Un reality show qui, en 2023, installerait quatre personnes sur Mars sans espoir de retour : c’est le projet baroque d’une équipe hollandaise dans laquelle on trouve entre autres un producteur de télévision (Paul Römer) et un prix Nobel de physique (Gerard 't Hooft). Les candidatures seront ouvertes l'an prochain.

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    La Nasa rechigne à préparer une mission humaine vers Mars ? L'Europe n'y pense même pas ? Les Russes n'en sont qu'au voyage simulé ? Les Chinois visent la Lune ? Alors oublions ces puissances publiques aux ambitions en berne et laissons à des esprits déterminés le soin d'exploiter l'étoffe des héros pour non pas visiter mais coloniser la Planète rouge. Bas Lansdorp, cofondateur de l'entreprise Ampyx Power, qui produit une curieuse éolienneéolienne volante, y croit apparemment fermement et fait partie des cofondateurs de Mars One, qui travailleraient secrètement depuis 2011. Cette équipe a le projet, qui semble insensé, d'expédier en aller simple quatre pionniers sur Mars en 2023 puis d'autres jusqu'à établir une colonie fondatrice de 20 personnes en 2033. Aucun moyen de retour ne leur est donné, ce qui simplifie énormément la logistique, explique placidement l'équipe sur le site du projet.

    Cette expédition définitive serait suivie depuis la Terre, comme une sorte de téléréalité. Une telle aventure serait « le plus grand spectacle médiatique de l'histoire » affirme l'équipe sur son site Web. Dans les soutiens de Mars One figure d'ailleurs Paul Römer, un des créateurs du Big Brother Show, une émission de téléréalité fondatrice du genre, au sein de la société de production télévisée Endemol. La caution scientifique est apportée par le physicienphysicien hollandais Gerard 't Hooft, prix Nobel 1999 et spécialiste de la physique des particules, que les fans de Futura-Sciences ont l'habitude de croiser dans la rubrique Sciences.

    Sur les moyens envisagés, l'équipe reste floue mais explique qu'elle aimerait s'adresser à SpaceX, l'entreprise qui a construit le lanceur Falcon-9 et qui a expédié en orbite la capsule Dragon pour aller ravitailler l'ISSISS puis ramener du matériel sur Terre (ce que ne savent pas faire les Européens et leur ATV, ni les Japonais avec leur HTVHTV et ce que ne font plus les États-Unis depuis l'arrêt des navettes). SpaceXSpaceX, fondée par Elon MuskElon Musk, à qui PayPal doit son succès planétaire, n'envisage-t-elle pas de monter une expédition vers Mars ?

    Octobre 2016 : un vaisseau inhabité dépose 2,5 t de nourriture et d'eau qui serviront aux premiers arrivants. © Mars One

    Octobre 2016 : un vaisseau inhabité dépose 2,5 t de nourriture et d'eau qui serviront aux premiers arrivants. © Mars One

    Premières exploitations agricoles martiennes en 2023

    Quoi qu'il en soit, le planning est prêt. En 2013, 40 candidats à l'exode commencent l'entraînement quelque part dans un désertdésert, déjà sous l'œilœil des caméras pour l'épisode 1 du grand reality show. En octobre 2016, le premier module, sans occupants, atterrit sur Mars. En 2018, un roverrover parvient sur les lieux et explore le site.

    Coup d'accélérateur en 2021 avec l'arrivée de deux modules habitables, deux modules de support vie, un module de service et un autre rover. Les installations robotisées commencent à fonctionner à plein, produisant de l'énergieénergie (grâce à des panneaux solaires), de l'eau (extraite du sol) et de l'oxygèneoxygène, et pourquoi pas à fabriquer des briques à partir du sol martien pour construire un jour de nouvelles habitations. 

    Début 2023, les quatre premiers humains à quitter définitivement la Terre se posent sur Mars. Ils commencent à explorer leur monde d'accueil mais passent aussi beaucoup de temps à agrandir leur domaine et à peaufiner leur installation. Les premières plantes poussent dans les serres... Le deuxième groupe les rejoint en 2025. Outre l'exploration de la planète, une des occupations des colons, explique le projet Mars One, pourrait être la fabrication de carburant et d'une fuséefusée de retour vers la Terre... 

    L'équipe insiste sur deux points : les techniques envisagées existent aujourd'hui et nulle contrainte politique ne peut orienter, ou désorienter, le cheminement du projet. Il est clair que sur le plan technique, la possibilité d'un tel voyage ne peut être écartée. En revanche, l'idée de proposer un voyage sans retour vers une vie des plus précaires semble bien hasardeuse. Avant cela, il y aura eu au moins une série de téléréalité sur le thème de l'expérience Mars 500.