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Depuis le Rocher de Monaco, Yann-Erick Claessens a eu la surprise de voir évoluer dans le port cette sorte de grand oiseau nageant : une raie. Il est très rare d'en voir approcher d'aussi près des constructions humaines. Une vidéo montre cette rencontre furtive sur le site d'Ailerons. © Yann-Erick Claessens
Avec ses cinq mètres d'envergure maximale, le diable de mer méditerranéen devrait se remarquer. Mais non. Les observations sont rares et l'UICNUICN classe cette grande raie dans la catégorie « En danger ». Comme son nom l'indique, elle ne vit pratiquement qu'en Méditerranée mais elle est aussi connue en Atlantique, le long des côtes africaines et peut-être au nord de Gibraltar. Mais dans ces eaux, elle peut être confondue avec une autre espèce.
En revanche, en Méditerranée, la confusion n'est pas possible. « Il n'y a pas d'autres espèces semblables » explique Matthieu Lapinski, président de l'association Ailerons (acronyme d'Association ichtyologique pour l'étude, la recherche et l'observation dans la nature des sélaciens)). C'est là, dans le cadre du projet de science collaborative « Diable de mer », que sont centralisées les observations. Grâce aux bénévoles de l'association, scientifiques, étudiants et autres amoureux de la mer, regroupent toutes les données pour le diable de mer afin d'effectuer un recensement suivi de cette espèce menacée. Ailerons s'intéresse aussi à l'accumulation de mercuremercure chez la roussette et à la génétique du requin bleu.
Le diable de mer évite les vagues
C'est donc logiquement à cette association qu'est parvenue la vidéo de Yann-Erick Claessens, qui montre furtivement une raie de cette espèce... dans le port de Fontviel à Monaco. Les images ont été prises au zoom depuis le rocher, à quelques centaines de mètres du musée océanographique de Monaco. Que faisait-elle si près des humains ? « Il y a davantage d'observations l'été, rapporte Matthieu Lapinski. Il y en a eu 4 ou 5 en juillet, d'ailleurs. En général, les observations sont plus nombreuses lorsque la mer est calme et chaude. Si elle est agitée ou plus froide, les raies nagent plus en profondeur. »
C'est grâce à ce genre d'observations, dûment documentées (heure, lieu, circonstances...), que l'association Ailerons peut assurer un certain recensement de cette population raréfiée et difficile à suivre. Alors si, cet été, vous croyez voir une raie manta en Méditerranée, ce sera un diable de mer et il faudra envoyer un email à Ailerons...