Dans le contexte actuel de réchauffement climatique, et plus largement, de crise environnementale, les arbres ont un rôle à jouer. Et les scientifiques peuvent nous aider à maximiser les bénéfices que nous pouvons en tirer. L’exemple d’un projet mené à Houston le montre.
au sommaire
Planter des arbres est envisagé depuis quelque temps comme un moyen efficace pour limiter les effets du réchauffement climatique. Encore faut-il savoir où et quels arbres planter, préviennent depuis plus récemment les scientifiques. Et des chercheurs de l’université Rice (États-Unis) se sont posé ces questions. Ils ont conclu que pour la ville de Houston, par exemple, les chênes verts et les sycomores américains peuvent être considérés comme les meilleurs de 17 super-arbres susceptibles de contribuer à rendre l'environnement plus vivable.
Les chercheurs se sont attachés à identifier les arbres qui « fonctionneraient » le mieux dans la ville, tenant compte de leur capacité à absorber le dioxyde de carbone (CO2) et d'autres polluants, de leur tendance à boire de l'eau, de leur aptitude à stabiliser le paysage pendant les inondations ou encore à fournir une canopéecanopée pour atténuer la chaleurchaleur. Ils ont ensuite identifié les sites les plus appropriés à une plantation.
Pour ce faire, ils ont compté sur des données recueillies au cours de la dernière décennie. Des données de santé, de pollution, etc. Puis ils ont fait appel à des analyses statistiques pour créer des cartes montrant les endroits où des plantations de massemasse auraient le plus fort impact. Et pour faire le tri dans l'efficacité des arbres à absorber les polluants, à atténuer les inondations et à refroidir les îlots de chaleur urbains.
Une méthode transposable
C'est ainsi qu'ils ont mis au rebut la plupart des 54 espècesespèces indigènesindigènes. Pour n'en sélectionner que 17. Parmi eux, le chêne vert, extrêmement efficace à absorber les pollutions en tout genre. Le sycomore américain, quant à lui, excelle à contenir les inondations et à créer des zones d'ombre.
Tous les deux, ainsi que l'érable rouge et le chêne à feuilles de laurierlaurier s'avèrent intéressants en matièrematière d'élimination de la pollution à l'ozoneozone, aux oxydes d'azoteoxydes d'azote, au monoxyde de carbonemonoxyde de carbone, au dioxyde de soufresoufre ou encore aux particules finesparticules fines. Des composés qui peuvent avoir des effets graves sur la santé. Des crises d'asthmecrises d'asthme sévères, par exemple. Ou même des arrêts cardiaquesarrêts cardiaques.
Une fois ces cartes établies, les chercheurs se sont associés à la ville et à plusieurs partenaires locaux, pour planter plus de 15.000 super-arbres sur 14 sites. Notamment dans des secteurs de la ville plus touchés par la pollution ou les plus en besoin de contrôle des inondations ou de stockage de carbone.
Se basant sur cette expérience, les chercheurs proposent aujourd'hui une stratégie en trois axes transposable à d'autres villes. Objectif : déterminer quels arbres sont les bons à planter, identifier les endroits où la plantation aura le plus d'impact sur la santé et sur l'environnement et s'engager avec la communauté pour faire du projet de plantation une réalité.
« Il est aujourd'hui essentiel de relier les problématiques climatiques aux problématiques de santé publique. Notre projet prouve que l'engagement de personnes de divers secteurs peut conduire en la matière à des stratégies innovantes », conclut Loren Hopkins, spécialiste de l'analyse environnementale, dans un communiqué de l’université Rice.
Les arbres dans les villes : un intérêt non négligeable
Une étude de l'organisation à but non lucratif American Forests (Washington) montre qu'un déficit en arbres dans une zone urbaine peut être très coûteux pour la communauté.
Article de France-science paru le 13/10/2003
En effet, outre leur rôle non négligeable dans le contrôle de la pollution atmosphérique, les arbres régulent efficacement le ruissellement dû aux intempéries ; en leur absence, l'installation de systèmes d'évacuation devient donc indispensable. De même, l'ombre qu'ils apportent contribue à diminuer la température et ainsi à faire baisser la quantité d'électricité consommée par l'air conditionnéair conditionné.
Et pourtant, des données relevées par le satellite LandsatLandsat de 1985 à 1995 sur 448 agglomérations et plus récemment sur 40 de ces zones ont révélé une réduction de 10 à 17% du parc arboricolearboricole urbain au cours de la dernière décennie, soit 1,7 milliard d'arbres en moins. Ce déficit serait d'ailleurs plus proche des 21% selon American Forests qui tient compte du fait que, pendant toute cette période, les villes ont continué de s'étendre.
Des initiatives locales visant à prendre en compte l'intérêt économique des arbres dans la cité existent toutefois à travers le pays. San Antonio (Texas) vient ainsi de rejoindre Charlotte (Caroline du Nord) et San Diego (Californie) dans le club encore restreint des agglomérations ayant intégré les arbres dans leur schéma d'urbanisation, au même titre que d'autres infrastructures.