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Les mammifères se répartissent en trois grands groupes : les monotrèmes, qui pondent des œufs (comme l'ornithorynque), les marsupiaux dont les femelles ont une poche abdominale (tel le kangourou) et les placentaires, auquel nous appartenons. Les embryonsembryons de ce dernier taxon se développent intégralement dans l'utérusutérus de leur mère et sont nourris, comme leur nom l'indique, par l'intermédiaire d'un placenta. Ce groupe domine largement les autres, puisqu'il rassemble plus de 4.200 espèces (sur 5.100) allant de la musaraigne à la baleine bleuebaleine bleue et réparties dans le monde entier.
L'apparition des premiers placentaires pose question depuis de nombreuses années. Pour certains, ils se seraient développés après la crise biologique du Crétacé-Tertiairecrise biologique du Crétacé-Tertiaire qui vit disparaître les dinosauresdinosaures, voilà 65 millions d'années. Pour d'autres, ils auraient cohabité avec ces reptilesreptiles durant plus de 35 millions d'années, les placentaires étant apparus, selon deux études génétiquesgénétiques récentes, voilà environ 100 millions d'années. On aurait pu croire que le débat cesserait à la suite de la publication de ces travaux, mais il n'en est rien. Maureen O'Leary de l'université de Stony Brook (États-Unis) vient de jeter un nouveau pavé dans la mare.
En compagnie de 21 collègues, cette chercheuse vient de retracer l'arbrearbre évolutif des placentaires dans le journal Science. Plus de 4.500 caractères phénotypiques ont été passés en revue chez 86 espèces de mammifères, dont 40 sont éteintes, présentant des traits morphologiques, anatomiques (type et position des dents, par exemple) et physiologiques variables. Elles appartiennent aux principaux groupes des euthériens, un autre terme pour désigner les placentaires. Des comparaisons ont également été réalisées entre 27 gènesgènes communs à tous ces animaux. Ainsi, les euthériens seraient apparus moins de 400.000 ans après la disparition des dinosaures !
Ukhaatherium nessovi, un mammifère ressemblant à une musaraigne, a été découvert en 1994 dans le désert de Gobi. Il aurait vécu au Crétacé et était jusqu’à présent considéré comme un placentaire. Il s’agirait d’une erreur selon la nouvelle étude, qui souligne l’existence d’un os épipubique propre aux marsupiaux. © S. Goldberg et M. Novacek, AMNH
Portrait-robot de l’ancêtre des placentaires
Le plus vieil ancêtre des placentaires n'a pas encore été découvert, mais l'importance des données récoltées durant l'étude permet d'en dresser un portrait-robotrobot. Il devait ainsi être insectivoreinsectivore, arboricolearboricole, couvert de fourrure (y compris sur sa longue queue), ne mettre au monde qu'un seul jeune à la fois et peser entre 6 et 235 g. En comparaison, il ressemblerait à une petite musaraigne ou à un rat de taille moyenne. Son cerveaucerveau était complexe et possédait un lobe volumineux lui permettant d'interpréter au mieux les odeurs. Les hémisphères gauche et droit étaient en plus reliés par le corps calleux.
La disparition des dinosaures a été suivie, selon Maureen O'Leary, par un véritable Big BangBig Bang de la biodiversité des placentaires, puisque les dix principaux sous-groupes sont apparus en moins de 200.000 ans. Ces animaux ont très certainement cherché à tirer profit des nombreuses niches écologiques laissées vacantes par les reptiles.
Une autre surprise se cache parmi les résultats de l'étude. Il est depuis longtemps admis que les ancêtres des éléphants, de l'oryctérope ou encore des siréniens, c'est-à-dire des afrothériens, étaient originaires d'Afrique. Or, les nouvelles données les placeraient plutôt en Amérique du Sud. Il reste maintenant à déterminer comment ces animaux ont traversé l'Atlantique sud. En effet, au PaléocènePaléocène, après la crise d'extinction du Crétacé, l'Amérique du Sud et l'Afrique étaient déjà séparées par des milliers de kilomètres.