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L’olinguito est un nouveau mammifère carnivore découvert dans les forêts andines d’Équateur et de Colombie, grandement menacé par la déforestation. © Mark Gurney, cc by 3.0
Dans la presse, on pourrait appeler cela un marronnier. Tous les ans à la même date, le sujet revient sur la table. Mais chaque année avec des nouveautés. Ainsi, depuis 2008, le College of Environmental Science and Forestry (ESF) de l'université d'État de New York (États-Unis) et l'International Institute for Species Exploration (IISE) rendent hommage au célèbre naturaliste suédois du XVIIIe siècle Carl von Linné, père de la nomenclature des espèces, en établissant, le jour anniversaire de sa naissance (23 mai 1707) le top 10 des nouvelles espèces découvertes dans l'année précédente.
En 2013, environ 18.000 animaux, végétaux, bactéries ou champignons ont été décrits pour la première fois par des scientifiques. Des chiffres stables par rapport aux dernières années et qui gonflent un peu plus la liste des espèces connues, répertoriant plus de 2 millions de noms. À ce rythme, il faudrait encore cinq siècles et demi pour découvrir les 10 millions d'autres qui, selon les suppositions des chercheurs, ne nous sont pas (encore) familières. Un délai très long durant lequel une partie d'entre elles pourraient disparaître à jamais dans ces temps de crise biologique.
Des grandes espèces encore à découvrir
La sélection des experts de cette année comporte son lot de surprises et de réjouissances. L'olinguito, par exemple, ou plutôt Bassaricyon neblina selon la nomenclature binomiale imaginée par Linné. Cet ourson-chat carnivore, parent du raton-laveur et pesant 2 kgkg, subsiste dans les forêts denses andines de l'Équateur et de la Colombie. Cela faisait 35 ans qu'aucun mammifère mangeur de viande n'avait été décrit à l'ouest du méridien de Greenwichméridien de Greenwich. Une découverte inattendue et surtout importante, à l'heure où la déforestationdéforestation menace grandement son habitat et sa survie.
L’arbre dragon de Kaweesak, haut de 12 mètres, était bien connu des populations thaïlandaises, mais jamais décrit par les scientifiques. © Paul Wilkin
Autre surprise : l'arbrearbre dragon de Kaweesak, ou Dracaena kaweesakii, implanté dans les montagnes calcairescalcaires de Thaïlande, plus précisément dans les provinces de Loei et Lop Buri. Bien que connue des habitants des alentours, cette asparagale de 12 m de haut était passée inaperçue aux yeux des scientifiques, avant une publication en 2013 dans PhytoKeys. Ses feuilles en épée couleurcouleur crème surlignées d'orange rendent cette plante particulière.
À cela on peut également évoquer le gecko à la queue en feuille, alias Saltuarius eximius, petit lézard du nord-est australien. Comme son nom commun l'indique, ce sauriensaurien est doté d'une queue ayant l'apparence d'une feuille d'arbre, venant parfaire une tenue de camouflage déjà bien conçue, le dérobant à la vue de ses prédateurs, et lui permettant d'attendre patiemment qu'une proie passe à sa portée. Ces trois découvertes révèlent, à elles seules, que toutes les « grandes espèces », visibles à l'œilœil nu, n'ont pas encore été décrites, et qu'il doit en demeurer d'autres ayant échappé à la sagacité des chercheurs.
L’originalité, une règle naturelle
Néanmoins, d'autres étaient plus difficiles à distinguer, comme ces anémones de mer de moins de 2,5 cm de long vivant sous les glaciersglaciers de l'AntarctiqueAntarctique, dans une région difficile d'accès. La découverte d'Edwardsiella andrillae pose question, car jusqu'alors jamais un tel groupe n'avait été repéré dans des eaux si froides. L'escargot sans yeux découvert dans le sous-sol croate révèle une fois encore les originalités des formes du vivant. S'épanouissant dans les ténèbres totales à plus de 900 m sous terreterre, dans des grottes, il n'a pas besoin de voir pour survivre. La coquillecoquille de Zospeum tholussum est même complètement transparente, si bien que le corps de ce gastéropodegastéropode de moins de 2 mm de long est apparent.
À quoi peuvent bien servir des yeux dans le noir complet ? Un petit escargot croate survit très bien sans, à 900 m sous terre. Sa coquille ne contient même aucun pigment, laissant à la lumière apparaître son corps. © Jana Bedek
Les êtres microscopiques aussi figurent parmi la sélection des spécialistes. Comme ce champignon découvert par des Néerlandais et nommé PenicilliumPenicillium vanoranjei non du fait de sa couleur orange, mais en hommage au nouveau roi des Pays-Bas, Willem-Alexander, de la maison d'Orange. Ou bien ce protiste méditerranéen de 4 à 5 cm de long, Spiculosiphon oceana, particulièrement imposant pour un unicellulaire. Enfin, parlons aussi de ces bactériesbactéries extrêmophiles Tersicoccus phoenicis, retrouvées dans les salles normalement stériles dans lesquelles les vaisseaux spatiaux sont assemblés. Tolérant la sécheressesécheresse, l'exposition aux UVUV, une large gamme de pH et de températures, ces micro-organismesmicro-organismes font craindre aux scientifiques la contamination d’autres planètes lors d'expéditions au-delà de notre atmosphèreatmosphère.
La propension qu'a la vie de générer une grande diversité biologique n'a donc pas fini de nous surprendre. Il y a encore fort à parier que dans une année, à la même époque, d'autres curiosités de la nature figureront parmi la nouvelle liste des espèces découvertes en 2014 les plus originales.