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Le 13 novembre 2013, l'iceberg B-31, d'environ 700 km2, se détache du glacier et s'apprête à une aventure sur l'océan (image du satellite Landsat 8). © Nasa, Earth Observatory
Le glacier de Pine Island, côté ouest du continent antarctique (par 100° de longitude O), continue de faire des siennes. Drainant des massesmasses de glace considérables, à la vitessevitesse actuelle de 4 km par an, c'est un puissant pourvoyeur d'icebergs, et il fait l'objet de nombreuses études. Depuis plusieurs mois, une longue fracture s'est formée sur la partie flottante et a fini par isoler une plaque de glace, baptisée B-31.
Les dernières photographiesphotographies prises par le satellite AquaAqua de la Nasa conduisent à des dimensions de 35 km par 20, soit 700 km2. « La taille de Singapour », « huit fois Manhattan », dit la presse anglophone. On pourrait ajouter « sept fois Paris » ou « six fois le golfe du Morbihan ». Malgré ces comparaisons spectaculaires, les dimensions ne sont pas exceptionnelles et, selon la NasaNasa, un iceberg de ce genre se forme tous les cinq ou six ans.
Le 28 octobre, l'extrémité du glacier de Pine Island se fracture : l'iceberg B-31 est en train de naître, repéré par le satellite Landsat 8. © Nasa, Earth Observatory
Un iceberg sous surveillance
On est loin des 6.400 km2 du célèbre B-15A, parti à la dérive en 2000 et venu buter contre la côte quelques années plus tard. Alors qu'il mesurait encore 3.000 km2, il a un temps bouché l'accès à la mer pour une colonie de manchots d'Adélie, avant de larguer de nouveau les amarres et de se briser en 2005 dans la mer de Ross.
B-31, lui, devrait se frayer un chemin vers la mer ouverte, et on ne sait pas prédire ses futures navigations. Plusieurs équipes sont mobilisées pour surveiller ce gros glaçon et étudier sa fontefonte et la manière dont il dérive. Un programme de six mois a été créé, avec les universités britanniques de Sheffield et de Southampton.
Selon Grant Bigg (département de géographie de l'université de Sheffield), l'iceberg pourrait rester près des côtes et fondre lentement dans le contre-courant longeant le continent antarctique (tournant dans le sens contraire des aiguilles d'une montre). Dans ce cas, explique-t-il, il y apportera une grande quantité d'eau douce qui, en diminuant la densité de la masse d'eau, réduira la vitesse de ce courant côtier.
Le 10 novembre, la fracture s'est élargie, comme en témoigne l'image du satellite Aqua (Nasa). L'iceberg B-31 est baptisé. © Nasa
L'iceberg pourrait aussi s'éloigner vers le nord et atteindre le grand courant circumpolaire antarctique circulant dans l'autre sens. L'eau douce injectée, plus légère, viendrait s'installer en surface, formant une langue mouvante d'eau moins salée qui pourrait être suivie. Une véritable expérience en grandeur nature pour les océanographes.
Ces scientifiques pourraient aussi faciliter la navigation en suivant précisément la fracturation inévitable de B-31, qui ne manquera pas d'essaimer de dangereux icebergs dans l'océan.