Ce petit village en Colombie est réputé pour ses momies. Des momies bien particulières, puisque les premières connues datent des années 1960 et qu'elles se sont formées spontanément ! Un phénomène qui laisse perplexe locaux et scientifiques.


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    Depuis les années 1960, la petite ville de San Bernardo, nichée au cœur des Andes colombiennes, est le théâtre d'un étrange phénomène. Les habitants découvrent régulièrement des corps qui se sont momifiés spontanément dans les caveaux du cimetière municipal !

    Découvrez l'histoire du tombeau de Toutankhamon et des morts étranges qui ont suivi sa mise au jour. © Futura

    Saturnina Torres de Bejarano, décédée il y a 30 ans, est l'un des cas les plus remarquables : elle est si bien préservée qu'elle a sa place dans le musée de la ville, au côté des corps de treize autres personnes. Une bizarrerie dont il n'est possible de saisir l'étendue que lorsque l'on connaît le processus de décomposition d’un corps.

    Qu’arrive-t-il à notre corps après la mort ?

    Juste après la mort, la température corporelle diminue progressivement jusqu'à atteindre la température ambiante. Les bactéries commencent à se multiplier, et des signes de putréfaction précoce peuvent apparaître.

    Après plusieurs jours et pendant plusieurs semaines, les bactéries anaérobies se développent, décomposant les tissus internes du corps. Cela entraîne la libération de gazgaz putrides, ce qui peut provoquer une distension abdominale. Le corps devient progressivement plus mou et la peau peut se détacher. Les fluides corporels commencent également à s'écouler.

    À mesure que la décomposition se poursuit au fil des mois, les tissus mous du corps sont progressivement consommés par les bactéries et les organismes décomposeursdécomposeurs.

    En parallèle, les tissus adipeux restants du corps sont dégradés, entraînant la libération de graisses et d'huiles. À la fin du processus, Il ne reste plus que le squelette et certains tissus résistants, comme les cheveux et les ongles. Le squelette continue ensuite de se décomposer, mais beaucoup plus lentement, à mesure que les nutriments disponibles s'amenuisent.

    Au cours de la décomposition, les insectesinsectes jouent un rôle essentiel. Les nécrophages - vers, larveslarves de mouches et coléoptèrescoléoptères - se nourrissent des tissus mous du corps et accélèrent ainsi sa fragmentation en éliminant une partie de la massemasse corporelle. Ils transforment les tissus mous en matièrematière organique plus simple. Les enzymes digestives des larves et des adultes insectes aident à décomposer les protéines, les lipideslipides et les glucidesglucides. Certains animaux comme les vers de terre creusent des galeries dans le sol autour du corps en décomposition, favorisant ainsi la circulation de l'airair et des nutriments dans le sol. Cela peut faciliter la décomposition des tissus et la réutilisation des nutriments par les plantes environnantes.

    Bien évidemment, les délais exacts et les étapes de décomposition peuvent varier en fonction de la température, du taux d'humidité, de l'utilisation de produits de conservation, ou encore de la présence de prédateurs.

    La momification rituelle : un processus complexe pour arrêter le temps

    Pour empêcher ce phénomène naturel mais, a priori, inéluctable, les anciens Égyptiens momifiaient les corps des défunts. Cela, pensaient-ils, assurait la continuité de l'existence après la mort et maintenait les liens entre le monde des vivants et l'au-delà.

    Les prêtres funéraires commençaient donc par retirer les organes internes, à l'exception du cœur - considéré comme le siège de l'âme - et des reinsreins. Les organes étaient placés dans des vases canopes pour être préservés séparément. Le corps était ensuite lavé et nettoyé avec des solutions de natron, un mélange de sels naturels aux propriétés dessicantes. Le natron était ensuite appliqué sur le corps et placé à l'intérieur pour en absorber l'humidité.

    Ce processus pouvait durer plusieurs semaines, en fonction de la taille du corps et des conditions environnementales. Une fois le corps complètement desséché, il était enduit d'huiles aromatiquesaromatiques et d'onguents pour préserver la peau et masquer les odeurs. Les prêtres enveloppaient ensuite le corps dans des bandagesbandages de linlin, enroulant chaque membre individuellement. Une fois le processus de momification terminé, le corps était placé dans un cercueil en boisbois richement décoré.

    C'est donc peu dire que la momification spontanée qui frappe les corps de ces habitants colombiens est rarissime. En fait, elle l'est tellement qu'on n'arrive pas identifier quels éléments doivent être réunis pour y mener. Certains locaux pensent que cela pourrait être une récompense ou une punition après la mort, quand d'autres attribuent le phénomène à l'alimentation saine et au mode de vie actif des habitants de San Bernardo.

    De leur côté, les chercheurs ont émis l'hypothèse que l'emplacement du cimetière, sur une pente de montagne exposée au ventvent chaud, pourrait créer des conditions semblables à celles d'un four, contribuant ainsi à la déshydratationdéshydratation des corps et à leur momification.

    Mais pour l'instant, le phénomène reste largement inexpliqué et continue de susciter l'intérêt et la perplexité des habitants et des scientifiques.