Nous devons réduire nos émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement climatique anthropique. Nous le savons tous. Mais avec la parution de son nouvel « Adaptation Gap Report », le programme pour l’environnement de l’Organisation des Nations unies (UNEP) nous rappelle aussi que nous ne pourrons pas nous passer de mettre en œuvre des mesures d’adaptation. Des mesures aujourd’hui jugées insuffisantes.
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Le terme anglophone d'« Emissions GapGap » est aujourd'hui malheureusement presque entré dans notre vocabulaire. Il désigne l'écart entre les besoins et les perspectives en matièrematière de réduction de nos émissionsémissions de gaz à effet de serre. Une notion importante à l'heure où les dirigeants de la planète sont réunis à Glasgow pour la 26e Conférence des parties signataires de la Convention-Cadre de l'Organisation des Nations unies sur les changements climatiques. La COP26 comme on l'appelle.
Le saviez-vous ?
La dernière version de l’« emissions gap », publiée fin octobre dernier, conclut que les nouveaux engagements des États — celles que l’on nomme les contributions déterminées au niveau national — et d’autres mesures d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre annoncées placent notre monde sur la voie d’un réchauffement climatique de 2,7 °C par rapport aux moyennes préindustrielles. Et ce, d’ici la fin de ce siècle. Un chiffre sans commune mesure avec l’objectif de 1,5 °C à 2 °C fixé par l’Accord de Paris.
Mais c'est aujourd'hui un autre « gap », un autre écart, que le Programme pour l'environnement de l'Organisation des Nations unies (UNEPUNEP) nous présente. Un « Adaptation Gap ». Un écart entre les besoins et les perspectives en matière d'adaptation aux changements climatiques. Qui est finalement peut-être tout aussi important à suivre que l'« emissions gap ».
Le rapport du Giec, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, publié au mois d'août dernier le rappelait : certains effets du réchauffement climatique sont en marche. De nombreuses régions commencent à subir ses conséquences de plein fouet. Des vagues de chaleurchaleur, des feux de forêt, des inondations, des sécheresses. Et même dans les scénarios les plus optimistes de réduction des émissions nettes à zéro, celles-ci devraient persister à court, voire à moyen terme. D'où l'importance de l'adaptation.
La COP26 se penche d'ailleurs également sur la question. L'idée : permettre aux pays les plus touchés notamment de protéger et de restaurer les écosystèmes, mais aussi, par exemple, de mettre en place des systèmes d'alerte aux populations ou encore de rendre leurs infrastructures plus résiliantes. Car « la tempête se prépare » et nous n'aurons d'autre choix que de l'affronter.
Des efforts insuffisants, mais des efforts tout de même
Dans son « Adaptation Gap Report » 2021, l'UNEP appelle à des efforts urgents pour augmenter à la fois le financement et la mise en œuvre d'actions destinées à s'adapter aux impacts croissants du réchauffement climatiqueréchauffement climatique. Les coûts d'adaptation estimés dans les pays en développement, par exemple, restent 5 à 10 fois supérieurs aux flux actuels de financement public. Pire, l'écart entre les besoins et les perspectives en matière d'adaptation se creuse. Aujourd'hui, l'UNEP estime à quelque 300 milliards de dollars les besoins par an d'ici 2030 et jusqu'à 500 milliards de dollars, les besoins par an d'ici 2050. Concernant les pays en développement uniquement.
Les pays n'ont pas non plus suffisamment profité des plans de relance qui ont fait suite à la crise du Covid-19 pour financer leur adaptation. En juin 2021, moins d'un tiers des 66 pays étudiés avaient explicitement financé des mesures destinées à faire face aux risques climatiques. Malgré une enveloppe budgétaire totale de relance estimée à quelque 16.700 milliards de dollars !
La bonne nouvelle, toutefois, c'est que malgré la crise sanitairecrise sanitaire, le nombre de pays ayant adopté au moins un instrument de planification de l'adaptation a augmenté de 7 % par rapport à 2020 pour atteindre les 79 %. Et 9 % des pays restants, travaillent actuellement à l'élaboration de plans d'adaptation. Entre 2010 et 2019, pas moins de 2.600 projets ont été financés dans le monde par les dix principaux donateurs.
« Nous avons besoin d'un changement radical dans notre ambition d'adaptation afin de réduire considérablement les dommages et les pertes dus au changement climatique. Et nous en avons besoin maintenant », conclut Inger Andersen, directrice exécutive du UNEP, dans un communiqué.