d'un autre évènement de ce type, l'Agence spatiale américaine surveille le ciel.
Pour ce faire, elle dispose d'un réseau de télescopes terrestres et spatiaux répartis autour de la Planète. Tous ne lui appartiennent pas, mais des accords de coopération facilitent leur utilisation dans ce cadre. Pour améliorer ce dispositif de surveillance du ciel, le 12 octobre 2017, la Nasa va profiter du passage à proximité de la Terre de l'astéroïde 2012 TC4, qui ne présente aucun risque de collision avec notre planète... enfin, cette fois-ci. En effet, cet astéroïde est le type même du NEO : son orbite coupe celle de la Terre et, donc, statistiquement, il y a une probabilité qu'il entre en collision avec elle.
Trajectoire estimée du passage de l'astéroïde 2012 TC4 en octobre 2017. © Nasa
L'astéroïde 2012 TC4 devrait passer entre la Terre et la Lune
Pour comprendre l'engouement concernant ce passage à proximité de la Terre, il faut avoir en tête qu'on ne sait pas grand-chose de cet astéroïde découvert le 5 octobre 2012. Il n'a jamais pu être observé depuis cette date et ses paramètres orbitaux comme ses caractéristiques présentent un certain degré d'incertitude ; ils ont en effet été calculés à partir de seulement sept jours d'observation en octobre 2012. C'est pourquoi, aujourd'hui, les experts ne sont pas capables de préciser la trajectoire exacte de son passage au-dessus de la Terre. En se fiant aux paramètres mesurés lors de sa découverte, la Nasa estime que 2012 TC4 doit passer entre la Terre et la LuneLune à une distance comprise entre 6.760 et 274.000 kilomètres de nous.
C'est justement cette incertitude qui intéresse la Nasa. Les techniciens et scientifiques de son réseau de surveillance du ciel vont, en quelque sorte, simuler le scénario du pire : un astéroïde inconnu se dirigeant sur la Terre. L'idée est d'utiliser plus d'une douzaine d'observatoires et d'universités de ce réseau pour observer à nouveau, le plus vite possible, l'astéroïde, qui mesure seulement 10 à 30 mètres, puis d'être capable de le suivre en temps réel et de caractériser un certain nombre de paramètres comme sa taille, sa massemasse, sa densité et ses paramètres orbitaux. L'autre aspect de cette expérience est de tester également les temps de réaction, de communication et de montrer les forces et limites de ce réseau.
5.000 astéroïdes nous menacent, dit la Nasa
Article de Rémy DecourtRémy Decourt publié le 26/05/2012
Dernière estimation de la Nasa : environ 5.000 astéroïdes sont potentiellement dangereux pour la Terre. En d'autres termes, tous ces objets du Système solaireSystème solaire circulent sur une orbite suffisamment proche de la Terre pour la couper.
Au sein des agences spatiales, les astéroïdes sont un réel sujet de préoccupation. L'étude de ces vestiges du Système solaire est désormais une priorité pour la Nasa qui veut y envoyer des astronautes. Et que dire de la Chine et autres entrepreneurs privés qui réfléchissent à la façon de les exploiter à des fins commerciales...
Si à l'échelle du temps humain la probabilité d'une collision d’un astéroïde avec la Terre est proche de zéro, elle est certaine à l'échelle de l'histoire géologique. De tels événements se sont produits à plusieurs reprises, parfois dans des proportions cataclysmiques. Si aucun astéroïde actuellement connu ne risque de percuter la Terre dans l'immédiat, certains ont une orbite qui peut les amener un jour sur une trajectoire de collision, à la faveur d'une légère déviation de leur route. D'où la nécessité de réaliser des sondages réguliers du ciel pour affiner les caractéristiques et la trajectoire de ceux que l'on connaît et d'en découvrir d'autres.
Si la fin du monde, que certains pronostiquent en décembre 2012, devait se produire, ce ne sera pas à la suite de la collision d’un astéroïde géant avec la Terre. Jusque-là, tout va bien. © DR
Des astéroïdes potentiellement dangereux selon Wise
C'est ce qu'a fait le satellite Wise de la Nasa. Lancé en décembre 2009, le télescope spatial Wise (Wide-Field Infrared Survey Explorer)) a cartographié deux fois la totalité du ciel dans l'infrarougeinfrarouge. À la clé, de réelles découvertes et une impressionnante collection d'astéroïdes. En octobre 2010, la mission Wise a été rebaptisée Neowise, quand le liquideliquide réfrigérant est venu à manquer pour les deux détecteurs centrés sur les plus grandes longueurs d'ondelongueurs d'onde de l'infrarouge. La Nasa a tout de même poursuivi les observations en utilisant les deux autres en état de fonctionner.
L'Agence spatiale américaine vient de publier un bilan sur la mission Neowise d'où il ressort que le Système solaire serait peuplé d'environ 4.700 astéroïdes (+/- 1.500) de plus de 100 mètres de diamètre, qui pourraient un jour menacer la Terre. Les scientifiques ont basé cette estimation sur l'observation de 107 astéroïdes potentiellement dangereux, c'est-à-dire dont l'orbite s'approche à moins de 8 millions de kilomètres de la Terre. Ils ont ensuite complété ce travail par une extrapolation tenant compte du fait qu'une immense majorité de ces corps échappe à notre observation. La conclusion à retenir est donc qu'un grand nombre de corps menacent la Terre mais que ce danger, à court terme, n'est que potentiel...
Ce qu’il faut
retenir
- La Nasa veut tester son réseau de surveillance du ciel pour éviter de rater des évènements comme celui de la météorite de Tcheliabinsk (Russie, 2013), qui a montré à quel point la Terre était vulnérable face à la menace des astéroïdes.
- L'astéroïde 2012 TC4 sera la cible d'un effort coordonné d'une douzaine d'observatoires terrestres et universités pour le caractériser.
- Le risque d'une collision entre la Terre et un objet quel qu'il soit est très faible. Les agences spatiales développent toutefois des moyens de défense (amélioration de la surveillance du ciel, mission de déviation...).