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Les chercheurs ont pu étudier avec précision les vocalises amoureuses des souris mâles et femelles, jusqu'à présent imperceptibles, grâce à un logiciel spécifique appelé Muse (de l'anglais, Mouse Ultrasonic Source Estimation qui signifie Estimation de la source d'ultrasons de souris). © Mark Bray, Flickr, CC by 2.0
Si elles ne chantent pas au sens littéral du terme, les souris femelles (Mus musculusMus musculus)) répondent oralement aux sons nuptiaux émis par les mâles en quête d'une partenaire sexuelle, rapporte une étude parue dans eLife.
Jusqu'à présent, les preuves que les deux sexes produisaient des vocalises étaient presque indiscernables. En effet, l'interaction n'est physiquement pas visible et encore moins audible ; les « mélodies » ou plutôt les vocalisations ultrasoniques se situant dans une gamme auditive de 35 à 125 kilohertz, soit en dehors de ce que perçoit l'oreille humaine, limitée à 20 kilohertz.
Les chercheurs ont donc dû créer un appareillage adapté pour mesurer ces phénomènes vocaux ainsi qu'un logiciellogiciel spécifique, appelé Muse, pour procéder à la collecte, à l'analyse et à l'interprétation de toutes sortes de sons et d'autres données auprès de quatre de ces rongeurs, deux mâles et deux femelles.
Les résultats montrent des interactions et des échanges vocaux accrus lorsqu'un mâle poursuit une femelle en période de reproduction. Si elle produit un son en retour, la femelle observée ralentit sa course, favorisant le contact avec le mâle et indiquant un état de réceptivité favorable. À l'inverse, si elle reste silencieuse, elle maintient sa vitessevitesse de déplacement.
Une souris femelle a des petits plus sains et plus nombreux si elle choisit son partenaire. La prochaine étude déterminera si les vocalises femelles varient selon l'identité du prétendant. © Fibius, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0
Mieux comprendre les troubles cérébraux
Avec une fiabilité pour repérer quel individu émet quel son estimée à 97 %, la technologie développée pour l'occasion ouvre de nouveaux champs exploratoires. « Nous ne faisons qu'effleurer la surface » des connaissances sur cette problématique, renchérit Joshua Neunuebel, neuroscientifique à l'université du Delaware, aux États-Unis, et auteur principal de la recherche.
Pour son équipe, ces « chansons » pourraient véhiculer des informations sociales importantes entre individus. D'autres études sont en cours. Par exemple, les femelles s'expriment-elles différemment lorsqu'elles sont associées avec un mâle qu'elles ont choisi plutôt qu'avec un qui leur a été attribué ?
En outre, de futurs travaux sur la communication et le comportement du « modèle souris » pourraient, à terme, faire progresser chez l'Homme la compréhension de certains troubles, comme l'autismeautisme, et celle d'autres déficits des circuits neuronaux du cerveaucerveau qui sous-tendent la communication sociale.