Un écologue américain, Mark Urban, a estimé l’influence de la hausse des températures sur les risques d’extinction pesant sur la faune et la flore. Résultat : un réchauffement de 2 °C entraînerait un risque de disparition pour 5,2 % des espèces. 16 % d'entre elles seraient concernées si l'augmentation est de 4,3 °C. Le phénomène affecterait tous les taxons et non pas uniquement certains groupes, comme on le pense généralement.

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    Les manchots empereurs (Aptenodytes forsteri) subissent indirectement les effets du réchauffement climatique par la réduction des surfaces de glace entourant leur continent. Bien d'autres espèces seraient affectées d'une manière ou d'une autre. © Sandwichgirl, Flickr, CC by-nc-nd 2.0

    Les manchots empereurs (Aptenodytes forsteri) subissent indirectement les effets du réchauffement climatique par la réduction des surfaces de glace entourant leur continent. Bien d'autres espèces seraient affectées d'une manière ou d'une autre. © Sandwichgirl, Flickr, CC by-nc-nd 2.0

    Le changement climatique rapide que la Terre connaît actuellement favorise la disparition de certaines espèces. Le fait est connu mais très difficilement chiffrable car les paramètres sont nombreux (mode de vie, capacité à migrer, etc.)) et souvent mal connus. Comme le rapporte Mark Urban, dans un article de Science, les études actuelles évaluent la perte de biodiversité due au réchauffement entre... 0 % et 54 %.

    Ce sont justement ces études antérieures qu'a analysées cet écologue de l'université du Connecticut (UConn), aux États-Unis, ne retenant que celles prenant en compte plusieurs espèces, et non une seule. Sur les 131 travaux ainsi sélectionnés, il a analysé les résultats en donnant davantage de poids statistique à celles considérant un plus grand nombre d'espèces. Il a également effectué des comparaisons en fonction des similitudes ou des différences entre les milieux.

    Il explique par exemple, dans le communiqué de presse de l'UConn, que les risques d’extinction sont bien plus élevés en Amérique du Sud, en Australie et en Nouvelle-Zélande, parce que l'on y trouve de nombreuses espèces endémiquesendémiques et parce que les possibilités de migration sont faibles ou nulles. Or, 60 % des études concernent ces grandes régions.

    Le vautour percnoptère (<em>Neophron percnopterus</em>), qui vit en Afrique, en Europe et en Asie, est en danger, surtout en Europe. © Bernard Castelein, naturepl.com, Photo fournie par ARKive

    Le vautour percnoptère (Neophron percnopterus), qui vit en Afrique, en Europe et en Asie, est en danger, surtout en Europe. © Bernard Castelein, naturepl.com, Photo fournie par ARKive

    Des écosystèmes entiers seront perturbés

    Le résultat de cette méta-analyseméta-analyse conduit à chiffrer le phénomène. Le réchauffement actuel de 0,9 °C par rapport à l'ère préindustrielle pousse 2,8 % des espèces vers un risque d’extinction, une valeur montant à 5,2 % pour une élévation de température de 2 °C. Si le réchauffement atteint 4,3 °C en 2100, ce qui est possible s'il se poursuit au rythme actuel, une espèce sur six (16 %) serait menacée, conclut Mark Urban.

    Son étude indique également que cette influence est la même pour tous les groupes taxonomiques. Le réchauffement les affecterait donc tous et pas uniquement certains d'entre eux, comme on le pensait jusqu'ici. De plus, des espèces qui ne seraient pas conduites à l'extinction seraient aussi touchées, ce qui se manifesterait sur leurs aires de répartition ou leurs interactions avec l'environnement. L'auteur en déduit que les effets du changement climatique sur la biodiversitébiodiversité restent difficile à prédire précisément mais qu'ils pourraient être importants et problématiques.