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Confiants dans les chances de succès du traitement antiparasitaire par les pinsons des Galápagos eux-mêmes, des chercheurs étudient déjà l'appropriation des boules de coton sur des populations d'une île voisine. D'autres mesurent l'impact potentiel de l'insecticide sur les pinsons et leur environnement. © Michael Dvorak, Wikimedia Commons, cc by 2.5
Les 13 espèces de pinsons des Galápagos sont célèbres pour être l'un des arguments avancés par le naturaliste anglais Charles Darwin lors de la présentation de sa théorie de l'évolution. Le concept explique, par exemple, la variété morphologique de la forme et de la taille des becs des oiseaux ; il est en lien avec un régime alimentaire, lui-même adapté par sélection naturelle à la végétation des îles où les pinsons vivent et se reproduisent. Ainsi, l'espèce Geospiza scandens, pourvue d'un bec fin, se nourrit de la chair de cactus, tandis que Geospiza magnirostris casse des graines à l'aide de son puissant bec.
Les pinsons se différencient par ailleurs dans leur comportement. Ils en présentent même un quelque peu inattendu, comme l'observe depuis peu Sarah Knutie, écologiste de la conservation de l'université de l'Utah de Salt Lake City (États-Unis), sur l'île de Santa Cruz. Elle explique dans une étude parue dans la revue Current Biology comment, par son entremise et celle de ses collègues, les pinsons se débarrassent de la mouche Philornis downsi, un parasite introduit dans l'archipelarchipel dans les années 1960 et dont les larveslarves, par dizaines, pompent le sang des oisillons, conduisant parfois à leur mort.
Incrustées dans les cavités nasales des oisillons, les larves de mouche leur déforment le bec puis affaiblissent leurs hôtes jusqu'à les tuer. Certaines espèces de pinsons commencent à se nourrir des parasites, mais ce comportement est jugé insuffisant pour préserver les populations. © Jody O'Connor, université Flinders, cc by nc sa 3.0
Couvées de pinsons entièrement désinfectées
Sur la base de l'observation d'oiseaux rapportant au nid un bout de corde à linge, la scientifique dépose du coton au sol bientôt récupéré par d'autres individus. L'an dernier, au début de la saisonsaison de reproduction, elle décide avec son équipe de suspendre à des arbresarbres de façon dispersée 30 distributeurs de balles de coton imprégnées pour moitié d'un insecticideinsecticide appelé perméthrine, utilisé par ailleurs dans les traitements antipoux. Le reste du coton est seulement imprégné d'eau pour servir de témoin. À la fin de la période, 22 des 26 nids répertoriés contiennent des boules. Ceux avec de l'insecticide affichent moitié moins de parasites par rapport à ceux pourvus de la solution aqueusesolution aqueuse. De plus, sept des huit nids qui emmagasinent au moins un gramme de coton traité s'avèrent totalement exempts de la mouche tueuse.
Si la stratégie Homme-animal paraît faire ses preuves, comme l'entend Peter Grant, un ornithologueornithologue de l'université de Princeton dans le New Jersey qui étudie les pinsons des Galápagos depuis les années 1970, elle doit être affinée. « À présent, le défi consiste à définir une méthode permettant de livrer efficacement une grande quantité de coton et d'insecticide aux nids », signale-t-il.
Identifiée depuis les années 1990, la menace parasitaire a conduit à d'autres expérimentations et idées, comme l'élevage des oisillons en couveuses, l'intrusion -- considérée comme risquée -- d'un prédateur naturel de la mouche ou encore la fabrication de leurres de pinsons pour détourner le parasite des nids et le piéger.