Cela fait maintenant plus de 20 ans qu'il n'y a aucun vaccin contre la maladie de Lyme sur le marché. Pourtant, avec le réchauffement climatique, cette infection transmise par les tiques pourrait être de plus en plus fréquente. Où en est le candidat vaccin de Pfizer et Valneva qui a déjà fait un bon bout de chemin ?
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La tique est un acarienacarien ectoparasite dont la piqûre peut transmettre des maladies virales et infectieuses. Elle est le deuxième vecteur de maladie humaine derrière le moustiquemoustique. Avec le réchauffement climatique, les régions pouvant l'accueillir mais aussi son abondance et ses périodes d'activités pourraient s'accroître, exposant plus de personnes aux pathogènes qu'elle transporte. Parmi eux, les bactéries du genre Borrelia responsables de la maladie de Lyme transmise par les tiques du genre Ixodes.
Il y a 20 ans, le vaccin Lymerix® était commercialisé aux États-Unis pour prévenir la maladie de Lyme, mais il a été retiré du marché en 2022 sans solution de remplacement. Toutefois, PfizerPfizer et Valneva planchent sur ce sujet et testent depuis plusieurs années leur candidat vaccin contre la maladie de Lyme, VLA 15. La phase 3 des essais cliniques a été lancée en août 2022. Quelles sont les nouvelles depuis ?
Des déconvenues qui retardent les essais cliniques
Pour rappel, VLA15 est un vaccin sous-unitaire qui contient la protéineprotéine OpsA présente sur les Borrelia. Il est multivalent et conçu pour protéger contre six sérotypes de la bactérie. Les résultats de la phase 3, même intermédiaires, sont toujours à venir. En effet, Pfizer a connu un revers en février 2023 en coupant sa relation avec Care Access, une société spécialisée dans la conduite d'essai clinique et partenaire dans le projet Valor (Lyme disease with the Vaccine Against Lyme for Outdoor Recreationists) dans lequel est inclus le vaccin VLA15. Des centaines de volontaires enrôlés aux États-Unis par Care Access ont été exclues de la phase 3 des essais cliniques.
Dans un communiqué, Pfizer écrit : « La vaccinationvaccination de ces participants, représentant environ la moitié de l'ensemble des participants de l'étude, va être interrompue suite à des violations des Bonnes Pratiques Cliniques (BPC) dans certains centres d'essais cliniques gérés par une société d'essais cliniques tierce. L'exclusion de ces participants n'est pas liée à des problèmes de sécurité du candidat vaccin et n'est pas motivée par des effets indésirables qui seraient rapportés par des participants. » Care Access se dit en « désaccord avec cette décision et ses fondements ». L'essai clinique se poursuit dans les centres de recherche clinique qui ne sont pas gérés par Care Access, mais ces déconvenues pourraient retarder la publication de données solidessolides et fiables.
Des nouveaux protocoles éprouvés en parallèle
En attendant, Pfizer et Valneva ont lancé un essai clinique pour VLA15 concernant uniquement les enfants âgés de 5 à 17 ans. C'est le groupe d'âge le plus touché en France devant les 70-79 ans. Le protocoleprotocole est le même que pour les adultes - trois doses injectées en six mois, puis un rappel un an plus tard - et la formule vaccinale identique. L'objectif est de collecter des données d'efficacité et d'innocuité spécifiques aux enfants, une tranche d'âge particulièrement exposée aux piqûres de tiques.
Les deux firmes pharmaceutiques testent aussi un autre protocole vaccinal, comprenant une dose de rappel injectée 18 mois après le protocole initial sur 246 volontaires, certains ont également une dose plus concentrée (l'injection d'1 ml de solution vaccinale au lieu de 0,75 ml). L'objectif est de comparer la réponse immunitaire et les effets secondaires entre les différents protocoles. Les résultats bruts ont été partagés tout récemment, le 21 avril 2023, et doivent encore être mis en forme et publiés dans un journal scientifique. Tout cela avance donc doucement, Pfizer et Valneva espèrent tout de même soumettre un dossier d'autorisation à la FDA (Food and Drug AdministrationFood and Drug Administration) pour 2025.
Le saviez-vous ?
Si aucun vaccin n'est disponible pour traiter la maladie de Lyme, des réflexes simples permettent de limiter les risques de l'attraper :
- vérifier la présence de tiques sur le corps après une balade en extérieur (bien vérifier les plis du corps, la nuque, les chevilles) ;
- retirer la tique avec un tire-tique pour bien extraire sa tête ;
- surveiller l'apparition d'un érythème (tache ou anneau rouge) autour de la morsure pendant plusieurs semaines ;
- en cas d'érythème, consulter un médecin qui pourra prescrire une antibiothérapie préventive.
Maladie de Lyme : dernière ligne droite pour le seul vaccin à l'étude
Article publié le 11 août 2022 par Julie KernJulie Kern
Le seul vaccin à l'étude contre la maladie de Lyme va bientôt être testé lors de la phase 3 des essais cliniques. Le but est de s'assurer de son efficacité et son innocuité.
