Depuis quelques années, plusieurs modèles ont tenté d’évaluer le coût économique du changement climatique. Mais selon des chercheurs, ils ont jusqu’alors négligé l’importance des effets de la variabilité des températures. Avec pour conséquence, une sous-estimation du coût de notre inaction climatique de plusieurs dizaines de milliards d’euros par an.


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    « Plusieurs centaines de millions d'euros. » C'est la somme que l'État français va débloquer pour reconstruire les villages des Alpes-Maritimes ravagés par le dernier épisode méditerranéen hors normes. Une somme colossale. Mais qui n'est rien comparée à ce que des chercheurs de l’université de Warwick, au Royaume-Uni, estiment que nous coûtera notre inaction climatique : entre 10.000 et 50.000 milliards de dollars au cours des 200 prochaines années ! Soit entre 50 et 250 milliards de dollars par an -- c'est-à-dire entre 40 et 210 milliards d'euros !

    « Lorsque nous provoquons le réchauffement d'un système comme le climat de la Terre, cela ne se produit pas en douceur et uniformément. Les changements de la température de la Terre se traduisent par des dommages économiques et notre travail estime les dommages économiques supplémentaires auxquels nous pouvons nous attendre en raison de ces fluctuations de la température moyenne mondiale en plus de la hausse progressive due à l'augmentation du CO2 dans l'atmosphère. » C'est ainsi que Sandra Chapman, chercheur à l'université Warwick explique, dans un communiqué, comment son équipe a conclu que les effets économiques du changement climatiquechangement climatique avaient jusqu'alors été sous-estimés.

    Les chercheurs ont pris en compte le coût des variations de température d’une année à l’autre — qui se lisent parfaitement sur ce graphique représentant les anomalies de température sur la France — en plus de la tendance générale à l’augmentation. © Météo France
    Les chercheurs ont pris en compte le coût des variations de température d’une année à l’autre — qui se lisent parfaitement sur ce graphique représentant les anomalies de température sur la France — en plus de la tendance générale à l’augmentation. © Météo France

    Limiter les émissions de CO2 et prendre des mesures d’adaptation

    « Pour éviter le pire, nous avons besoin, non seulement de limiter drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre, mais aussi d'un ensemble diversifié de réponses politiques. Des investissements plus importants dans l'adaptation et la résiliencerésilience», commente Raphael Calel, économiste. Selon lui, de tels investissements rapporteront bien plus que ce que l'on pensait.

    Parmi les suggestions des chercheurs :

    • une réorientation des approvisionnements alimentaires vers un modèle plus résilient et à faible impact, une agriculture plus durable, en somme ;
    • des investissements dans des infrastructures qui résisteront mieux aux futures conditions météorologiques extrêmes ;
    • la création de soutiens sociaux pour aider les millions de personnes qui seront déplacées de leurs foyers.

    Réchauffement climatique : l'inaction aura un coût élevé

    Lors du Climate Action Summit à l'ONU, les dirigeants du monde ont marqué par leur absence de plan pour atteindre la neutralité carboneneutralité carbone en 2050. Pourtant, les études sur le coût de l'inaction s'accumulent.

    Article de Éléonore SoléÉléonore Solé paru le 27/09/2019

    Le coût de l'inaction climatique est connu et pourtant les objectifs ne sont toujours pas en voie d'être atteints. © Oraziopuccio
    Le coût de l'inaction climatique est connu et pourtant les objectifs ne sont toujours pas en voie d'être atteints. © Oraziopuccio

    Lundi 23 septembre, les dirigeants du monde sont venus en chaussettes au sommet de l’ONU sur le climat. Ce sommet devait être « celui de l'action concrète » avait promis Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU. Il avait demandé aux présidents et Premiers ministres qui participaient des plans d'action pour réduire les émissions de carbone à zéro. À la place, ils sont arrivés avec zéro solution. Pourtant, Guterres l'affirme : « les solutions et technologies pour réduire de 70 % nos émissionsémissions existent déjà ».

    Mais le blocage se maintient. Le Royaume-Uni et la France, qui ont légiféré pour avoir une économie neutre en carbone en 2050, ont été alertés durant le Climate Action Summit : pour l'instant, ils n'atteindront pas l'objectif. En cause, la difficulté à intégrer des mesures écologiques d'ampleur dans les politiques économiques.

    Discours d'ouverture d'Antonio Guterres au Sommet sur le climat, à New York. © Cia Pak, UN Photo
    Discours d'ouverture d'Antonio Guterres au Sommet sur le climat, à New York. © Cia Pak, UN Photo

    L'inaction demeure, mais les nombres persistent

    Pour autant, l'inaction a un coût en espèces sonnantes et trébuchantes. Beaucoup d'espèces. En effet, d'après un rapport publié par la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge, si rien n'est fait d'ici 2030, il faudra au moins 20 milliards de dollars par an pour financer ne serait-ce que l'aide humanitaire aux victimes du dérèglement climatique.

    Et si en 2050, le climat se réchauffe de plus de 1,5 °C, les dégâts engendrés coûteraient quatre à cinq fois plus cher que les sommes à investir pour limiter ce réchauffement à 1,5 °C dès maintenant. Autrement dit, « cela représente un retour sur investissement d'au moins 4 pour 1 » assène Ove Hoegh-Guldberg, professeur à l'université du Queensland en Australie, et auteur de cette étude.