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La face du poisson Kryptoglanis shajii présentée ici semble tout droit sortie du film Alien, avec ses quatre rangées de dents pointues. © Lundberg et al., 2014. Proceedings of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia
C'est en 2011 que l'espèce Kryptoglanis shajii a été décrite pour la première fois. Ce poisson-chat souterrain qui vit en eau douce ne voit que rarement la lumièrelumière du jour ; il apparaît parfois dans des puits ou des rizières de la région de Kerala en Inde. Dans un article paru dans Proceedings of the Academy of Natural Sciences of Philiadelphia, des chercheurs décrivent les détails de la structure osseuse de ce poisson plein de surprises !
En effet, observé de près, il soulève bien des questions. D'après John Lundberg, spécialiste des poissons-chats et principal auteur de l'article, « plus nous regardions le squelette, plus il devenait étrange ». Ses caractéristiques sont si inhabituelles que les chercheurs ont eu du mal à le classer dans la famille des poissons-chats.
Comme les silures, les poissons-chats appartiennent à la grande famille des siluriformes. De l'extérieur, K. shajii semble un poisson-chat normal. Il n'a pas de nageoire dorsale et la nageoire anale est allongée. Mais lorsque les chercheurs se penchent sur sa structure interne, cela se complique...
Les photographies de deux spécimens de K. shajii : le petit poisson mesurant moins de 10 cm n’a pas de nageoire dorsale mais une longue nageoire anale. © Lundberg et al., 2014. Proceedings of the Academy of Natural Sciences
Le squelette du poisson-chat révèle des surprises
Pour décrire la structure osseuse de K. shajii, les chercheurs l'ont examiné par radiographieradiographie numériquenumérique et par tomographie à rayons Xrayons X à haute résolutionrésolution. Ces analyses ont fourni des images détaillées en trois dimensions. Les trois spécimens utilisés dans cette étude ont été récupérés en mars 2006 au village de Nellayi, qui se trouve dans l'État du Kerala, dans la région des Ghats occidentaux (Inde).
Tout d'abord, certains éléments osseux étaient absents chez le poisson, ce qui est assez courant chez des poissons souterrains comme K. shajii. Mais certains os étaient modifiés, au point que Lundberg les décrit comme « complètement uniques parmi les poissons-chats et tous les poissons autant que je sache ».
C'était particulièrement vrai pour les os de la tête : la mâchoire inférieure fait saillie ; l'avant du squelette du poisson rappelle le museau d'un bouledogue... Mais contrairement au chien, le poisson-chat possède quatre rangées de dents coniques et bien aiguisées. La raison pour laquelle ce poisson-chat est si différent reste un mystère pour les scientifiques.