Un seul vaccin contre la maladie de Lyme est actuellement à l'étude. Élaboré par Valneva et Pfizer, VLA15 s'apprête à être testé lors de la phase 3 des essais cliniques sur 6.000 volontaires, à partir de 5 ans, originaires des États-Unis et de toute l'Europe (50 sites participants au total). L'objectif est de tester l'efficacité et l'innocuité de VLA15 en comparaison avec un placeboplacebo.
Les volontaires recevront trois doses de VLA15, dosé à 180 µg, ou un placebo à 0, 2 et 9 mois. À la suite de cette première série d'immunisation, une dose de rappel sera administrée 12 mois après la dernière. Pour attester l'efficacité du vaccin VLA15, les médecins suivront l'apparition de la maladie de Lyme chez les personnes vaccinées et non-vaccinées.
Des résultats prévus fin 2024
La maladie de Lyme est causée par une bactérie, Borrelia burgdorferi, transmise par les tiques du genre Ixodes. Le vaccin VLA15 est un vaccin multivalent à sous-unitéssous-unités protéiques, c'est-à-dire qu'il ne contient aucun agent infectieux mais des protéines exprimées par celui-ci synthétisées en laboratoire. VLA15 permet de former une immunitéimmunité spécifique à la protéine OspA, présente à la surface de Borrelia burgdorferiBorrelia burgdorferi, qui la neutralise. Sans elle, la bactérie ne peut pas se transmettre de la tique à l'être humain lors de la piqûre. Valneva et Pfizer espèrent obtenir les résultats finaux de cet essai clinique en décembre 2024.
La maladie de Lyme touche plus de 100.000 personnes par an en Europe et 400.000 aux États-Unis. Selon une étude récente, les cas ont explosé de 375 % dans les régions rurales américaines et de 65 % dans les régions urbaines ces 15 dernières années.
Vers un vaccin prometteur contre la maladie de Lyme
Article publié le 9 août 2020 par Julie Kern
Une société française de biotechnologiebiotechnologie conduit des essais cliniques sur un vaccin pour prévenir la maladie de Lyme. Elle a récemment communiqué les premiers résultats de la phase 2 de son essai clinique en cours et ils sont prometteurs.
La société de biotechnologie Valneva, dont le cœur de l'activité est la création de vaccins contre les maladies infectieuses, travaille sur une solution contre la maladie de Lyme depuis plusieurs années. Cette infection bactérienne, causée par la piqûre d'une tique du genre Ixodes infecté par une bactérie du genre Borrelia, est difficile à diagnostiquer. L'érythème migrantérythème migrant, une tache cutanée rouge qui s'étend autour de la piqûre de tique, n'est pas systématique. Les autres symptômessymptômes, comme la fatigue, la fièvrefièvre ou les douleursdouleurs articulaires et musculaires, peuvent passer inaperçus.
De plus, c'est une maladie mal connue de la population, 35 % des Français déclarent n'en avoir jamais entendu parler, selon Santé Publique France. Résultat, le diagnosticdiagnostic de la maladie de Lyme tombe souvent tardivement quand les complications articulaires ou neurologiques sont déjà avancées. On compte environ 50.000 cas diagnostiqués en France chaque année.
Pour le moment, la prophylaxieprophylaxie de la maladie de Lyme est uniquement basée sur la préventionprévention contre les morsuresmorsures de tique et son extraction en cas de piqûre, l'antibiothérapie étant inutile pour cette infection. Une autre solution pourrait être la vaccination. Les premiers résultats de la phase 2 des essais cliniques du vaccin de Valneva, VLA 15, viennent d'être partagés dans un communiqué de presse de l'entreprise. Selon ces derniers, le candidat vaccin est efficace et sans effets secondaires sévères.
VLA 15, un vaccin au principe insolite
Le VLA15 a été testé contre un placebo sur 572 adultes en Europe et aux États-Unis, sains et âgés entre 18 et 65 ans. Deux doses ont été testées, 135 µg et 180 µg, avec, pour chacune, trois injections espacées de 28 jours. L'immunogénicitéimmunogénicité a été établie par un dosagedosage des IgG anti-OspA. Selon ces résultats initiaux partagés par Valneva, les doses sont immunogènes et sans risques sévères. Le taux de séroconversion est situé entre 85,6 % et 97 % pour la tranche d'âge des 18-49 ans. Le communiqué de presse indique aussi que le vaccin est immunogène chez les personnes les plus âgées, particulièrement touchées.
Le vaccin VLA15 protège contre six sérotypes de Borrelia burgdorferi, l'espèceespèce responsable de la maladie de Lyme en Europe et en Amérique du Nord, selon un mécanisme un peu particulier. En effet, après la vaccination, le système immunitairesystème immunitaire produira des anticorpsanticorps dirigés contre la lipoprotéine bactérienne OspA. Cette lipoprotéinelipoprotéine est présente en grande quantité sur la surface de la bactérie quand celle-ci est dans l'intestin de la tique.
Ainsi, lorsque la tique pique, elle ingère les anticorps issus de la vaccination et la bactérie sera neutralisée dans le corps de l'acarien. Ce procédé vaccinal contre la maladie de Lyme est connu depuis les années 90, mais aucun vaccin l'utilisant n'a été commercialisé pour le moment. Valneva espère que VLA15 sera le premier.