Si le Groenland et une partie du Canada se sont nettement réchauffés ces dernières années, c'est en partie à cause d'une élévation de température... dans l'océan Pacifique. Le réchauffement global de la planète n'y a contribué que pour moitié. C'est la conclusion d'une équipe qui a étudié les aspects régionaux des variations du climat.

au sommaire


    Le glacier Helleim, photographié par Shfaqat Abbas Khan, de l'institut national de l’espace du Danemark, descend, comme d'autres, de l'inlandsis vers la mer, transportant son eau douce. © Shfaqat Abbas Khan

    Le glacier Helleim, photographié par Shfaqat Abbas Khan, de l'institut national de l’espace du Danemark, descend, comme d'autres, de l'inlandsis vers la mer, transportant son eau douce. © Shfaqat Abbas Khan

    Depuis plusieurs années, les scientifiques notent des fontesfontes exceptionnelles de l'inlandsis groenlandais. Les indices en sont le maintien d'eau liquide en surface et la vitesse d’écoulement de certains glaciers, mais aussi les températures. Le changement climatique global en est-il la cause, ou bien faut-il incriminer des variations régionales ? La zone s'est réchauffée bien plus vite que la planète. Le Groenland et la partie est du Canada ont en effet connu une hausse de 1 °C par décennie depuis les années 1980.

    La question est difficile à trancher, car les relations entre changement planétaire et variations locales sont très mal connues. En 2013, une équipe faisait de ces phénomènes variables les responsables de l'accélération de la fonte des glaciers groenlandais en 2012. Le forçage principal causant l'apparition de glace de surface au Groenland, expliquaient les chercheurs, est « lié à des changements durant l'été de l'oscillation nord-atlantique (NAO), de l'indice de blocage du Groenland [le GBI, qui caractérise le système de hautes pressionspressions centrées sur le Groenland, NDLRNDLR] et le courant-jet polaire qui a favorisé l'advection d'airair chaud le long de la côte ouest ».

    Le front du glacier groenlandais Jakobshavn Isbræ. En 2012, il a reculé de 1 km et autant en 2013. D’ici la fin du siècle, les scientifiques s’attendent à un recul total de 50 km. © <em>Nasa Goddard Photo and Video</em>, Flickr, cc by 2.0

    Le front du glacier groenlandais Jakobshavn Isbræ. En 2012, il a reculé de 1 km et autant en 2013. D’ici la fin du siècle, les scientifiques s’attendent à un recul total de 50 km. © Nasa Goddard Photo and Video, Flickr, cc by 2.0

    Réchauffement global et variabilités régionales

    Une autre équipe, de l'université de Washington aux États-Unis, vient de publier sur la base de modélisationsmodélisations et d'observations des résultats quantitatifs dans la revue Nature. Selon eux, la part du réchauffement global sur l'élévation de température au Groenland et à l'est du Canada est d'environ 50 %. L'autre moitié serait due à des eaux de surface plus chaudes dans l'océan Pacifique ouest en région tropicale. Depuis le milieu des années 1990, les eaux aux alentours de la Papouasie-Nouvelle-Guinée restent plus chaudes de 0,3 °C qu'auparavant. Les modèles montrent que cet échauffement produit dans l'atmosphèreatmosphère une onde stationnaire qui s'étale en un grand cercle jusqu'au Groenland. Sur cet arc, des zones s'échauffent là où l'air descend et d'autres se refroidissent là où il monte. Résultat : une augmentation de 0,5 °C par décennie depuis 1979 entre l'ArctiqueArctique canadien et le Groenland.

    Pourquoi les eaux du Pacifique ouest sont-elles plus chaudes ? On ne sait pas, répondent les auteurs de l'étude, qui soulignent l'importance de ces facteurs difficilement prédictibles sur le climatclimat. « Nous devons comprendre pourquoi le réchauffement climatiqueréchauffement climatique n'est pas uniforme depuis 30 ans, conclut l'un d'eux, Qinghua Ding, dans un communiqué de l'université de Washington. Surimposées au changement global, des caractéristiques régionales doivent être expliquées. »