Le super-typhon Rai a ravagé les Philippines entre le 14 et le 18 décembre dernier, avec des vents qui ont dépassé les 250 km/h et une submersion massive des côtes. Le réchauffement des eaux du Pacifique et l'élévation du niveau des mers pourraient conduire à des phénomènes cycloniques beaucoup plus intenses, à l'image de Rai, d'ici 2050.


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    Le typhon de catégorie 5 (maximale) a provoqué la mort d'environ 400 personnes, mais des milliers d'autres sont encore portées disparues. Les îles de Bohol, Siargao, Dinagat et Mindanao ont été les plus touchées par la catastrophe. Il s'agit du 9e typhon de la saison cyclonique 2021, sur un nombre total de 10 à 20 répertoriés en moyenne chaque année sur le pays. En plus de sa violence, et du fait qu'il s'est affaibli pour se réactiver plusieurs fois en l'espace de quelques jours, le typhon Rai s'est produit assez tard dans la saison : même si des typhons peuvent se former quasiment n'importe quand dans l'année au large des Philippines, la majorité se produit de mi-juin à mi-septembre.

    Si la force des vents impressionne, ce sont les précipitations qui causent en général le plus de dégâts et de victimes

    Le pic d'activité des typhons, en nombre et intensité, se situe généralement en août. Il s'agit seulement du troisième typhon de catégorie 5 à se former dans la mer de Chine méridionale, les deux autres datant de 2014 (Rammasun) et 1954 (Pamela).

    Si la force des vents impressionne, ce sont les précipitations qui causent en général le plus de dégâts et de victimes, et cela pour tous les cyclones du monde (typhons et ouragansouragans). Les météorologuesmétéorologues estiment que 30 % des précipitations annuellesannuelles aux Philippines sont issues des typhons. Les phénomènes cycloniques sont responsables d'un tiers du nombre total de victimes des catastrophes climatiques dans le monde depuis 50 ans selon l'Organisation météorologique mondiale.

    L'impact du typhon Rai sur les Philippines le 17 décembre. © Nasa
    L'impact du typhon Rai sur les Philippines le 17 décembre. © Nasa

    Chaleur, humidité, niveau des mers : les ingrédients des typhons

    Ces dernières années, un lien probable a été démontré entre une augmentation de la températures à la surface des océans et des phénomènes cycloniques plus forts. Même si tous les secrets n'ont pas été percés quant au lien entre l'évolution climatique et l'intensité des cyclones, les dernières études s'accordent sur les même projections : une eau plus chaude donne plus d'énergieénergie aux typhons pour s'intensifier, mais pas forcément pour se multiplier. On se dirige donc vers des phénomènes cycloniques plus intenses (catégorie 4 et 5), mais pas forcément plus nombreux.

    Certains climatologuesclimatologues pensent même qu'il pourrait y avoir moins de phénomènes cycloniques dans le futur, mais beaucoup plus intenses. Associé à une population humaine en augmentation et à davantage de constructionsconstructions sur les côtes, l'impact des typhons et ouragans plus intenses s'annonce dévastateur dans le futur. Plus de chaleurchaleur dans l'atmosphèreatmosphère conduit également à des précipitations plus intenses et ces deux ingrédients météométéo -- chaleur et humidité -- nourrissent à leur tour les cyclones, en leur fournissant le carburant nécessaire pour s'intensifier. Et en s'intensifiant, les cyclones génèrent alors encore plus de précipitations, un véritable cercle vicieux ! 

    Mais la chaleur des océans et l'humidité de l'atmosphère ne sont pas les seuls facteurs inquiétants à prendre en compte. En effet, l'augmentation du niveau des mers est le paramètre le plus déterminant dans la capacité destructrice des typhons. Un niveau de l'eau plus élevé conduit inévitablement à une plus grande submersion des côtes, une conséquence bien plus grave que celle provoquée par la force des vents.         

    D'autres facteurs climatiques, comme la circulation des courants atmosphériques, influencent également le développement des phénomènes cycloniques. Les conséquences de certains autres phénomènes climatiques, qui entraînent le développement de ces cyclones, sont même contradictoires avec les conclusions actuelles sur l'intensité des cyclones. Voilà pourquoi il est très difficile d'effectuer des prévisions précises et fiables sur l'évolution et la dangerosité de ces phénomènes dans le futur.   

    Des typhons et ouragans beaucoup plus violents à partir de 2050

    Au cours des 30 dernières années, marquées par une accélération du réchauffement climatiqueréchauffement climatique, les climatologues ont tout de même enregistré une augmentation de l'intensité moyenne des cyclones : selon Climate Signals, les phénomènes cycloniques sont plus puissants de 2 km/h en moyenne qu'il y a 30 ans. De même, une fois formés, les phénomènes cycloniques atteignent plus rapidement la catégorie 3 qu'il y a 25 ans : 9 heures plus tôt en moyenne, et même une journée plus tôt en ce qui concerne les ouragans au large de l'Amérique du Nord.

    Selon le professeur Kerry Manuel de l'Université du Massachusetts Institute of Technology (MIT, USA), l'intensification des phénomènes cycloniques, liée au changement climatique, ne sera réellement visible qu'à partir de 2050. Les super-typhons que nous connaissons actuellement ne seraient que de faibles indices, presque anecdotiques à l'échelle du climatclimat, comparés aux projections d'ici 30 ans. Si l'évolution climatique semble irréversible jusqu'à 2050, il est nécessaire de développer des moyens d'adaptation qui passent par un changement radical au niveau de l'urbanisation des zones côtières.  

    Il y a quelques jours, la Chine a justement lancé un groupe de recherche sur les typhons de l'Asie et du Pacifique (Asia Pacifique Typhoon Collaborative Research Center) à Shanghai, afin de mieux anticiper les typhons du futur et leurs conséquences.