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Nephila jurassica est le plus gros fossile d'araignée jamais découvert. © Biology Letters
Le plus grand fossile d’araignée vient d'être découvert au village Daohugou en Chine par des scientifiques chinois, américains et anglais. Cet individu appartient aux « golden silk orb-weaver » (tisseuses de toiles circulaires à soie dorée), araignées réputées aujourd'hui encore pour leurs étonnantes et impressionnantes toiles couleurcouleur or, suffisamment grandes et solidessolides pour attraper de petits oiseaux et des chauves-souris.
L'araignée a été retrouvée dans de la roche volcanique, prise au piège dans une situation délicate comme le suggère son ventre dirigé vers le haut, ses pattes gauches sur la droite du fossile. Cet événement tragique pour l'animal s'est produit il y a 165 millions d'années, selon la datation du fossile. Malgré son âge, le gros arachnide est vraiment très bien préservé, au point que l'on distingue la présence de poils microscopiques sur ses pattes, d'après l'article paru dans la revue Biology Letters.
Les poils se distinguent très bien sur cet individu fossilisé. © Biology Letters
Des poils aux pattes
Grâce à la qualité de sa conservation, l’araignée a pu être classée dans la famille des Nephilidae (qui compte encore aujourd’hui 58 espèces) et parmi le genre des Nephila. Des caractéristiques ne trompent en effet pas chez cette araignée, ainsi judicieusement baptisée Nephila jurassica, comme les touffes de longues setae (des poils microscopiques, aussi appelés trichobothries lorsqu’ils sont longs) retrouvées au bout des tibias de l’animal, associées à sa grande taille.
Les poils (ou setae ou trichobothries) sont très visibles au niveau des tibia de l'araignée fossilisée. © Biology Letters
Les araignées tissaient déjà des toiles sur la Pangée
Si l'on se base sur ses congénères modernes, cette femelle devait avoir des courtisans bien plus petits qu'elle (environ un quart de sa taille, dû au dimorphisme sexueldimorphisme sexuel), qu'elle n'hésitait pas à croquer après l'accouplementaccouplement. Nephila jurassica n'est pourtant pas la plus grande araignée du monde. Des araignées actuelles (des mygales ou des tarentules) peuvent en effet atteindre 30 centimètres d'envergure !
Le fossile montre également la présence de filières (des appendices permettant la fabrication de la soie) de bonne taille, suggérant que les Nephila étaient déjà capables, il y a 160 millions d'années, de réaliser des toiles d’araignée impressionnantes.
Les araignées du genre Nephila (comme ici Nephila pilipes) construisent de grandes toiles en soie dorée. © Biology Letters
En ce qui concerne l'ancienneté, ce spécimen bat largement l'ex-plus ancien fossile de cette famille d'araignée, qui avait été daté de 34 millions d'années. Cette découverte repousse donc l'origine présumée du genre Nephila de 130 millions d'années (soit il y a au moins 165 millions d'années) mais aussi celle des Nephilidae ! Ces araignées vivaient donc sur la PangéePangée (le continent unique qui s'est divisé pour donner naissance aux continents actuels) et se sont probablement propagées avant sa division, puisqu'on les retrouve aujourd'hui sur la majorité des continents.